Les nouvelles histoires de Berlaudiot.
Pour arrondir ses fins de mois, Berlaudiot travaille de temps en temps comme livreur pour Antoine Massicot (un malin qu'aurait écorché un sou pour avoir sa piau), qui tient le bazar quincaillerie de La Charnivolle.
Un jour, Massicot lui demande de l'accompagner à la maison du notaire pour livrer une lourde caisse contenant un service de table de cent soixante quatre pièces en porcelaine de Mehun. Comme Berlaudiot demande quelle sera la paye, Antoine Massicot lui répond :
"Acoute bin, Berlaudiot j'ons tout déposé à la banque Hervet et il nem' reste pus d'argent à c't'heure. J'te paierai à la fin d'la s'maine, quand j'aurai encaissé la r'cette. En attendant, pour t'encourager, j'te dirai trois secrets en cours de route".
Un peu sceptique, Berlaudiot charge tout de même la caisse sur son dos. Passé la place de la mairie, il s'arrête pour souffler ; dame, la caisse al' est bin lourde. Il demande au quincailler de lui dire le premier secret.
D'accord, dit l'Antoine : "Si quelqu'un te dit que cinq et cinq font neuf, surtout ne l'crois pas".
Dépité, Berlaudiot reboule des yeux comme un chavon, mais comme il est un peu reposé, il reprend son chemin. Passé le bistrot de la Zézette il s'arrête de nouveau. Et il dit à Massicot qu'il ne fera pas un pas de plus s'il n'entend pas le deuxième secret, ou si son client ne lui paye pas un coup.
D'accord, dit l'Antoine : "Si quelqu'un te dit qu'la terre est un aliment nourrissant et plein d'vitamines, surtout ne l'crois pas".
Fort déçu Berlaudiot repart tout de même. Il arrive tout acni devant la maison du notaire, suivi par le quincailler. Et Berlaudiot demande à connaître le troisième secret.
"Si quelqu'un te dit que j'tiens toujours mes promesses, surtout ne l'crois pas" !
Bardada ! Berlaudiot laisse tomber la caisse qui s'écrase par terre à grand fracas, avec des gling gling de vaisselle cassée. Et ça résonne fort, ça résonne partout dans La Charnivolle.
"Acoute moué donc Antoine, en pour de tes trois secrets j'vas t'en dire un à mon tour : si quelqu'un te dit qu'tes assiettes a sont toutes cassées, tu peux l'croire" !
En tombant, la caisse a fait tant de bruit que tout le village l'a entendu. Et, depuis ce jour, les gamins de La Charnivolle crient “gling gling" chaque fois qu'ils passent devant la boutique à Massicot.
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