Une exploration scientifique du cours de la Loire menée de mai à juillet 2022, et intitulée Loire Sentinelle a donné ses premiers résultats concernant l’état du fleuve à Cosne le 30 mai dernier. Le collectif Loire Sentinelle réunit des laboratoires de recherche, associations culturelles et éducatives, collectifs d’habitants, pour explorer la Loire, mieux la connaître et mieux la défendre.
Dans ce résumé, vous verrez tout d’abord la présence de microplastiques mais sachez que l’inventaire de l’équipe de recherche s’intéresse à bien d’autres domaines pour établir une cartographie globale de la biodiversité et de la plasticodiversité de la Loire.
Parmi les outils employés par les biologistes de Loire Sentinelle figurent un laboratoire flottant sur canoës, et un filet préleveur de 0,3 millimètres de maille. Il a permis d’examiner le contenu de l'eau et des sédiments du cours de la Loire et montré que les microplastiques sont présents en nombre et partout ! Ils apparaissent souvent dégradés, ce sont des fibres en grande majorité (94 %), des fragment aussi, granulés, film, sphères. Ils sont de plus en plus nombreux plus on s’éloigne des sources et à proximité des villes et de l’estuaire.
La Loire étant le lieu (doit-on dire l’égout ?) des rejets riverains, les eaux de lavage sont montrées du doigt. Polyéthylène et polypropylène forment 87 % des matériaux relevés ; ajoutons les bouteilles, sacs, bâches agricoles, pots de yaourt et autres vêtements en textiles synthétiques. Dans de prochaines explorations, Loire Sentinelle s’intéressera probablement (?) aux nanoparticules (plus petites qu’ un micromètre), aux antibiotiques, œstrogènes et médicaments rejetés dans les eaux usées…
Le résultat énoncé est une alerte qui invite à repenser le traitement des rejets, puisque l'eau de la Loire est bue et partagée par les citoyens. Dans notre département avec trois captages aux alentours d’Herry on y puise notamment l’eau que boivent les berruyers et les habitants de plusieurs communes. Autre exemple, à Tours, l’eau du robinet est puisée à 62 % dans la Loire.
Mais les microplastiques ne sont pas la seule pollution qui affecte la Loire. Lors de la réunion de Cosne, une autre sentinelle, l’association Sortir du nucléaire Berry Giennois Puisaye a ajouté des informations et des chiffres.
Sortir du nucléaire a annoncé qu'en 2020, 6.000 tonnes de produits chimiques ont été rejetées dans la Loire et dans la Vienne par les cinq centrales nucléaires (Belleville, Dampierre, Saint-Laurent, Chinon, Civaux) bâties sur leurs rives et qui exploitent leurs eaux. Des rejets qui restent dans les quantités “autorisées”, mais des “autorisations” qui varient en fonction des besoins ! Et en quelles quantités ! 4.749 tonnes de sulfates, 434 tonnes de chlore, 31 tonnes de métaux lourds, ou encore 762 kilos venant du traitement biocide des tuyauteries, de l'or, de l'aluminium, du chrome, du plomb et des détergents. Certes les berruyers sont en amont et n’avalent que des microplastiques, mais les Tourangeaux ont la double pollution.
Sur le plan des mesures de radioactivité, ce sont 212.969 gigabequerels de tritium, et 561 gigabequerels de carbone 14 qui sont relevées. Dans les quantités “autorisées” ?.
Enfin, il faut savoir que l'industrie nucléaire prélève d'énormes quantités d'eau dans la Loire et la Vienne. En un an près de 700 millions de mètres cubes d’eau ont été consommés (500 millions de m3 rejetés dans les deux cours d’eau, et près de 200 millions de m3 vaporisés par les tours de, refroidissement).
En somme, tout ça forme une peinture peu réjouissante de la Loire aujourd’hui et que nous allons léguer à nos enfants. Et on entend peu de propositions de nos élus sur le sujet...
> Photos, de haut en bas. Microplastiques prélevés par Loire-Sentinelle (cliquer sur la photo pour l’agrandir). L’équipe de Loire Sentinelle. Sortir du nucléaire Berry Giennois Puisaye en manifestation.
> Sources.
Loire Sentinelle. >>> Lien.
Sortir du nucléaire Berry Giennois Puisaye. >>> Lien.