“Si Jacqueline Lerat était née au Japon, sa disparition aurait été honorée à l’égal de la perte d’un célèbre acteur de kabuki ou d’un grand calligraphe, mais l’immense céramiste qu’elle fût, a été enterrée à Bourges dans l’intimité, entourée de ses proches et de quelques amis dont les artistes Bernard Dejonghe et Camille Virot. Les pièces de Jacqueline comme celles de Jean -inséparables “JJ”-, imposent le silence quand on les approche. Elles diffusent une intense présence. Chacune écrit un poème de la terre, raconte le patient labeur de leur histoire. La terre est un mystère, les grès des Lerat l’explorent en le confortant”. [Jean-Pierre Thibaudat]
Jean Lerat et Jacqueline Bouvet créent leur atelier commun de poterie à La Borne en 1945, ils commencent à créer des pièces fonctionnelles, vases, théières, bouteilles, pots à tabac, et des figures imagières (souvent à caractère religieux), dans l'esprit de Paul Beyer qui vient de créer son atelier depuis peu. Ils travaillent en couple et signent leurs créations Jean et Jacqueline Lerat. Leur mode d'expression artistique est le grès cuit au four à bois dans la tradition des potiers installés dans le village depuis le XVIe siècle. Ils travaillent et habitent dans la maison qu’occupait Paul Beyer et cuisent dans son four de type “Sèvres”. À partir de 1955, dans leur nouvel atelier de Bourges ils s’expriment de plus en plus par la sculpture et développent une production extrêmement originale.
Les créations de Jacqueline et Jean Lerat renouvellent l’art céramique du vingtième siècle en France (leurs oeuvres figurent dans de grands musées du monde). Ils réalisent la synthèse de la modernité et du grès, matériau traditionnel. On leur doit aussi la dynamique qui a fait de La Borne un pôle d’attraction artistique international.
Jacqueline Lerat était Chevalier des Arts et Lettres, Jean Lerat était Chevalier de la légion d'honneur.
“Toutes les pièces que nous retrouvons après leur passage au feu habitent la maison comme les plantes le jardin. Elles sont avec nous dans le désir de ne rien séparer. Leur vie reste enfouie en elles, et pourtant, posées, déplacées, resituées, elles semblent repousser leur limite à la recherche d’accords privilégiés. Les objets deviennent la parole d’un jeu silencieux”. [Jacqueline Lerat]