Félix Pyat. Contre la présidence, et autres pamphlets. Outre le talent, les écrits du Vierzonnais Félix Pyat (1810-1889) témoignent de sa constance révolutionnaire. Dès 1848 il prend position clairement contre la présidence de la République à l'Assemblée nationale. Il défendra le même point de vue en 1888 à la Chambre des députés. De manière constante et résolue, avec une remarquable verve de pamphlétaire, il lutte contre toute expression d'un pouvoir personnel, qu'il soit héréditaire (de droit divin), constitutionnel (type Monarchie de juillet), élu (suffrage universel) ou issu d'un coup d'État (dictature bonapartiste) !.
Selon lui, en République, le peuple, qui seul est souverain, ne doit pas déléguer son pouvoir à un président qui ne ferait qu'en abuser. Karl Marx rendit hommage à Pyat pour avoir dénoncé "avec férocité le manque de courage dont fait montre la classe littéraire". C'était en 1858. Cela semble plus que jamais d'actualité !
Victor Hugo et d’autres grands hommes sont toujours cités au titre d'adversaires irréductibles du Second Empire, alors que l'opposition farouche de Félix Pyat au régime de Napoléon III est passée sous silence. On ne prend pas non plus en considération sa trajectoire politique, sa fidélité aux principes révolutionnaires, de 1848 à la Commune de Paris en 1871.
Guy Sabatier a déjà souligné l’importance des mélodrames sociaux de Pyat sous la Monarchie de Juillet dans la préparation des esprits à la Révolution de 1848. Non seulement l'auteur du Chiffonnier de Paris fut à la fois un précurseur et un dramaturge à succès durant l’époque du boulevard du Crime, mais il incarnait aussi, depuis 1830, toute l’ardeur révolutionnaire du journalisme républicain qui subissait les foudres de la censure (que ce soit dans Le Réformateur, La Réforme, La Revue du progrès, Le Journal du peuple).
On attend qu’enfin une biographie exhaustive de Pyat soit publiée et que ses œuvres soient portées à la connaissance du public. Pourquoi cet homme à la vie engagée dans le théâtre, le journalisme et la politique demeure-t-il méconnu, est-ce par ignorance, par discrédit littéraire, ou encore par la mise sous éteignoir d’un communard ? En attendant, je vous souhaite de lire et de savourer “Contre la présidence” et les autres écrits pamphlétaires de Félix Pyat.
> Contre la présidence et autres écrits pamphlétaires. Félix Pyat. Édition établie et introduite par Guy Sabatier aux éditions Non lieu. Un livre broché de 128 pages. Format 13 x 21 centimètres. Prix 12 euros. En vente à La Poterne 41 rue Moyenne à Bourges et dans les bonnes librairies.