Avec François et Étienne Guillaume chez Armand Bedu à La Borne.

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À la fois commerçant et éditeur d'objets d'art dans son magasin du 23 rue des Arènes à Bourges, François Guillaume vendait les objets pour l'équipement domestique et le décor de la maison, porcelaine, verre, cristal, faïence, poterie, pièces céramiques ...etc. François Guillaume conduisait son activité de façon originale et s'approvisionnait en priorité dans la région et faisait réaliser ses créations par des artisans locaux entre 1929 et 1945. Chez lui on trouvait des porcelaines de Mehun, du verre de Vierzon, des faïences de Gien, des créations en grès de La Borne ou d'Argent sur Sauldre. Un de ces jours, dans une page de gilblog, son fils Étienne Guillaume parlera de cette forme de commerce, difficile à imaginer à l'époque actuelle. En attendant, suivons les souvenirs d'Étienne Guillaume et ses premières visites à La Borne.

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Aller à La Borne dans les années 1935 à 1938, c'était d'abord un voyage dans la Citroën "rosalie" (la voiture paternelle) à travers la campagne et la forêt de Menetou. À La Borne, se rappelle Étienne, l'entrée du village était bordée à droite par une épicerie et à gauche par une boutique de sabotier, on tournait à droite, puis encore à droite pour atteindre l'atelier d'Armand Bedu dans le quartier des "grandes boutiques". Armand Bedu collaborait avec le sculpteur Popineau, réalisait des carreaux de décor, et travaillait régulièrement avec François Guillaume. Dans son souvenir, Étienne Guillaume revoit encore cet espèce de "géant des Flandres", un peu bedonnant, portant lunettes et coiffé de son éternelle casquette. Il écarquillait les yeux en le regardant travailler, malaxant la terre, la soulevant au dessus de sa tête et la projetant sur la planche avec force, en faisant des "Han !" sonores. Étienne n'avait que six ou sept ans, mais les "Han !" du géant Bedu ne lui faisaient pas peur...

Les Guillaume se rendaient à La Borne environ une dizaine de fois par an pour travailler à préparer des pièces avec Armand Bedu. En général le modèle créé par François Guillaume était une forme simple préparée par un dessin coté très précis qui rendait la réalisation plus facile. À la fin du tournage, la pièce était parfois ornée d'un décor fait avec un racloir préformé, puis Armand Bedu apposait la signature "Guillaume" en dessous. Un jour de 1935 dont il se souvient encore, Étienne fut invité à apposer sa main sur le flanc d'un pot, un objet qui porte encore cette empreinte (et la date !) et qu'il conserve précieusement.

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Déjà en ces années là, la vente des poteries utilitaires ayant fortement baissé, on ne cuisait plus que quatre fois par an dans les grands fours couchés. Mais on en vendait encore chez François Guillaume, et le mode de livraison n'avait pas changé : c'était la charrette et le cheval ! On préparait la charrette la veille du départ en la remplissant de paille dans laquelle on calait les pots. Après avoir attelé le cheval, on partait de nuit vers trois heures pour arriver à destination à Bourges vers quinze heures. La fin de l'après midi se passait à décharger la marchandise dans la cour du 23 rue des Arènes. Les hommes et le cheval passaient une nuit à Bourges avant de repartir de bon matin vers La Borne ( André Rozay a fait une jolie illustration d'une de ces charrettes, on peut la voir page 51 dans le livre "La Borne et ses potiers" de Robert Chaton).

> Nous sommes un peu avant la guerre de 1939/1940. Bientôt François Guillaume va rencontrer Jean Lerat, récemment diplômé de l'école des Beaux Arts de Bourges et médaillé de l'Exposition internationale de 1937 pour une sculpture. Bientôt Jean Lerat exposera ses peintures à Bourges et chez François Guillaume. Bientôt ils créeront un jeu d'échecs et d'autres modèles pour le commerce de la rue des Arènes. Bientôt, Jean Lerat ira travailler pour François Guillaume dans l'atelier d'Armand Bedu à La Borne. Mais tout ça est est une autre histoire....

> Illustrations. De haut en bas : Portrait d'Armand Bedu par André Rozay. Étienne Guillaume montre un modèle créé par son père et réalisé par Armand Bedu. La boutique d'Armand Bedu à La Borne d'en bas.

> Un grand merci à Étienne et Brigitte  Guillaume pour leur accueil et leurs précieuses informations. 

> Lire : La passionnante étude  de Patrick McCoy sur la renaissance de la poterie de grès à La Borne (en anglais) sur le web. >>> Lien. 

Dans gilblog. La Borne, l'étincelle qui a allumé le feu. >>> Lien.

La Borne et ses potiers, un village pas comme les autres. Par Robert Chaton, avec la collaboration d'Henri Talbot. Illustrations de André Rozay. Éditions Delayance, La Charité sur Loire 1977. 200 pages format 23 x 15 cm. Broché. Chez les bouquinistes.


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