Profitant du week-end de l’Ascension et du beau temps, le festival Aux 4 coins du mot à La Charité-sur-Loire a offert cinq jours de spectacles à un nombreux public. Théâtre, lectures, animations, concerts, cinéma, expositions, jeux, il y en avait pour tous, pour tous les goûts et pour tous les âges ! Le festival a ouvert les scènes de plein air et les salles de la ville aux de grandes figures indociles, aux humoristes déjantés, aux paroles révoltées, au rock and roll, aux auteurs de BD et aux punks de toutes générations, dans le souffle d’un air de fête.
C’est ainsi que le beau site du Prieuré et d’autres lieux de la ville ont fait de de La Charité une capitale de la culture populaire du 8 au 12 mai 2024.
Étant donné le nombre d’événements (soixante dix en majorité gratuits, et des tarifs modestes de 3 à 18 euros), il était impossible d’assister à tous les spectacles sans se couper en quatre, il fallait faire un choix. Je vous en résume seulement une partie dans cette page.
Roca et Wally. Commençons par ces deux drôles d’oiseaux qui se livrent à des joutes verbales, des combats à mots nus, avec pour armes leurs guitares et leur humour. Accroché à son instrument, Wally manie les phrases courtes et les aphorismes hilarants, Vincent Roca et ses jeux de mots à couper le souffle nous emmène dans sa galaxie du verbe.
Un spectacle jubilatoire et intense : ces deux larrons du verbe nous offrent un récital unique, un feu d’artifice de mots et de calembours mêlant le talent de Wally, le roi de la chanson courte et celui poéticalembourdesque de Vincent Roca.
S’ils passent près de chez vous, et même un peu plus loin, allez y sans une seconde d’hésitation !
Alain Guyard, avec lui les spectateurs ont appris Pourquoi Jean-Paul Sartre est le fils caché de Sid Vicious, ou comment la philosophie est à la portée de tous.
Entre deux pétarades de cet autre feu d’artifice de mots, entre deux tirades de cette causerie décapante et quelques verres de Menetou Salon (pour ménager des ruptures à caractère pédagogique), on a découvert que “L'homme est un projet, alors que sur Parcoursup, le chou-fleur n'a qu'un choix : celui de chou-fleur”. On a trouvé des airs de famille entre l'existentialisme et Sid Vicious, la grande figure du punk. On a entendu Sartre nous dire : Tuez en vous l'idée de Dieu, car Dieu est un alibi pour éviter le défi d'assumer sa liberté : Pour lui, l'existence n'a pas de sens, elle est absurde, il n'y a pas d'essence divine, de destin qui nous détermine. Et ça, c'est punk ! Ouais !
Comment le punk marque-t-il, lui, cette (non) croyance ? Par ses énormes groles, qui l'ancrent dans le sol : Il est collé à la Terre, à son merdier, et on aura du mal à lui faire croire que le plus important est dans l'au-delà.
Ouais, s’exclame Alain Guyard, car nous sommes ce que nous faisons, c'est le "do it yourself" du punk, ce qui rejoint Sartre qui nous dit que nous sommes des êtres de projet.
En somme, le punk est un existentialiste, ou vice-versa, peut-être. À moins que ce soit le contraire…
Même conseil que précédemment, si Alain Guyard passe près de chez vous, allez l’écouter sans hésiter ! Ce gaillard requinque les neurones !
3 300 tours : un spectacle original touchant et plein d’humanité, une rencontre entre une chanson et une vie, celle d’une femme ou d’un homme que nous pourrions connaître, des voisins peut-être. Cette création artistique originale est jouée par huit d’habitants de Malakoff (petite ville de banlieue) qui ont choisi, pour dire leurs souvenirs intimes, une chanson qui les a marqués pour la vie. C’est du théâtre-vérité qui vous touche au cœur, ce sont les récits des petits et grands bonheurs, des petits et grands malheurs de nos frères humains.
Ce spectacle issu d’un travail de création collective au théâtre de Malakoff fait partie d’une série de rencontres et d’ateliers qui se terminent en un spectacle sur scène. Une représentation qui fait honneur au festival des 4 coins du mot.
Angela Davis, une Histoire des États-unis, joué et slammé par Astrid Bayiha. Ce spectacle très applaudi retrace l’expérience personnelle de la ségrégation par Angela Davis et son parcours philosophique, politique et militant. Avec sobriété, Astrid Bayiha incarne Angela Davis dans une traversée poétique et musicale de la vie de celle qui a dédié sa vie à la lutte pour la liberté des femmes et des hommes de son pays.
Un peu plus tôt on pouvait assister à l’enregistrement de l’émission “La marche du monde” de Valérie Nivelon pour Radio France International, consacrée elle aussi à Angela Davis. Une vie qui inspire le théâtre et les livres ont dit les invités : le dramaturge Alain Foix, la sociologue Najate Zouggari et la comédienne Astrid Bayiha.
Il fallait faire un choix, le voici, mais nous avons assisté à d’autres spectacles, croisé quelques copains, re-visité le site du Prieuré, profité des petits restaurants de la ville et dégusté quelques verres de Chardonnay des coteaux Charitois.…
> Rendez-vous au prochain festival des 4 coins du mot du 28 mai au 1er juin 2025 à La Charité sur Loire !