Tous les ans, gilblog annonce les conférences estivales organisé par les Thiaulins de Lignières, un programme intitulé “écoutez voir !”. Vendredi 29 juillet, c’était une causerie de Dominique Deyber, attachée de conservation au Musée du Berry à Bourges : “Gervais Bourdinat, un berrichon en Kanakie” ou le roman vrai d’un communard berrichon, déporté en Nouvelle Calédonie, qui aurait pu rester un “oublié de l’Histoire” s’il n’avait collectionné les armes kanak pour en faire don au musée de Bourges, sa ville natale.
En effet, en 1884, Gervais Bourdinat faisait don de sa collection complète d’armes kanak au musée de Bourges en plusieurs envois par caisses depuis Nouméa. Cette collection d’une centaine de pièces dormait dans les réserves du musée qui semblait ignorer l’existence de ce don, jusqu’à sa re-découverte en 2014. La collection de Gervais Bourdinat a été exposée au musée du Berry sous le titre “Kanak, une collection oubliée” du 9 avril au 28 septembre 2020. Parmi les armes de la collection Bourdinat certaines appartenaient au chef Poindi-Patchili .
Pendant la Commune de 1871, Bourdinat (de son métier menuisier, entrepreneur en charpente et menuiserie) est sergent major dans la Garde nationale fédérée. Après avoir défendu Paris contre les versaillais il est arrêté à la mi-juin. On le dit “partisan exalté de la Commune”.
Après plusieurs mois de prison, le 18 mars 1872, le 9e conseil de guerre de Sèvres le condamne à la déportation simple et à la dégradation civique (mais pas au bagne). Il est embarqué sur l’Orne le 14 janvier 1873 (et arrive en Nouvelle-Calédonie le 3 mai après une traversée épuisante de 109 jours marquée par des conditions inhumaines et une épidémie de scorbut.
Bénéficiant d’une certaine tolérance, probablement à cause de ses compétences bien utiles à la colonie, Bourdinat est autorisé à résider à Nouméa où il est conducteur de travaux. Puis on lui permet de créer un atelier de charpente et menuiserie et sa femme et ses deux enfants viennent le rejoindre. Il devint propriétaire de trois immeubles et “l’un des meilleurs sujets de la déportation”. Il est élu conseiller municipal, bénéficie d’une remise de peine en 1877, puis d’une remise de la résidence obligatoire en 1879.
Mais plutôt que de rentre en France avec l’amnistie de 1880, il choisit de rester en Nouvelle-Calédonie. Conseiller municipal de Nouméa après sa remise de peine en 1877, il sera réélu jusqu'à sa mort. Devenu un notable local, il s’éteint le 7 février 1899 à Nouméa à l'âge de 67 ans.
Mais les les Kanaks, alors ? Ce peuple occupe la Nouvelle Calédonie depuis 1500 ans avant notre ère. Emmanuel Kasarhérou, président du musée du Quai Branly (musée des Arts et Civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques), et conseiller scientifique de l’exposition de Bourges, a écrit plusieurs pages du catalogue de l’exposition. Elles constituent un complément essentiel de l’enquête de Dominique Deyber en résumant l’histoire et la culture des kanaks et la colonisation brutale de la Nouvelle Calédonie. Elles situent la collection dans le cadre de l'Inventaire du patrimoine kanak dispersé dont l'objectif est de réaliser un inventaire raisonné des œuvres du patrimoine kanak détenues dans les musées.
Voila, je viens de résumer la matière de cette passionnante causerie, mais faites le déplacement jusqu’au château du Plaix, le site et les collections exposées valent le déplacement, et les prochaines causeries également !
> Illustrations de haut en bas. Affiche par Les Thiaulins. Un casse tête Kanak de l’exposition. Le château du Plaix. Dominique Deyber.
> On peut lire dans gilblog une page consacrée à l’exposition du musée du Berry en 2020 “Le don singulier du communard berruyer Gervais Bourdinat à sa ville natale” >>> Lien..
Et aussi ”Kanak enquête sur une collection”. De Bourges à la Commune de Paris et à Nouméa. >>> Lien.
Sans oublier le livre “La Commune et les communards du Cher” qui consacre plusieurs pages à Gervais Bourdinat. Een vente dans les bonnes librairies du département. >>> Lien.