Situé à La Borne d'en bas, le four d'Octave Foucher (dit "four communal" depuis qu'il a été acheté en 1990 par la commune d'Henrichemont pour le rénover) bénéficie d'une nouvelle restauration. La maçonnerie de l'extrémité de la voute est refaite et sera protégée des intempéries par un abri. Nombreux sont les visiteurs qui découvrent avec étonnement au détour du chemin, le "plus petit" des fours anciens du village, il ne fait "que" trente mètres cubes ! Ce four couché traditionnel, qui est un des fleurons du patrimoine potier, ne fait pas partie des fours "classés", mais c'est le plus visible de tous, car il n'est pas sagement à l'abri d'un hangar dans une propriété privée.
Avec son patrimoine potier, le Pays Fort possède un potentiel culturel et touristique important dont le Centre de céramique contemporaine de La Borne est l'élément central. Ce patrimoine unique en France est remarquable : cinq fours traditionnels inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, le Musée de la poterie, le Musée et l'atelier Ivanoff, la cathédrale et la maison de Jean Linard, les Ateliers Talbot, l'atelier de Jean et Jacqueline Lerat (qui contient le four d'André Beyer). On pourrait citer aussi l'atelier d'André Rozay et d'autres sites dignes d'intérêt, comme les autres fours traditionnels, les trous à terre.
Cet ensemble important se déploie autour du Centre de céramique contemporaine de La Borne et du Musée de la poterie, mais son futur reste encore à écrire. Il faudrait sans doute maintenant préserver certains éléments, faire connaître, et développer pour que ce riche patrimoine devienne un véritable atout pour la région. Certes, l'existence du Centre de céramique contemporaine à La Borne est le socle de ce développement futur, mais son pouvoir d'attraction faiblira si son environnement se dégrade. N'est-il pas temps de commencer une réflexion et d'envisager les actions à venir ?
Par exemple, que va devenir la cathédrale de Jean Linard ? Sans entretien, les merveilleux décors de ce bel ensemble, les sculptures, les mobiles, les toitures, vont se dégrader peu à peu sous l'effet des intempéries. Et qu'adviendra-t-il des oeuvres exposées en plein air ? La famille de Jean Linard (qui ne peut faire face à l'entretien faute de moyens) cherche actuellement une solution pour que l'oeuvre continue sa vie et qu'elle soit accessible au public. Selon Anne-Marie Linard, les collectivités et les pouvoirs publics semblent pour le moment peu réceptifs à l'idée. Faudra-t-il attendre que la maison et la cathédrale menacent ruine ? "Déja des pans entiers de faïence colorées se détachent" ajoute Anne-Marie Linard, qui ne cache pas son inquiétude.
Bien entendu, on ne peut se lancer dans une conservation de tout et tous azimuts d'autant que les propriétaires souhaitent à juste titre préserver leur vie privée et ont probablement leurs propres projets ; des choix et des priorités en découleront. Mais peut-on laisser les choses aller sans vision et sans action ? Quelles idées pour préserver ces sites, faut-il en restaurer certains et les mettre en valeur, lesquels choisir, faut-il les ouvrir ou non au public, faut-il leur trouver une autre vocation ?
On peut constater qu'aucune réflexion n'a eu lieu pour le moment, mais il n'est pas trop tard pour commencer. Recenser, définir les besoins, concevoir des projets, ces choses là demandent du temps. Il faut se souvenir que le premier projet d'agrandissement du Centre céramique, conçu par l'association des céramistes de La Borne, date des années quatre vingt et qu'il aura fallu plus de vingt ans pour le voir enfin réalisé.
Quel avenir pour la cathédrale de Jean Linard ? La laisserons nous tomber en ruine ? Quel inventaire, quels projets les Pouvoirs publics, les Collectivités territoriales, les associations de sauvegarde du patrimoine et les citoyens pourront-ils mettre en oeuvre pour sauvegarder notre patrimoine potier ?
> Attention car, comme disait Alexandre Vialatte (et cela vaut aussi pour le patrimoine), "l'avenir a ceci de fâcheux qu'il est arrivé avant que nous ayons eu le temps de nous y préparer".
Nous voila prévenus.