En France, amer symbole, il y a quantité d’avenues Thiers, mais il n’y a pas de rue Rossel ! Encore récemment, le Larousse citait deux militaires français défaits par les Prussiens en 1870 et responsables de la répression des Communards en 1871 : Bazaine et Gallifet, mais pas Rossel qui pourtant n’abandonna jamais le combat et fut une véritable figure héroïque...
Le 18 mars 1871, refusant la capitulation devant la Prusse, Paris se soulève. Dès le 20 mars, le colonel Louis Rossel se met à la disposition du Comité central de la Garde nationale, siégeant à Paris où le drapeau rouge flotte sur l’Hôtel de Ville. C’est “le parti qui continue la guerre et qui ne négocie pas”, dit-il. Après s’être illustré contre les Prussiens et le défaitisme de ses chefs, il est le seul officier supérieur de l’armée française à rejoindre la Commune de Paris et à y jouer un rôle important comme délégué à la Guerre. Il s’efforce, pour le court temps de vie qui lui reste, de servir avec intransigeance la Commune et la Révolution sociale. Après l’écrasement de l’insurrection, rejeté par tous, il refuse l’exil que lui propose Adolphe Thiers et est fusillé au camp de Satory. Il a seulement vingt-sept ans.
La Butte de Satory, explique l’auteur Pierre Halet, est une méditation de Rossel. En écrivant cette pièce qui se passe avant l’exécution, il se pose la question de savoir par quel cheminement un officier bourgeois, protestant, provincial, avait été amené à rejoindre un mouvement à l'opposé de ce qu'il était. "Au-delà de Rossel, je me suis toujours intéressé à certains individus qu'on pourrait classer parmi les "héros vaincus“ ajoute Pierre Halet.
> L’œuvre de Pierre Halet a été présentée pour la première fois en juin 1967 au concours des jeunes compagnies et en octobre de la même année pour quarante représentations au théâtre Récamier à Paris. À Bourges, pour le 140e anniversaire de la Commune, et à l’initiative de Double Cœur, la lecture/spectacle enregistrait un succès en remplissant la salle du Duc Jean, le 27 novembre 2011.
La représentation du vendredi 10 septembre à l’Avant Scène d’Argenton sur Creuse était aussi une lecture/spectacle de la pièce de Pierre Halet par la troupe du Théâtre des malins, chaleureusement animée par Michel Pinglaut.
Ce fut un moment de partage du texte d’un poète et des écrits de Rossel par un collectif de théâtre amateur. Un moment de complicité, une soirée bâtie au rythme des répliques par une petite troupe enthousiaste à laquelle j’ai eu le plaisir de participer. Le public a applaudi longuement à la fin de la représentation, preuve qu’on ne s’était pas dépensés pour rien.
Pour conclure, je vais paraphraser Michel Pinglaut. En Berry, quand on ne sait pas conduire et qu'on sort de la route, on dit : je suis allé à Versailles. Pour jouer avec un tel bonheur, on dira désormais : je vais à Argenton !
> Lire dans “Ma Commune de Paris”, de Michèle Audin, une page qui vient de paraître sur le procès militaire de Rossel. >>> Lien.
> Photo du haut : portrait de Louis Rossel et salle de l’Avant Scène à Argenton. Portrait de Pierre Halet.
> La troupe du Théâtre des Malins au grand complet (photo Soraya).
> Prochaines représentations à Sainte-Sévère jeudi 2 décembre et Issoudun le vendredi 12 novembre. Gilblog vous tiendra informés.