C’est l’effervescence au café de la Zézette Descloux. Les gars du village en ont tous après le Crédit rural et toutes les banques, tant qu’on y est ! Les banques rendent de moins en moins de services, elles laissent leurs clients se débrouiller seuls ! Y a plus personne au guichet ! Elles font payer les clients en inventant chaque jour un nouveau prétexte ! Au train où ça va, faudra bientôt y faire le ménage ! C’est ti pas un monde, ça ! Quand même !
Depuis l’temps qui z’en causent chez la Zézette, les gars de La Charnivolle disent qu’y faut qu’ça change ! Et Berlaudiot, jamais à court d’idées, leur dit qu’il en a une…(d’idée).
Quand le directeur du Crédit Rural, Émilien Champault (dit Émillions), ira acheter son traditionnel rosbif du jeudi à la boucherie d’Émile Turpin (dit Rapoilu), voila ce qu’il faudra faire…. Et il chuchote ses instructions à Émile.
Le jour du rosbif, la fine équipe guette l’arrivée de Champault dans la boutique puis se met en mouciau devant la vitrine (y en a même qui sont gueuchés su’ un arb’) pour observer le déroulement de la malice à Berlaudiot.
D'abord, Émile fait siéser le banquier sur une chaise une trentaine de minutes histoire de patienter.
Après qu’il ait mijoté un peu, Émile demande à Émillions le motif de sa visite.
Bin, mon rosbif du jeudi, c’te question !
Émile lui répond que maintenant, la boucherie ne vend des rosbifs que le vendredi.
Alors Émilien Champault demande des saucisses, mais le boucher lui répond qu’il n’en sert que de 8 heures 30 à 10 heures et uniquement le mardi et le samedi.
Bon, tant pis, dit Champault. Je vais commander un poulet coupé en quatre pour dimanche.
Rapoilu lui tend un poulet, un couteau et des ciseaux et lui annonce que désormais les clients doivent couper leur poulet eux-mêmes.
Pas content, le banquier répond qu'il ne sait pas faire ça et que c’est le travail du boucher. Enfin, tout d’même !
Comme c'est la première fois, j’m’en vas t’aider répond Turpin. Mais maintenant, ici, les clients préparent eux mêmes les poulets. C’est très facile : les instructions sont disponibles en vidéo sur le site web et sur l'App mobile de la boucherie Turpin.com.
Sous le coup de l’émotion, Champault se rassied et exige des explications sur tous ces changements qu’on dirait inventés par un bedouillon. Enfin, c’est pas possib’ !!!
Le boucher lui répond que s'il ne demande pas de rendez-vous, il pourra pas, vu son emploi du temps, lui accorder un entretien.
Finalement, Champault, très vexé décide d’emporter le poulet de suite. Turpin l’emballe et lui donne le ticket où il a facturé une commission de service pour la coupe de la volaille.
Puis il ajoute avec un grand sourire : Acoute moué bin, Champault, j’viens d’créer la promotion “Côtelette super gold plus” à condition que l’client ouvre un compte de fidélité et souscrive un abonnement de deux côtelettes super gold tous les 15 jours. T’en veux ti un, de compte ?
Quand il sort de la boutique, Champault doit traverser la haie d’honneur que lui font les gars de La Charnivolle hilares. Puis ils s’en vont tous arroser ça chez la Zézette après avoir félicité Berlaudiot.
Eh bin les gars, dit Berlaudiot en prenant l’air modeste, j’ai seument r’copié l’prospectus du Crédit Rural ! Tout était écrit d’sus !