Au printemps 2012, l'Association de veille environnementale du Cher alertait les habitants du département sur les dangers des épandages aériens de pesticides, et les appelait à prendre connaissance des dossiers de la consultation publique et à y inscrire leurs remarques. L'Avec écrivait aux ministres concernés, aux députés du Cher, au Conseil général, organisait des manifestations à Bourges, une pétition était lancée, l'association s'adressait aussi aux maires du Cher et au Préfet... Lire les pages du blog des pesticides.
> La réunion du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST) du 30 mai s'était très mal passée pour la Préfecture. En effet les représentants de la Chambre d'agriculture du Cher, de la Fédération du Cher pour la pêche et la protection du milieu aquatique, de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, de l'association Nature 18 et d'autres participants avaient exprimé des avis très critiques, des doutes sérieux et des refus concernant la demande de dérogation. Si bien que, devant la contestation, le Secrétaire général de la Préfecture aurait refusé qu'un vote ait lieu à la fin de la réunion !
> Après la clôture de l'Enquête publique, l'Avec écrivait au Préfet le 13 juin 2012 en accompagnement d'un dossier démontrant l’inopportunité d’une dérogation d’épandage de pesticides dans le département du Cher (extraits).
"En vous alertant ainsi sur la dangerosité que représente pour la santé publique et l'environnement l’épandage de produits phytosanitaires par voie aérienne, nous espérons que vous n’autoriserez pas cette pratique.
Selon la teneur de votre réponse, nous jugerons de l’opportunité d’engager un recours contentieux". Et l'Avec annonçait que dans le cas où des épandages auraient lieu, l'association se rendrait sur place pour procéder à des prélèvements qui seraient confiés à un laboratoire aux fins d'analyse.
> Réponse du Préfet le 10 juillet à l'Avec (extraits):
Je vous informe que les demandes déposées par les sociétés S.A.S. GIRAGRI 17 et TRANS-HELI, pour des traitements sur culture de maïs, ont été rejetées et qu’aucun arrêté de dérogation ne sera donc pris les concernant.
Seule la société SA. VITAGRI a obtenu une dérogation annuelle par voie d’arrêté préfectoral en date du 14 juin 2012. Les motifs de la demande, les produits utilisés (sous réserve qu’ils aient bien été autorisés spécifiquement au moment de la déclaration préalable de chantier) et les organismes nuisibles et les cultures visées sont conformes aux exigences réglementaires. Par ailleurs, l’urgence a traiter la vigne est caractérisée. Dès lors, je ne peux que confirmer les dispositions de mon arrêté du 14 juin 2012 concernant la société S.A. Vitagri.
> Intervention de Yann Galut (fraîchement élu député) auprès du Préfet par courrier le 5 juillet pour lui demander "de s'appuyer sur la loi du Grenelle II et d'interdire l'épandage de pesticides par voie aérienne dans notre département".
> Réponse du Préfet le 13 août:
Monsieur le Député, Par votre correspondance en date du 5 juillet dernier,vous avez appelé mon attention sur Ia question de I’épandage de produits phystosanitaires par voie aérienne.
Comme vous le mentionnez, trois demandes de dérogation qui s’appuyaient sur le dispositif réglementaire en vigueur ont été déposées au printemps ; celles-ci portaient respectivement sur le traitement du maïs pour deux d’entre elles et de la vigne pour la troisième.
Un examen attentif de ces dossiers et des conditions dans lesquelles pouvaient être accordées ces dérogations au principe d’interdiction de droit commun mis en place par Ia Loi a été observé.
Ces demandes ont été soumises d’une part à l’information du public ainsi qu’au conseil de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques du 30 mai 2012.
L’instruction effectuée et les avis rendus ont permis de rejeter les deux demandes de dérogation portant sur le maïs.
Concernant Ia troisième demande, les spécificités de la culture et de I’urgence a intervenir ne m’ont pas permis de donner un suite défavorable à celle-ci. J’ai donc encadré strictement l’appIication des ces produits phytosanitaires sur cette culture a des mesures que j’ai prescrites par arrêté préfectoral.
Par ailleurs et pour votre bonne information, il m’a été permis d’apprendre la semaine dernière, que le responsable de la Société habilitée a effectuer les traitements sur vigne, ne souhaitait pas a ce stade les mettre en oeuvre; le gérant a fait état du fait que les vignes n’étaient pas parasitées au point de nécessiter un traitement par voie aérienne et que le contexte local l’avait conduit a ne pas répondre aux demandes de ses clients.
> Donc, le 10 juillet, pour le Préfet du Cher : l’urgence a traiter la vigne est caractérisée".
Mais le 13 août le même Préfet du Cher considère que : les vignes n’étaient pas parasitées au point de nécessiter un traitement par voie aérienne. Il est à remarquer "que le contexte local avait conduit le responsable de la Société habilitée à ne pas répondre aux demandes de ses clients".
> Les malicieux (et Dieu sait qu'ils sont nombreux en Berry) constateront que les arguments de la Préfecture s'appuient sur les arguments d'une société d'épandage aérien, et pas sur ceux des associations qui défendent la santé de nos concitoyens et l'environnement. Le Préfet a ses préférences.
D'autres malicieux remarqueront que "le contexte local" (comprenez les associations telles que l'Avec, Nature18, et d'autres), a pesé très lourd dans la décision finale de ne pas épandre de pesticides. Car, "lorsque les pouvoirs publics démissionnent et ne défendent pas l’intérêt général, les citoyens peuvent agir efficacement et légalement" (Corinne Lepage).
Mais il y en a qui voient malice partout....
> Illustrations photomontages. En haut, épandage aérien imaginaire sur fond sancerrois. En dessous, le Préfet en Cary Grant, mais dans quel film de Hitchcock ?
> Toutes les pages du dossier Épandages aériens de pesticides dans le Cher" >>> lien.