Les nouvelles histoires de Berlaudiot.
Ce soir là, il y'a aune grande conversation chez la Zézette. Julien Testard le boulanger (dit la belette), Émile Turpin le boucher (dit rapoilu), Antoine Bedouillat - le fils à l’Amélie Bedouillat (dit nez d’chat), sont entrain de r’met’ l’église sur la place de La Charnivolle, et Berlaudiot les écoute refaire le monde.
Et le monde ne tourne pas rond. La preuve : Émile Turpin a l’moral dans les sabiots parce que son fils ne fiche rien à l’école.
Et chacun y va de son couplet sur la réforme de l’enseignement, du niveau qui baisse, qui baisse, et pi d’la méthode globale qu’on sait mêm’ pas c’que ça veut dire…
Berlaudiot, qui n’a pas démaçonné jusque là, veut participer au jaspinage, lui aussi a queuqu’chose à dire. Alors il crie bien fort :
L’institutrice a m’a dit qui yeu font passer l’test du conscient intellectuel pour savouér si ça vaut l’coup d’les envoyer passer l’bachot !
Berlaudiot, t’es adroit d’la cervelle coum’ un cochon d’sa queue, on dit pas conscient intellectuel, c’est quotient intellectuel qu’on dit ! s’exclame Antoine Bedouillat, qui aime bien châgner Berlaudiot.
Un peu fichumassé, Berlaudiot s’emporte :
Dis moué donc Antoine, si t’es si malin comment qu’tu sais quand ton gamin il est capab’ d’aller passer l’bachot ? Y va ti sarvi’ à queuqu’ chose son conscient intellectuel ?
Dame, j’en sais rin, Berlaudiot…
Bien, dit Berlaudiot, j’vas t’espliquer. Tu remplis eun' baignoire anc’ eud’ l’iau, ensuite tu donnes eun’ ch’tit’ cuillère, eun’ tasse à café et pi un siau, à ton gamin, et y doit choisir ç’ui là qu'y veux pour vider c’te baignoire.
Ah, dit Bedouillat, j’comprends : s’il a pas l’cervau plein d’fromage mou, y prendra le seau pasque c'est plus grand que la cuillère ou la tasse à café.
Bin non ! répond Berlaudiot. Si ton gamin il a l’conscient intellectuel pour aller passer l’bachot, c’est qu’il aura enl’vé le bouchon de la baignoire !!!.
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