La pratique des sobriquets et surnoms est sans doute aussi vieille que l'humanité, enfin depuis que les hommes parlent. Elle existait dans tous les villages de nos provinces. On n'était pas en reste à La Borne : des surnoms malicieux, il y en avait quelques uns....
Jusqu'au Xème siècle, les habitants de la France n'avaient qu'un nom, celui de leur baptême. A partir du XIIème siècle, un grand nombre de surnoms furent adoptés pour désigner les individus. Ils servaient à différencier les homonymes devenus trop nombreux. Un trait marquant de l'individu servait alors à le désigner, dans son village et pour ses proches. Voila, en résumé l'origine des noms de famille.
Mais la population des villages augmentant, les homonymes devenaient nombreux... et pan, une nouvelle vague de surnoms devenait nécessaire...
Dans le livre de Jean-Baptiste Luron "Comment qu'y causont" (Treize leçons de parler rural), on trouve un intéressant chapitre consacré aux surnoms, j'en cite quelques lignes. "Le surnom en ruralité ne se borne pas à la fonction du sobriquet. Il a une fonction sociale indispensable. C'est à la fois un complément au patronyme à cause de l'homonymie, et un rite d'adoption. Comme le patronyme, il est créé par l'entourage en fonction de particularités du récipiendaire, mais pas toujours pour le louer..."
> À La Borne l'imagination ne manquait pas pour créer des sobriquets. On peut en trouver un certain nombre dans l'ouvrage de Robert Chaton et Henri Talbot "La Borne et ses potiers" Éditions Delayance, La Charité sur Loire (épuisé). Et j'en ajoute d'autres que je dois à Jean Pascaud et à son épouse, merci à tous les deux. Et voici les sobriquets bornois annoncés :
Bien mieux que bien pire.
Bourbaki.
Cadet Biton.
Cadet Couillon.
Casse terrasse.
Cavaignac.
Diguedé.
Foucher Farceur.
Furine.
Gambetta.
Gnouche.
Gras d'huile
L'Alouette
La Belette.
La Perdrix rouge.
La Souris.
Le Bitaut.
Le Canquais.
Le Cuirassier.
Le Dinde.
Le Dru. (Fort, robuste).
Le Farceur.
Le Lieuve.
Le Long pi.
Le Mantoune.
Le Pée Gris.
Le Pée Laplume.
Le Pée Nez de chat.
Le Pée Quéqué.
Le Pharmacien.
Le Prescheux.
Le Rabalou.
Le Sigouzit.
Le Sourdeau
Le Tiac.
Les Demoiselles Monsieur.
Les frères Louis Lala et Louis Lalie.
Lexandre Couillon.
Platine.
Tête d'ail.
Tête d'ail.
Tidale.
Illustration : L'nez d'chat, tireur de terre à La Borne. Dessin d'André Rozay.
> Les bonus de gilblog.
Quand j'étais gamin, à Saint Martin d'Auxigny, j'aimais bien le sobriquet de "Chasse rosée", donné à un voisin qui marchait les pieds en éventail.
Entre le village et la forêt d'Allogny, le carrefour des Quat'routes était aussi baptisé Carrefour des cocus, car plusieurs familles du nom de Cocu y habitaient. On aimait à répéter ce dialogue : "Ten donc, ç'matin j'ons vu Cocu. Ah bon, mais qué donc Cocu ? Ben voyons, Cocu des cocus !"
Les malheureux Cocu, personne n'avait créé de sobriquets pour les différencier les uns des autres !
Plus exactement, le nom Cocu désignait l'habitant d'une petite colline et non l'infortuné auquel on pense. Ce dernier portait ses attributs dans son nom: Lecornu, par exemple, ou d'autres dérivés du même acabit (source : Jean-Baptiste Luron).
> Pour conclure, je vous recommande le livre de Jean-Baptiste Luron "Comment qu'y causont ? 13 leçons de parler rural. Éditions AàZ Patrimoine. En vente dans toutes les bonnes librairies. 18 €.
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