Pierre Halet (1924-1996), vivait en Touraine où il cultivait ses vignes de Vouvray et écrivait pour le théâtre. Les berruyers ont vu plusieurs de ses œuvres montées à la Maison de la culture par Gabriel Monnet, notamment La Provocation qui fut le spectacle d’inauguration de la Maison de la culture en 1963. De Pierre Halet, Gabriel Monnet créera aussi Le Cheval Caillou, et Le Montreur de galaxies à la MCB. Écrite en 1961, La butte de Satory fut jouée pour la première fois à Paris en 1967. Et à Bourges, le spectacle remplissait la salle du Duc Jean, le 27 novembre 2011 pour le 140e anniversaire de la Commune de Paris, à l’initiative de Double Cœur.
J’ai eu le bonheur de participer à la représentation du vendredi 21 octobre dans la salle de La Décale à Vierzon, une lecture théâtralisée de l’œuvre de Pierre Halet par la troupe du Théâtre des malins animée par Michel Pinglaut. Alors, je vous raconte…
Louis-Nathaniel Rossel (1844-1871), fils d’un officier protestant d’origine cévenole, sort de Polytechnique et fait la guerre comme capitaine en 1870. Refusant la reddition de Metz, la capitulation de Paris et tout armistice, nommé colonel par Gambetta, il démissionne pour rejoindre la cause de La Commune où il devient délégué à la guerre. Il est arrêté et fusillé le 28 septembre 1871 par jugement du conseil de guerre de l’armée régulière, à l’âge de vingt-sept ans. Ce personnage romantique dans la peau d’un jeune officier héroïque et intransigeant avait de quoi séduire l’auteur. “Je me suis toujours intéressé à certains individus qu'on pourrait classer parmi les héros vaincus”, a dit Pierre Halet.
Il faut le dire d’emblée, la pièce de Pierre Halet est un beau texte. Tantôt émouvant, tantôt cocasse, ou teinté de poésie, il éclaire la personnalité de Rossel et les événements du printemps 1871 en donnant la parole à des personnages, fictifs ou vrais, tous acteurs de la Commune. On entend la parole de Félix Pyat, on évoque Édouard Vaillant et les compagnons d’armes de Rossel. Les dialogues avec sa sœur Bella sont empreints de tendresse, le personnage imaginaire de Marie Légère, fille du peuple et amoureuse ignorée révèle des facettes intimes de Rossel. Cette méditation du condamné, faite de retours en arrière, de lettres, de dialogues, de moments enflammés, plonge le spectateur à la fois dans l’histoire et dans les élans du cœur. Pour situer les scènes, l’adaptation a inventé le personnage de Didascalie, qui chante aussi la complainte de Rossel, une chanson populaire de l’époque.
Michel Pinglaut a du réunir et souder quatorze comédiennes et comédiens amateurs qui ont répété avec conviction et interprété la butte de Satory, cette Lecture passion, avec enthousiasme. Citons les soirées à l’Avant-scène, théâtre d’Argenton, au lycée Balzac d’Issoudun (classe théâtre), à Sainte-Sévère, à Villabon et à La Décale de Vierzon le 21 octobre dernier.
Prochain rendez-vous avec La butte de Satory, à l’initiative de Double Cœur, jeudi 15 décembre à 19H30 à l’auditorium des Archives départementales du Cher, rue Heurtault de Lammerville.
Toute la troupe du Théâtre des malins photographiée à Argenton.