Premier grand festival de l'année en France, le printemps de Bourges a fermé le rideau mercredi 29 avril après un grand concert de "Christine & The Queens" sous le grand chapiteau du W. Après Juliette Gréco en ouverture, ce fut un festival à forte composante féminine, notamment avec les filles de The Do et Izïa, Yaël Naïm, Jeanne Added, Camille et son hommage à Nina Simone. Côté hommes, on a atteint les hauteurs avec les chansons chaloupées d'Arthur H, et l'inventif Stéphane Eicher avec ses brillants automates. Quant à Daniel Colling, co-fondateur du printemps de Bourges avec Alain Meilland dans le cadre de la maison de la Culture (c'était autrefois !), cette trente neuvième édition était la dernière qu'il dirigeait.
Malgré l'absence d'une grosse tête d'affiche (comme Stromae l'an dernier), la fréquentation a été quasiment la même qu'en 2014 : 54 900 entrées payantes (55 400 spectateurs payants en 2014), et les comptes sont équilibrés. Au total quatre cent cinquante concerts, bars et scènes ouvertes pendant six jours ont rassemblé deux cent trente mille spectateurs. Fin des infos qu'on lit un peu partout, voyons la suite.
Mais le festival n'a pas été que ça. On a eu droit à une visite ministérielle (si, si) avec la venue de Fleur Pellerin. La ministre de la Culture a notamment déclaré : "À l'occasion de ma visite au trente neuvième printemps de Bourges, j'ai signé le sixième des Pactes pour la culture avec la ville et la communauté d'agglomération de Bourges. Avec ces pactes, qui permettent de garantir les budgets culturels des collectivités pour trois ans et de s'engager sur des valeurs communes pour l'accès de tous à la culture, nous avons déjà réussi à toucher plus d'un million de Français. D'ici la fin de l'été, des pactes auront été signés avec plus de cinquante villes".
Ce contrat avec l'État engage la Ville de Bourges à investir chaque année pendant trois ans 17% de son budget dans la culture pour un montant de quatorze millions et demi d'euros. On appelle ça "sanctuariser" les crédits dédiés à la culture ...à défaut de les augmenter ! C'est à dire en bon français que le maire de Bourges s'engage à ne pas les diminuer. Comme ils avaient au préalable été réduits de façon drastique, il n'y a pas de quoi pavoiser ! C'est pourtant ce que "Le Berry" nomme du "volontarisme en terme de politique culturelle"... comprenne qui pourra.
Mais Fleur Pellerin n'est pas repartie de Bourges les mains vides. Des membres du collectif "Luttes Séraucourt" qui œuvrent pour que la maison de la Culture soit reconstruite sur le lieu historique (ce qui épargneraitt le site arboré de Séraucourt), lui ont remis un dossier argumenté comprenant une étude architecturale. Un dossier qui démontre que, contrairement aux affirmations du maire, on peut faire la MCB sur son site (et pour moins cher). On attend maintenant de connaître la date du rendez-vous au ministère demandé par les associations de "Luttes Séraucourt". Un rendez-vous nécessaire, car si l'on en croit les déclarations de Fleur Pellerin, ses conseillers ne l'ont pas tenue au courant de tous les détails. Bon, laissons lui le temps de lire...
Interviewée le 30 avril par un journaliste un peu pugnace sur France bleu Berry, la ministre montrait bien que sa connaissance du dossier est encore un peu dans le flou. Mais l'interview change un peu du ronron habituel et de l'omerta du Berry Républicain *, écoutez, savourez, c'est à quatre minutes et vingt secondes après le début, voici le >>> Lien.
Mais revenons à Daniel Colling, qui a donné de lui une bien vilaine image, celle d'un gros malpoli. Très fâché de la présence de berruyers qui manifestaient leur préférence pour la MCB sur son site et pour les arbres de Séraucourt avec leurs racines, Colling a piqué une grosse colère : "J'espère qu'il restera quelques arbres à Séraucourt pour vous y pendre !" leur a-t-il dit, le visage courroucé. Venant d'un homme qui doit son ascension à la maison de la Culture, c'est faire preuve d'une bien mauvaise mémoire et d'une mauvaise connaissance du sujet. Assorti d'un manque total de considération envers ses concitoyens. Daniel Colling vient de louper son départ...
Les pro-MCB de Luttes Séraucourt n'ont pas molli pendant toute la durée de ce trente neuvième printemps, et ils ont de bonnes raisons d'être satisfaits. Ils se sont exprimés tous les jours et ont reçu de nombreuses manifestations de sympathie de la part des visiteurs, des encouragements chaleureux et des applaudissements. Fleur Pellerin est venue leur serrer la main sous le regard médusé de Pascal Blanc. Des personnalités comme Arthur H, Stéphane Eicher et l'écrivain documentariste Jean-Marie Drot ont voulu spontanément signer la pétition pour la réalisation de la MCB sur le site historique. Une pétition qui atteint maintenant le chiffre de dix mille signatures et qui sera remise dans quelques jours au maire de Bourges.
En somme, un printemps de Bourges 2015 où l'on ne s'est pas ennuyé et où la MCB s'est peut-être sentie un peu moins seule...
* Omerta. Omerta est un mot sicilien qui signifie : loi du silence. Le Berry Républicain est maintenant le seul média régional qui dissimule à ses lecteurs l'existence d'une étude architecturale qui prouve qu'on peut construire la MCB sur son site originel. Les radios (Bleu berry, RCF, Résonance), les télévisions locales (FR3, Bip TV), les journaux gratuits (comme Le petit berrichon), des sites web et des blogs, en ont rendu compte. Des responsables de l'EPCC favorables au projet du maire se sont même fendus d'un texte pour tenter de porter la contradiction. En faisant mine d'ignorer tout ça, la rédaction du quotidien cache un point qui représente des millions d'euros d'argent public. Le Berry est-il dirigé par Pascal Blanc ?
> Pour en savoir plus lire dans gilblog les pages de la rubrique Culture et MCB. >>> Lien.
> Et pour ceux qui veulent prendre date, notez que l'an prochain le quarantième printemps de Bourges se déroulera du mardi 12 au dimanche 17 avril 2016.
> Photos prêtées par Luttes Séraucourt.
> Collectif "Luttes Séraucourt" : Groupe Macu de Bourges/Association des Amis de la Maison de la Culture/Collectif Alternative MCB/Berry’ing/Mon Cher Vélo/Nature 18/Collectif Bourges ta Zad/ki-6-col’/Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF)
> Collectif Luttes Séraucourt 110 rue Charlet 18000 Bourges.
Courriel : luttes.seraucourt.bourges@gmail.com
> Pour signer la pétition en ligne. >>> Lien.