Comme chaque année, le Festival du mot vient animer la petite ville tranquille de la Charité sur Loire. Pas avec des flonflons ni des tchims boums boums, mais avec des écrivains, des acteurs, des chanteurs, des spectacles, des causeries, des films, des récitals, une librairie, des expositions ...etc. Une quinzaine d'événements par jour du jeudi au dimanche dans un cadre plein de beauté. Dix-huit mille entrées et des salles pleines à craquer. De la culture populaire d'un niveau et d'une qualité que les parisiens et les habitants des grandes villes, les habitués des spectacles prestigieux, peuvent envier. Cette année c'était du 28 mai au 1er juin.
> Évidemment, on ne pouvait pas être partout, il fallait choisir... À tout seigneur, tout honneur, commençons par Le Roca du jour, place des pêcheurs. Tous les jours, à midi trente, devant une foule réjouie à l'avance et qui l'attend patiemment au pied des marches de la basilique, Vincent Roca lance son feu d'artifice de bons mots, jeux de mots et calembours. C'est un exercice de virtuosité et d'esprit qui vous ravit jusqu'à vous en donner le tournis. Cette année encore, un des très bons moments du Festival du mot.
> Vendredi 13 heures, après Vincent Roca, déjeuner avec la "formule festival" au bistrot de Babette et Eva (cuisine maison et légumes maraîchers). Tartine grillée avec jambon et fromage fondu, accompagné d'une salade mélangée aux fèves. Desserts avec des tartes ou des crèmes maison, bon café. Décor un brin intime, genre rétro et rustique. Bon accueil, un bistrot où je reviens chaque fois que je passe à La Charité.
> Vendredi 21 heures, salle du Prieuré (la restauration en cours laisse apercevoir une très belle charpente). Le spectacle de Brigitte Giraud et Albin de la Simone s'intitule Ping-Pong. Comme le titre l’indique, ce spectacle est un dialogue en forme de ping-pong où les textes de la romancière et les chansons du chanteur se répondent. Le sujet : les émotions de l’amour, avant, pendant, après et tout autour. Un peu sur tous les tons : lucidité, humour, distance, dérision, douce amertume. Beaucoup de finesse et d'élégance, petits et grands élans, bonheurs, déceptions et espoirs, petits arrangements avec la vie. Le public est vite conquis par le talent de ce duo original. Applaudissements soutenus....
> Surtout ne manquez pas de faire un tour à la librairie du festival. Tous les ans, dans la belle salle voutée du Prieuré, une librairie éphémère présente les ouvrages des auteurs présents au festival (Éric Orsenna, Jean-François Dortier, Brigitte Giraud, Vincent Roca...). Et aussi plein d'autres livres en rapport avec les thèmes du Festival. Et encore des tables de livres anciens, des livres pour enfants et plein d'autres trésors.
> Samedi 21 heures, spectacle Le Cabaret philosophique. Les trois comédiens, Arnaud Aymard, Fred Tousch et Sébastien Quémeneur, parodient ces émissions télé dans lesquelles des invités genre BHL exposent leur génie au public. Un spectacle désopilant où s'expriment la richesse du langage et le jeu burlesque et délirant des trois compères. Nos trois "philosophes" sont "persuadés que l'humanité va disparaître si on ne fait rien", et en effet, ils en font des tonnes. À défaut de sauver l'humanité, ils sauvent les spectateurs de la morosité par un spectacle à l'humour dévastateur. Public debout, applaudissements sans fin...
> Avec Jean-François Dortier nous assistons à deux conférences/causeries à l'église Saint Pierre sur les origines du langage. Avec ce monsieur, les choses complexes ou obscures s'éclairent, ce qui semblait compliqué devient simple à comprendre. Mon cerveau s'oxygène, je me sens devenir intelligent....
Jean-François Dortier est universitaire et chercheur, sociologue, il nomme sa discipline : anthropologie philosophique, il est le fondateur et directeur du magazine Sciences Humaines, il est l'auteur de nombreux ouvrages.
Vendredi 19 heures : "Animots", le premier mot, première des deux causeries. Les oiseaux chantent, les grenouillent croassent, les chiens aboient, les chimpanzés vocalisent, les fourmis se touchent les antennes. S’ils ne parlent pas, les animaux communiquent beaucoup ! Mais sans parler, que peuvent-ils se dire ? Et les primates à qui l’on enseigne le langage des signes, est-ce qu’ils parlent ? En nous emmenant faire le tour de la question, Jean-François Dortier interroge la notion même de langage.
Le lendemain, après avoir exploré le langage des animaux, Jean-François Dortier nous parle de l’origine du langage humain. Quand est-il apparu ? À quoi servait-il ? À échanger des informations ou à raconter des histoires ? Les mots et les paroles ne se fossilisent pas, comme les outils ou les ossements, voilà pourquoi l’origine du langage est toujours un sujet de recherche et de réflexion. Récemment, l'essor considérable des recherches sur le cerveau, le langage enfantin, la communication animale, ou la paléoanthropologie, ont renouvelé l'approche de ce passionnant sujet.
Après la conférence, nous nous sommes précipités à la librairie du Festival du mot, et depuis, Marie est plongée dans la lecture du dernier livre de Jean-François Dortier "L'homme cet étrange animal".
> Conclusion. Je confirme et je répète à qui veut l'entendre : le Festival du mot est modeste et génial. Il est petit, ne cherche pas à avoir tout d'un grand ...et il est grand tout de même.
Alors rendez-vous en 2015 !
> Lire dans gilblog : Le Festival du mot 2013. >>> Lien
Le site web du Festival du mot. >>> Lien.
> Photos. En haut Vincent Roca au Festival du mot en 2013 (il faisait frais...). Brigitte Giraud et Albin de la Simone. Le trio du Cabaret philosophique. Jean-François Dortier.