Personnalité marquée par un fort esprit d’indépendance, le sens de l’amitié et un anticonformisme tranquille, Barbara Delfosse (1939-2009) est une figure de La Borne où elle avait de nombreux amis. Le musée Ivanoff lui rend un hommage mérité par l’exposition qui se déroulera du 6 juillet au 22 septembre 2019.
Barbara Delfosse naît le 24 mars 1939 à Saint-Gobain dans l’Aisne. Sa mère est institutrice et son père, ouvrier. À l’âge de 19 ans, elle quitte sa famille et change son prénom, Geneviève, pour celui de Barbara. Elle étudie à l’École des Arts appliqués de Beaune de 1960 à 1961. Elle vient à la Borne en 1962 où elle rencontre Pierre Digan. En 1963, elle est membre de l’Amicale des potiers de La Borne qui organise des expositions estivales (vers 1970, elle participe également à l’association des potiers qui succède à l’amicale et qui expose ses membres en permanence dans l’ancienne école des filles). En 1964, elle épouse Pierre Digan, puis donne naissance à trois enfants Pénélope, Mahaut et David. Elle décore les pièces tournées par Pierre, et en 1965, ils remportent la bourse de la vocation pour leurs oeuvres de décor architectural.
En 1973, dans sa maison du Carroir, route de Morogues, elle mène une vie libre et indépendante, se consacre à sa production dans son atelier équipé d’un four à bois et complété d’une petite salle d’exposition où elle réalise des terres “guillochées”. Ses miroirs et ses boites sont recherchés. Sa maison est un lieu de rencontres, de discussions et d’échanges sur les questions sociétales, militantes et féministes.
Depuis sa venue à La Borne, Barbara Delfosse expose à la Maison des Métiers d’Art Français à Paris, à la galerie Axe, à la galerie d'artisanat de France. Elle participe à des expositions collectives au Musée National de Céramique de Sèvres, à la Maison de la Culture Nevers, aux Cordeliers à Châteauroux, à Jersey et au Museum & Art Gallery de Peterborough (Grande Bretagne), à la galerie de l’Ours à Bourges, à Saint Nazaire… etc
Dans Potiers d’aujourd’hui au pays de La Borne, Robert Chaton la dépeint ainsi : “De Son pays picard, elle a gardé le bon sens et l'équilibre, du vignoble de Beaune, la finesse et la cordialité. Elle n’aime guère tourner, préfère le travail par plaques assemblées en d'originales pièces anguleuses, nues ou décorées, recouvertes d'engobes à base de terres qui donnent, par une cuisson au gaz terminée au bois, des teintes chaudes et profondes”.
Dans le même ouvrage, Barbara s’exprime avec la liberté de ton dont certains se souviennent encore : “J’aime bien travailler la terre, c'est un matériau inépuisable qui offre de si grandes possibilités, avec le temps, l'expérience et un peu d'imagination, et beaucoup de travail.
Voir sortir toutes ces bricoles du four, toutes roses, me réjouit beaucoup. J'aime aussi cette liberté de travail, mais je ne pense jamais à mon métier comme une chose en soi, comme une vocation, comme un tout. C'est une partie de ma vie, sans plus, une partie de ma vie qui peut me faire vivre matériellement ; et j'estime que de pouvoir vivre matériellement d'un métier aussi plaisant est une motivation suffisante pour le pratiquer”.
À la fin des années 80, un incendie détruit son four et une partie de son atelier, l’obligeant à réduire sa production. Elle donne des cours de modelage aux enfants et se consacre à sa famille, à ses amis et à ses chats. Elle décède en 2009 ; sa sépulture est au cimetière de Morogues.
> Exposition Barbara Delfosse. du 6 juillet au 22 septembre 2019. Musée Vassil Ivanoff. 9 Chemin du lavoir, La Borne. Ouvert du mercredi au dimanche de 11 heures à 13 heures et de 15 heures à 18 heures.
Un catalogue sera édité à l’occasion de l’exposition.