Denis Avonts, grande silhouette caractéristique et familière de La Borne, mais homme discret, est parti tout aussi discrètement tourner ses pots dans le ciel. Rien ne le destinait à devenir potier, mais c’était le métier qu’il voulait. “Si tu t’en vas chez les potiers, ne reviens plus à la maison”, lui avait dit un jour son père (qui lui pardonna vite et bien volontiers).
Après une formation de soudeur et divers emplois, Denis (qui avait commencé à travailler à l’âge de quatorze ans), est embauché à l’atelier Digan en 1973. Il débute comme calibreur, puis, à sa demande, il apprend le tournage avec Janet Stedman. C’est durant ces années chez Digan qu’il rencontre sa future femme, Dominique. Après la fermeture de l’entreprise en 1979, il construit son four à bois et s’installe comme artisan potier en 1981. Depuis, il n’avait pas cessé de tourner, d’émailler et de cuire, aidé de Dominique (avec chaque potier, il y a une potière).
Il sortait peu de son atelier, “je ne sors pas, disait-il, ce sont les gens qui viennent me voir”, mais il aimait bavarder avec André Rozay et Jean Talbot, participait volontiers aux cuissons de ses amis, ou aux événements comme “La Borne en feu” en 1990. Il se voulait artisan potier “je fais de la poterie alimentaire, et c’est pour manger” aimait-il à dire, il pensait surtout à élever ses deux enfants, Véronique et Tommy. Dans son atelier, au premier étage de la maison, il tournait en écoutant les musiciens et chanteurs qu’il aimait : Brassens, Brel Ferré, Stéphane Grappelli, Jimmy Hendricks - une bonne compagnie ma foi.
On le voyait parfois passer sur sa Kawasaki, en route pour quelque balade à la cathédrale de Bourges, ou pour dire bonjour aux copains. Il aimait les oiseaux, les chats, plantait des bulbes dans son jardin. Et puis Denis Avonts a quitté tout ça le dix huit octobre 2007 - pour lui et pour nous c’était trop tôt, bien trop tôt.