Chapelle de La Borne. Christian Roth fait parler les archives.

La-Borne-Chapelle-Saint-Jean-Baptiste - Version 2

Un article de Christian Roth, très documenté et fourmillant de détails sur la réalisation de la chapelle saint Jean-Baptiste à La Borne vient d'être publié dans les cahiers d'archéologie et d'histoire du Berry. L'auteur nous livre une somme d'informations assortie de plans et de documents d'époque qui apportent encore plus de précisions. Un travail remarquable dont la lecture passionnera tous les bornois et les amis de La Borne. Voici un résumé très condensé de la page 4 de cette étude de huit pages, je vous conseille de vous reporter à l'original pour en découvrir toute la richesse et les multiples détails.

Éloignés du bourg d'Henrichemont de quatre kilomètres (et à l'époque il n'existait pas de route goudronnée *), les habitants de La Borne, réclamaient depuis longtemps qu'une église soit construite dans leur village. Mais les municipalités successives d'Henrichemont répondaient avoir beaucoup emprunté, et ne pouvaient répondre à cette demande (le "trop cher" existait déjà à l'époque *). Préoccupés prioritairement par la nouvelle église Saint Laurent du bourg d'Henrichemont ouverte en 1863, les curés étaient sans doute sensibles aux demandes des fidèles de La Borne, mais la construction tardait à se réaliser. Après un premier projet des années 1880, ce sera seulement seize ans plus tard que le curé Jean-Désiré Rousseau (1894-1908) fera construire la chapelle Saint-Jean-Baptiste à La Borne entre 1896 et 1898.  

Dans les années 1880 un premier projet, soutenu par monsieur Poupard, ingénieur des chemins de fer en retraite, n'aboutit pas. Plus tard le curé-doyen Aupic bénéficie de la générosité de Marie-Laure Bézé (veuve du comte Amédée de Clermont-Tonnerre, propriétaire du domaine de Loroy), qui lègue dix mille francs-or (testament du 8 mai 1894). Mais les commerçants d'Henrichemont, craignant de perdre la clientèle dominicale des bornois, s'opposent au projet...

C'est le curé-doyen Jean-Désiré Rousseau (1846-1908), qui en 1894 prend l'affaire en mains. Le curé sollicite la générosité des notables locaux, leur participation s'ajoute au legs de madame de Clermont-Tonnerre. Il organise des souscriptions auprès des paroissiens avec le concours des familles bornoises Panariou-Ribert et Talbot-Cottereau, qui rapportent entre huit mille et neuf mille francs. Madame Panariou et les demoiselles Talbot quêtent au bourg d'Henrichemont, ce porte-à-porte produit trois cents francs supplémentaires.

Le 8 janvier 1896 un terrain est acquis par Jean-Désiré Rousseau à titre personnel (six cents soixante quinze francs) auprès de François Foucher-Pellé, potier à La Borne de Morogues. Ce terrain de douze ares et trente centiares situé à la lisière du bois des Hospices est cadastré C 207/C208, il se dénomme le Champ de la Pointe. 

Le doyen Rousseau s'adresse à Octave Guérin Hervier (1852-1898), entrepreneur de travaux publics et architecte à Aubigny-sur-Nère. Le 9 février 1897 les plans et devis sont agréés, ils s'élèvent à quinze mille deux cents quatre-vingt douze francs. 

Les artisans du bâtiment d'Henrichemont participent au chantier (F. Jabier, maçon; Louis Vinet, charpentier; Bernard Lasne, couvreur; Eugène Cochet, serrurier; Pépin, menuisier; et un maréchal-ferrand de La Borne). Les autres fournisseurs, se nomment Horkiska-Meunier pour les chaînages et gros fers; Robert Milliard pour les voûtes en plâtre (Aubigny-sur-Nère); Fournier (Tours) pour les vitraux en losanges; manufacture Dériard (Lyon) pour la porte du tabernacle ... Les pierres de taille proviennent des carrières de Saint-Florent-sur-Cher, de Vallenay, de Malvaux (Nièvre) et de Bourré (Loir-et-Cher).

La chaux, les sables, les cailloux et les trente et un milles trois cents briques (!) sont donnés par les habitants de La Borne, qui fournissent aussi bénévolement les journées de roulage et de transport. On relève les noms de Talbot-Girault, Talbot-Dessenge, Talbot-Girard, Talbot-Foucher, Talbot-Sève, Eugène Bedu "Cuirassier", Charles Panariou, Foucher-Bernon, Foucher-Pellé, François Auchère, Joseph Pellé, Joséphine Pellé ... La valeur de leurs contributions est évaluée à deux mille quatre cents soixante dix francs au 8 juin 1897. Parmi les centaines de briques à plat qui forment le carrelage du sol de l'édifice, trois dans le chœur portent la mention "Charles Panariou à La Borne (Cher)" ainsi qu'une autre sur le seuil de la porte d'entrée, associée à celle de "H. Pellé à La Borne (Cher)". 

Les travaux de terrassement et de nivellement sont pris en charge par le potier Charles Panariou et son personnel. La première pierre est posée à Pâques 1895. En 1896, "Le journal du Cher", "Le petit berrichon" et "Le journal de Sancerre" annoncent la nouvelle : le village de La Borne aura son église. Le 15 mars "Le journal de Sancerre" publie une chanson d'un nommé Charlot (de Vinon) sur le thème de La Chapelle de La Borne, sur l'air de La Tour Eiffel. Vous lirez le texte intégral de cette chanson en page 174 des cahiers d'archéologie et d'histoire du Berry, et très prochainement dans gilblog.

Enfin, l'ouverture au culte a lieu en août 1898. La chapelle est modestement décorée de quelques statues : une Vierge en plâtre offerte par mademoiselle Pellé, un saint Joseph, un Sacré-Cœur, un saint Antoine et un saint-Jean-Baptiste par mademoiselle Victoria Ducœur. 

> Dans les premières pages de sa recherche, l'auteur décrit le contexte historique à Henrichemont. Plus loin dans l'étude il nous révèle le destin particulier du terrain et de l'édifice, notamment au moment de la séparation de l'Église et de l'État. Des plans, des détails architecturaux, des devis, des relevés et des factures ; une lettre du curé Rousseau et d'autres documents ajoutent encore à cette passionnante lecture. J'espère vous en avoir donné envie, et vous laisse le plaisir de la découverte.

> Christian Roth a titré son étude  : "La chapelle Saint Jean-Baptiste du village de La Borne d'Henrichemont érigée pour les potiers en 1895 1898". L'auteur veut ainsi rectifier une tradition ancienne (reprise par Robert Chaton dans un de ses ouvrages), qui attribue l'édification de la chapelle aux potiers eux-mêmes. Pour Christian Roth, c'est une affirmation excessive, "car si les habitants de La Borne en ont bien été les acteurs par leur contribution financières, par leurs apports en matériaux comme par le temps consacré bénévolement à des travaux de gros œuvre, c'est sous la direction d'un architecte que les différents corps de métier professionnels ont permis la réalisation du lieu de culte ardemment désiré". 

> Allez, on donnera un coup de chapeau au curé Jean-Désiré Rousseau et à son action, aux gens de métier, aux donateurs et aux travailleurs bénévoles bornois, et on pourra conclure qu'ils ont si fortement désiré leur chapelle saint Jean-Baptiste ...qu'ils l'ont faite tous ensemble ! Un bel exemple de solidarité. Et un autre coup de chapeau à Christian Roth qui fait si bien parler les archives, et pour le cadeau qu'il nous offre...

> (* Des commentaires qui n'engagent que gilblog).

> "La chapelle Saint Jean-Baptiste du village de La Borne d'Henrichemont érigée pour les potiers en 1895 1898" par Christian Roth, Président de la Fédération des sociétés savantes du centre de la France, secrétaire de la Société d'Archéologie et d'Histoire du Berry. Publié dans les cahiers d'archéologie et d'histoire du Berry numéro 199/200 (mars 2014).

Société d'Archéologie et d'Histoire du Berry, Maison des associations 28, rue Gambon 18000 Bourges. Site web : www.archeologiehistoireberry.fr

> Mon village en Haut Berry, La Borne 1900-1930. Souvenirs de Robert Chaton. Éditions Christian Pirot.

> Lire dans gilblog. La véritable histoire de la construction de la chapelle Saint Jean à La Borne (octobre 2012). >>> Lien. 

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