Dans une page précédente de gilblog qui résumait en partie l'excellente étude historique de Christian Roth, la chanson de la chapelle de La Borne était annoncée... Eh bien, la voici.
Petit rappel : le 15 mars 1896 le Journal de Sancerre publie une chanson en trois couplets et un refrain sur le thème de La Chapelle de La Borne, sur l'air de La Tour Eiffel. C'est l'œuvre d'un chansonnier de Vinon en Sancerrois, un nommé Charlot (déjà auteur de "Je suis potier" et du "Régiment des Demoiselles").
Premier couplet.
Dans le village de La Borne
Qui compte huit cents habitants,
Tous des potiers que l'on renomme,
Les gens n'étaient pas contents.
Forcés pour aller à l'église
De se rendre à leur canton,
Par la chaleur ou par la bise
Cinq kilomètres c'est un peu long.
Ils dirent à leur ami
Pour nous il y a du soleil
Il nous faudrait une chapelle,
On ne vous la demande pas belle.
Les amis ont répondu :
D'l'argent y en a plus
Et quand même il y en aurait
Il ne sera jamais dissipé.
Refrain.
Mais les Bornois,
Qui n'sont pas des têtes de bois
Entre eux vous ont souscrit
Pour leur chapelle:
Ils sont assez
Pour pouvoir se la payer,
La chapelle sera faite
Et sera belle.
Deuxième couplet.
Ils ont de l'argent de trouvé,
Ils savent bien où le placer;
Chez eux ils ont des matériaux,
Y a des voitures et des chevaux
Et l'on verra chaque potier,
L'on verra les homm' de métier,
Venir vous donner des journées,
Vous m'entendez elle seront données.
On fera un clocher
Il sera haut perché.
L'argent sera bien dépensé.
Le devis sera dépassé
L'État nous aidera,
L'opinion le demandera,
Un curé nous l'aurons,
C'est c'qui contentera le canton.
Troisième couplet.
Tous les villages des alentours
Viendront à la messe les grands jours
C'est toujours un rassemblement
Oùil se dépense de l'argent.
Pour les enfants des peines de moins,
Ils n'auront pas à aller loin.
Tranquilité pour les parents,
C'est eux qui en seront contents.
Et puis c'est un honneur
Quand on est des gens de cœur,
D'avoir su mener à bonne fin
Et de pouvoir se dire enfin
Si nous en avons une
Avant d'être commune
Et personne n'a empêché,
Que nous ayons notre clocher.
Dans "Potiers d'aujourd'hui au pays de La Borne", Robert Chaton publie une variante de la chanson parue dans le Journal de Sancerre. Dans cette version qu'il a apprise à La Borne, les paroles ne ménagent pas la chèvre et le chou. En effet, le premier couplet raille le conseil municipal d'Henrichemont jugé un peu ch'tit, et sourd aux demandes des bornois (Le Conseil a répondu : De l'argent y en a plus, et quand même il y en aurait, à La Borne y va jamais !). Alors, l'auteur a-t-il édulcoré son texte à la demande du journal pour ne pas déplaire aux notables d'Henrichemont, comme le suggère Robert Chaton ? À moins que quelque bornois malicieux ne soit l'auteur de ces paroles critiques ? On ne le saura sans doute jamais....
Dans le village de La Borne
Qui compte huit cents habitants
Que pour la poterie on renomme
Les gens n'étaient pas contents.
Car pour aller à l'église
Et s'en aller à Henrichemont
Par le soleil et par la bise
Cinq kilomètres c'est un peu long.
Ils ont demandé au Conseil
Il nous faudrait une chapelle
On ne vous la demande pas belle.
Le Conseil a répondu
De l'argent y en a plus
Et quand même il y en aurait
À La Borne y va jamais !
Mais les bornois
Qui n'sont pas têtes de bois
Entre eux tous ont souscrit
Pour leur chapelle.
Ils en ont assez
D'Henrichemont vont se passer
Et la chapelle se construit
Et sera belle.
> Lire dans gilblog. Chapelle de La Borne. Christian Roth fait parler les archives. >>> Lien.
Coup de chapeau à Robert Chaton. >>> Lien.
Et aussi : "Potiers d'aujourd'hui au pays de La Borne", par Robert Chaton. Éditions Delayance. La Charité sur Loire. 1990.