Le cycle de conférences de Michel Pinglaut a pour ambition de faire découvrir au public quelques vérités ignorées par l’histoire officielle, et de montrer les anticipations géniales des “communeux”.
Évitons les détours inutiles et entrons dans le vif de cette histoire foisonnante….
Le 19 juillet 1870, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse et échoue en deux mois. Mal préparée, l'armée française capitule à Sedan le 2 septembre 1870, et Napoléon III est fait prisonnier. Cette nouvelle déclenche une journée d'émeutes à Paris, qui fait chuter l'Empire. Les républicains forment un Gouvernement de la Défense nationale à l'Hotel de Ville et proclament la Troisième République. Opposants très modérés à l'Empire, ils essaient de prendre la tête de l'État pour canaliser l'agitation populaire qui veut "chasser l'envahisseur prussien". Paris assiégée connaît une dure famine durant l'hiver. On mange même les animaux du zoo ! Manquant de soldats, le gouvernement provisoire doit armer le peuple parisien. Mais les parisiens penchent pour la république sociale....
Des élections sont organisées en hâte le 8 février 1871, la campagne électorale est expédiée en huit jours. Les campagnes élisent majoritairement des candidats monarchistes : sur 750 députés, 450 sont des monarchistes. En revanche, à Paris, la majorité sont des républicains plus ou moins radicaux, et quatre sont des révolutionnaires. Au cours des élections de février, les bataillons de la Garde nationale se fédèrent et élisent un comité central pour assurer l’organisation. Un double pouvoir s’instaure. Les élus parisiens sont pour continuer la guerre. Mais l'Assemblée nationale élit Adolphe Thiers chef du pouvoir exécutif et l'envoie négocier la capitulation, qui sera signée le 26 février (le traité inclut l'annexion de l’Alsace-Moselle et le versement de cinq milliards de francs-or).
Les canons, regroupés à Montmartre et à Belleville, focalisent la crainte du gouvernement de Thiers. Non seulement les parisiens ne veulent pas capituler, mais ils considèrent que les canons leur appartiennent, puisqu'ils les ont payés eux-mêmes lors de la souscription contre la Prusse. De plus, ils n'ont aucune confiance dans le gouvernement, et craignent que se reproduise la tuerie de juin 1848.
Le 9 mars 1871 "Le Cri du peuple" de Jules Vallès et six journaux d'opposition sont interdits, et les clubs populaires également. Le 10 mars 1871, l'Assemblée met fin au moratoire sur les loyers et les effets de commerce (des milliers de commerçants en faillite et des dizaines de milliers locataires sont menacés d’expulsion). Elle supprime la solde payée aux gardes nationaux, issus du Paris populaire.
Enfin, Thiers met le feu aux poudres en ordonnant dans la nuit du 17-18 mars à l'armée d'aller confisquer les canons de la Garde nationale à Paris et d'arrêter les meneurs révolutionnaires. Il fait arrêter Blanqui, un des chefs du mouvement.
Le peuple et la plupart des gardes nationaux se soulèvent, et les soldats refusent de faire feu sur eux. C'est le début de la révolte populaire : peuple et soldats fraternisent. Le gouvernement de Thiers s'enfuit à Versailles accompagné par une troupe démoralisée, et des milliers de bourgeois parisiens.
Les premières mesures de la Commune de Paris sont prises par le Comité central de la Garde nationale. Ces mesures jettent les bases d'un État ouvrier : Élection et révocabilité de tous les fonctionnaires et soldats. Publication de toutes les décisions et hésitations du comité central. Abolition de l’armée permanente.
Les élections du 26 mars instituent le conseil de la Commune qui compte quatre vingt douze élus (dont 25 ouvriers), en majorité des révolutionnaires.
Insurrection populaire devenue en quinze jours une véritable révolution sociale, la Commune prend des décisions exemplaires.
Des mesures sociales :
Remise des loyers. Suppression du travail de nuit chez les boulangers. Interdiction des amendes et des retenues sur salaire dans les ateliers et les administrations. Moratoire sur le mont-de-piété, possibilité de retrait gratuit des petits objets. Enseignement obligatoire, laïque et gratuit avec intégration de l'instruction professionnelle. Recensement des fabriques abandonnées pour être transmises à des coopératives ouvrières. Création des futures Bourses du travail.
Des mesures démocratiques :
La Garde nationale dont tous les citoyens doivent faire partie remplace l'armée permanente, qui est supprimée. Élection et révocabilité de tous les responsables dans l'administration, la justice, l'enseignement et la Garde nationale. Limitation du traitement des employés de la Commune à celui d'un ouvrier.
La laïcité.
La Commune ordonne la séparation de l'Église et de l'État, instituant la laïcité trente quatre ans avant le vote du parlement de la troisième République.
L'éducation gratuite et obligatoire.
Dix ans avant Jules Ferry la Commune instaure à Paris l'éducation gratuite et obligatoire...
Mais la Commune se montre trop légère sur le plan militaire, et sous estime le danger “Versaillais”.
Le gouvernement de Thiers s’en remet à l'Empire allemand pour venir à bout par la force de la Commune de Paris. En échange d’un paiement rapide de la dette de guerre, Bismarck libère l’armée bonapartiste et donne ainsi une armée aux Versaillais pour écraser Paris. Le 18 mai, ce “traité de paix” avec la Prusse est ratifié par l’Assemblée nationale.
Le 21 mai, les Versaillais entrent dans Paris. C'est la “semaine sanglante”. Les communards se défendent héroïquement, tenant des centaines de barricades. L’armée versaillaise commet un effroyable massacre : plus de trente mille morts dont au moins vingt mille prisonniers fusillés sans jugement, environ trente six mille prisonniers et des milliers de condamnés déportés outre-mer !
Le 22 mai, Thiers déclare à l’Assemblée : “L’ordre, la justice, la civilisation ont enfin remporté la victoire”.
> C’est cette histoire que Michel Pinglaut évoquera dans un cycle de trois conférences selon les thèmes suivants :
Première conférence (mercredi 30 janvier). Une première approche de la Commune : son histoire, rétablissement des sujets occultés ou déformés. Comme la révolution de 1789, elle suscite l’attitude négative et même l'hostilité forcenée des politiciens et historiens conservateurs.
La conférence abordera les mesures et décrets de la Commune, établis après discussions et démocratie directe, issus des idées républicaines, mais que la troisième République a mis longtemps à mettre en œuvre.
La deuxième conférence (mercredi 27 mars) traitera du rôle des femmes et des clubs : la place des femmes dans les idées, influence positive des femmes ou bien n’étaient-elles que des “pétroleuses”, quelques personnalités...
La troisième conférence (mercredi 26 juin), en cette année Courbet (1819-1877), “Républicain de naissance“ élu président de la Fédération des artistes (quatre cents membres) sous la Commune, révolutionnaire en art et en politique. Il est utile de découvrir la dimension culturelle de la Commune et de “sa culture pour tous “...
> Le cycle de conférences de Michel Pinglaut a pour ambition de rétablir quelques vérités occultées par les historiens et politiciens conservateurs, et de montrer les anticipations géniales des “communeux”. L’actualité des “Gilets jaunes”, dont certains éléments du programme reprennent ceux de la Commune de 1871, ne le démentira pas…
> L’association ki-6-col organise ce cycle de conférences avec Michel Pinglaut, président des “Amis berrichons de la Commune”. Elles se tiendront à la maison des associations Marguerite Renaudat, 28 rue Gambon à 19h30, salle Alain Fournier, les mercredis 30 janvier, 27 mars et 26 juin 2019. Entrée libre.