Les nouvelles histoires de Berlaudiot.
La Huguette s’est absentée pour l’anniversaire de sa mère. Elle a fait une longue liste de commissions que Berlaudiot doit rapporter avant son retour. A la caisse de Fauprix, le super marché de Mareuil sur Clavière, il patiente pour payer. Normal, il a choisi de faire la queue là où se trouve une caissière bin jeune et bin jolie.
Berlaudiot prend un sac en plastique pour ranger ses achats.
Mais au moment de l’addition, v’la caissière qui s’met à l’languer :
Un sac en plastique, c’est pas écologique ça ! Votre génération n’a rien compris à l’écologie. C’est nous les jeunes qui devons payer alors que c’est vous qui, avez gaspillé toutes les ressources !
Berlaudiot s’excuse auprès de la caissière :
J’suis désolé, y avait point d’écologie d’mon temps et j’les connaissions point, vos r’sources.
Alors que tout ahonti, il quitte le magasin, la caissière en rajoute une couche :
Ce sont des gens comme vous qui ont épuisé la terre à nos dépens. C’est vrai ça, vous vous fichez bien de la protection de l’environnement !
Pour le coup, ça énerve Berlaudiot, il revient vers elle et lui répond.
J’eum’ souviens que d’mon temps, on rendait les bouteilles de lait, les bouteilles eud’ limonade dans yeux boutiqu’, pi à les les renvoyaient dans yeux usin’ pour êt’ lavées, et remplies à nouviau. Des foués on les lavait mêm’ ceux bouteilles, avant d’aller aux commissions !
De c’temps là, les bouteilles al’taient r’cyclées, mais dame, j’connaissais point l’écologie !
De c’temps là, j’prenait pas l’auto à chaque foué qu’y fallait s’déplacer, et pi j’montait yeux escaliers à pied. Et j’marchais jusqu’à l’épicerie, jusqu’à la mairie et au bistrot aussi.
Mais, dame c’est vrai, j’connaissais point l’écologie.
À l’époque, la Huguette a lavait les couches du bébé anc’ du savon d’Marseille, à connaissait point les couches jetab’ ni les lingett’. A f’sait sécher ses affutiaux dihors sur eun’ cord’ à linge; pas dans eun’ machine à trois mille watts à l’heure. On s’sarvait du soleil pour sécher tout l’lingeon.
Et pi, les vêt’ments y passaient d’un frée ou d’une soeur à l’aut’.
Mais, dame c’est vrai, on connaissait point le r’cyclage ni l’écologie.
De c’temps là, on n’avait qu’une télé ou une radio pour tout’ la maison ; pas une télé dans chaque chamb’. Et la télé al’ avait un ch’tit écran d’la taille d’une boîte à froumage, pas d’la taille d’un barriau !
Dans la cuisine, on épluchait, on coupait, on f’sait tout à la main, on avait point tous ceux gadgets électriqu’ qui bouffent des watts autant coum’ autant.
Quand on f’sait un colis pour la poste, on utilisait du papier journal dans des cartons qu’avaient d’jà sarvi, pas des feuilles de bulles en plastiqu’.
De c’temps là, on utilisait les bras et pi la faux pour tond’ eul’ jardin ; on avait point des tondeuses à essence ou bin électriqu’.
Mais, dame à c’t’heure c’est vrai, on connaissait point l’écologie.
De c’temps là, on tirait d’l’iau à la pomp’ quand on avait souéf’ ; on ach’tait pas des bouteilles en plastiqu’ à jeter à chaque foué qu’on voulait d’ l’iau.
Et pi on l’tait tel’ment ch’tits qu’on remplaçait yeux lames de rasoir au lieu d’les j’ter.
Mais, dame c’est vrai, on connaissait point l’écologie..
À l’époque, les gamins y z’allaient à pied ou à vélo à l’école, y z’y allaient pas pas en auto. Y remplissaient yeux estylos dans eun’ bouteille d’enc’ au lieu d’les j’ter. Y gardaient l’mêm’ cartab’ en cuir plusieurs années (on yeux ach’tait pas un cartab’ en plastiqu’ à j’ter tous les ans), les cahiers, les crayons, les gomm’ et aut’ machins, y duraient jusqu’au bout d’l’usure.
Mais, dame c’est vrai, on connaissait point l’écologie, de c’temps là.
À la maison y avait qu’eun’ prise de courant par pièce, pas eun batt’rie d’multi-prises pour toute yeux bazars d’machines électriqu’ et pi electroniqu’ qui marchent à l’électricité atomiqu’ !
> Bon, allez, j’ai bin compris, au r’vouér. D’main, j’teul’ rapport’ ton sac en plastiqu’ !
> Si le sens d’un mot vous échappe, vous le trouverez dans le Glossaire du parler berrichon. >>> Lien.