"Hier en Berry, se vêtir, s'habiller beau", exposition des Thiaulins de Lignières.
Qui ne connaît le nom des "Thiaulins de Lignières", l'association fondée en 1946 par Roger Pearron dont la vocation est de sauvegarder les traditions du Berry. Les collectages de danses, de musiques, de chants et de costumes effectuées par Les Thiaulins ont largement contribué à la sauvegarde de la culture populaire berrichonne.
Grâce aux donations et aux collectes, le charmant petit château du Plaix est devenu un lieu d'expositions ouvert au public, et aussi le siège social et la maison de l'association et du groupe musical. Les Thiaulins y organisent des spectacles et des animations telles que l'Assemblée du Plaix (chaque année en août). Aujourd'hui l'association, présidée par Mic Baudimant, compte une centaine d'adhérents.
L'exposition de cette année s'intitule "Hier en Berry, se vêtir, s'habiller beau". Et pourquoi pas tout simplement "le costume berrichon" ? Il y a une raison à cela, le curieux va le découvrir lors de sa visite.
Outre les belles pièces qu'elle offre aux regards et leur intérêt documentaire, l'exposition a le grand mérite de rétablir quelques vérités et d'effacer quelques mythes et imageries d'un folklore simpliste.
La première impression qu'on retire à la vue de l'exposition est que les berrichonnes et les berrichons d'il y a deux cents ans, lorsqu'ils n'étaient pas au travail en vêtements de tous les jours, s'habillaient gai, coloré et très varié. Vestes et gilets brodés, "mouchoirs de cou" imprimés et châles, culottes, gilets et pantalons rayés, houppelandes (les fameuses "limousines") rayées également... Le costume des berrichons n'était pas triste (enfin, celui de ceux qui connaissaient un peu d'aisance). Nos ancêtres portaient comme vêtements de travail, des robes, des tabliers et des chemises (vous savez, les biaudes) souvent de couleur bleu indigo. Gens modestes, ils se contentaient de vêtements grossiers en chanvre et en lin, d'un genre bien rustique un peu raide et qui gratte.
Beaucoup d'entre nous conservent le souvenir visuel des vieux habillés de noir (souvent parce qu'ils portaient longtemps le deuil de leurs proches), on apprend avec cette exposition que la technique de la teinture noire n'apparaît que vers 1880...
Une salle est consacrée aux coiffes et aux bonnets dont les formes différentes étaient caractéristiques d'un style local (carrées, rondes ou en "cul d'oison"). Toutes ces coiffures n'étaient pas de fines matières brodées ; au travail, les femmes en portaient de plus ordinaires et sans décor, faites de coton épais ou de laine. Les broderies ne se faisaient pas "le soir à la veillée au coin du feu", c'était le travail des brodeuses et des lingères. D'un coût parfois élevé, le bonnet ou la coiffe était le signe du niveau social de celle qui en était l'heureuse propriétaire.
Un des panneaux montre les tenues les plus répandues dans les provinces de la France d'autrefois. La large chemise de travail bleue (nommée ici biaude), la vaste jupe longue ou la robe du col aux pieds, le tablier, le châle de coton imprimé, étaient répandus dans tout l'hexagone. Le costume folklorique n'avait pas encore été inventé...
Bref, le costume berrichon n'existe pas ! Il est seulement une des nombreuses variantes des vêtements ruraux français... avant que la "mode de Paris", diffusée par l'image imprimée, les journaux de mode et les patrons, ne se répande partout.
Gilblog, jamais avare d'un bon conseil vous recommande cette belle et intéressante exposition, ses nombreux documents, ses belles pièces diverses et colorées... que le couturier Christian Lacroix apprécierait sans doute !
> Ouverture de l'exposition "Hier en Berry, se vêtir, s'habiller beau" :
En mai, juin, septembre et octobre, les samedis et dimanches de 14 à 19 heures. En juillet et août, tous les jours sauf le mardi de 14 à 19 heures. Entrée 5 euros. Sur rendez-vous pour les groupes.
> Les Thiaulins de Lignières en Berry.
Château du Plaix. 18160 Saint Hilaire en Lignières. 02 48 60 22 14
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