Ne croyez pas que je fais un détour inutile avec cette citation qui date de l'an dernier... "Seule la société Vitagri a obtenu une dérogation annuelle par voie d’arrêté préfectoral en date du 14 juin 2012. Les motifs de la demande, les produits utilisés (sous réserve qu’ils aient bien été autorisés spécifiquement au moment de la déclaration préalable de chantier) et les organismes nuisibles et les cultures visées sont conformes aux exigences réglementaires. Par ailleurs, l’urgence a traiter la vigne est caractérisée. Dès lors, je ne peux que confirmer les dispositions de mon arrêté du 14 juin 2012 concernant la société S.A. Vitagri" (Nicolas Quillet, Préfet du Cher, courrier du 10 juillet 2013 à l'Association de veille environnementale du Cher).
Encore une fois la Préfecture du Cher a montré un talent de sprinter rattrapant les trains en retard. Qu'il s'agisse des boues du Siaap ou de l'épandage de pesticides, les Préfets successifs (qu'il s'agisse de Catherine Delmas-Comolli ou Nicolas Quillet), décident selon "les exigences réglementaires" en pensant qu'elle suffisent à protéger la population du département (et accessoirement les cadres de l'État) du danger des pesticides. Ce qui ne fait rien contre ces produits chimiques (qui sont des poisons - rappelons le), ou les conséquences environnementales de l'accumulation des boues de la région parisienne.
Mais voila une information qui devrait troubler le Préfet.... Une enquête publiée mardi 19 février par l'association "Générations futures" démontre, par des analyses capillaires, la présence de pesticides dans l'organisme des travailleurs viticoles, mais aussi chez les riverains vivant au coeur ou à proximité des vignes bordelaises. Le projet était de comparer le taux d'exposition de quinze travailleurs viticoles avec dix employés non viticoles, dont cinq riverains des vignes, et cinq autres témoins vivant loin des vignobles de Listrac Médoc. Le résultat de l'enquête dénommée Apache (Analyse de Pesticides Agricoles dans les cheveux) révèle une présence de pesticides plus élevée chez les salariés viticoles et les riverains vivant au coeur des vignes. Les vaisseaux sanguins, irriguant la racine, véhiculent les polluants auxquels l'organisme a été exposé et les fixent dans la structure capillaire.
Et voila ce que l’on pouvait craindre :
Il y a onze fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les travailleurs viticoles que chez les non professionnels habitant loin de vignes (6,6 pesticides en moyenne contre 0.6) !
Quatre des quinze travailleurs viticoles étaient contaminés par dix pesticides différents !
Il y a cinq fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les non-professionnels de la vigne habitant près des vignes que chez ceux habitant loin des vignes (trois résidus de pesticides en moyenne trouvés chez les premiers contre 0,6 pour les seconds).
74 % des pesticides autorisés par les "exigences réglementaires" sur vigne (et recherchés par l'enquête), ont été retrouvés au moins une fois chez les personnes testées !
Un produit interdit, le diuron, a été retrouvé chez un professionnel.
Plus de 45% des molécules retrouvées sont classées cancérigènes possibles en Europe ou aux USA !
Plus de 36% des molécules retrouvées sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens (PE).
Selon Vincent Peynet, du laboratoire Kuduzyu Science qui a réalisé les tests, l’analyse des cheveux est probante. "Cette technique est utilisée en médecine légale pour la recherche de consommation de stupéfiants ou d’alcool. Quand on a des traces de pesticides dans les cheveux, cela veut dire qu’ils sont passés à un moment ou un autre par l’organisme".
"Notre enquête a ses limites compte tenu du nombre restreint de volontaires testés et demande à être confirmée par d’autres études scientifiques. Néanmoins, on a toutes les raisons de croire qu’elle est représentative de l’exposition des salariés viticoles et des proches riverains et que ce serait pareil dans une autre région. Quand on baigne dans une soupe de perturbateurs endocriniens pendant vingt à trente ans comme c’est le cas pour les agriculteurs et les viticulteurs, on a plus de risques que les autres. Il est urgent de retirer les produits à risques du marché qui sont considérés cancérigènes possibles sur l’animal et de développer des alternatives aux pesticides. Qu’est-ce qu’on attend ?" a déclaré François Veillerette, porte parole de Générations futures. Et il a ajouté "le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, doit prendre le taureau par les cornes".
> Difficile désormais de croire que les "exigences réglementaires" sont un contre poison efficace pour ceux qui travaillent dans les vignobles de la région, ou habitent à côté. La balle est dans le camp de la Préfecture.
Elle est aussi dans le camp de Stéphane Le Foll. Saura-t-il résister aux pressions que le lobby de l'agro business exerce sur le ministère de l'Agriculture ? L'avidité des industriels de la chimie pour de l'argent facilement gagné, contre la santé des citoyens. Il faut choisir.
> Sources : Viva Presse. >>> Lien.
Générations futures. >>> Lien.
> Lire dans gilblog : Le blog des pesticides. >>> Lien.