Ce qu'on appelle communément le carrefour de La Borne n'est pas un carrefour, c'est une place. Oui, et elle a même un nom, c'est la place Jean Gautier, qui fut l'un de ces jeunes résistants un peu méconnus, morts pour la libération de la France en août 1944.
Le 26 novembre 1944, le conseil municipal d'Henrichemont a voté la création et la pose d'une plaque commémorative à La Borne sur la place qui porte désormais le nom de Jean Gautier. Lors de la même séance, le conseil municipal a également voté pour la plaque honorant Clément Vigna, un habitant d'Henrichemont, mort lui aussi pour la libération de la France.
Malheureusement, la plaque au nom de Jean Gautier n’est plus là. Elle a été déposée pour faire des travaux sur le mur qui la supportait ...et n'a jamais été replacée. Ce n'est donc pas une décision municipale qui serait la cause de ce vide, mais un acte individuel regrettable. Le jeune résistant a failli retourner à l'anonymat.
Originaire d'Eure et Loire, Jean Gautier a rejoint pendant l'occupation allemande un "camp de jeunesse" situé à La Borne, pour des raisons que l'on ignore à ce jour. Il n'y participa que quelques temps, avant de rejoindre le maquis comme d'autres jeunes hommes du Cher.
Jean Gautier appartenait au groupe résistant Hubert Armand, de Menetou Salon, qui faisait partie des FFI (Forces Françaises de l'Intérieur). Il a été tué au combat le 4 août 1944 à Neuilly en Sancerre, il avait vingt et un ans. Son nom figure sur une stèle commémorative située sur la route départementale un peu avant l'entrée du village.
Le nom de Jean Gautier est mentionné dans un “Historique des maquis du Cher nord" consultable aux archives départementales du Cher, et par Alain Rafesthain dans le livre "Et le Cher fut libéré". Il faut corriger ici une erreur : le nom de Jean Gautier s’écrit bien sans H, vérification faite par le service de l’État-civil à la mairie d’Henrichemont.
Voilà, brièvement résumé, ce qu'on peut lire dans l'ouvrage d'Alain Rafesthain. Le 4 août 1944, deux hommes du groupe "Hubert Armand" tombent sur les allemands près de Neuilly en Sancerre. Il s'agit de Thévenin ("Roger") et de Jean Gauthier ("La Glu"), qui, totalement surpris ne peuvent se défendre. Jean Gauthier est blessé à la jambe et ne peut s'enfuir. Mais les nazis ne font pas de prisonniers. Ils l'abattent sur place. (Thévenin, bien que blessé au poumon, parvient à s'enfuir et à rejoindre son camp).
Jean Gautier (1923-1944) a été enterré au cimetière d'Henrichemont, sa mère repose à ses côtés.
Une nouvelle plaque au nom de Jean Gautier sera prochainement posée sur la place, puisque la municipalité d'Henrichemont prépare celles qui figureront sur les routes et chemins de La Borne. Village potier oblige, ce sont les céramistes bornois qui confectionnent actuellement ces plaques qui seront ...en grès.
> Photo du bas, défilé venu d'Henrichemont et La Borne pour l'inauguration de la plaque en 1944. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.