Décidément, Pascal Blanc est fâché avec l’arithmétique, mais ça ne l’empêche pas de communiquer à tout va avec des chiffres. Et plus on lui dit qu’ils sont faux, plus il en rajoute.
Le 20 juillet dernier, le collectif Luttes Séraucourt a publié une lettre ouverte pour demander des éclaircissements sur les “pénalités de retard” causées par le retard du chantier de la MCB2 annoncées par le maire de Bourges. Selon Pascal Blanc, ces “pénalités” sont de 136 000 € mensuels, à moins que ce ne soit 110 000 ? Mais la demande de permis de construire n’étant pas déposée, les entreprises n’ont pas été consultées, et ne peuvent avoir établi de devis. Donc il n’y a pas de contrats. Donc il ne peut exister d’actualisation des prix. Et encore moins de “pénalités” de retard ! Le contenu de ce document a été communiqué à la presse et aux radios régionales.
Pascal Blanc n’a pas daigné répondre au courrier du collectif “Luttes Séraucourt” lui demandant de produire des pièces justifiant ses affirmations. Il s’abstient courageusement - de peur de commettre une nouvelle bourde ? Donc c’est un cadre municipal Yves Boutin, directeur des bâtiments de la ville, qui s’y colle en répondant dans Big journal du 20 octobre (numéro 19).
Citation : “Il n'y a pas de pénalités de retard. Ce sont des actualisations et des révisions de prix. Nous avons fixé un budget avec des estimations de prix à une date donnée. Or, la tendance générale est à l'augmentation de ces prix. Donc, plus on attend, plus le projet coûtera davantage qu'en 2013, lorsque nous avons fait l'estimation. Le coût supplémentaire, quand le chantier sera lancé, équivaudra à 110 000 € par mois. Il était auparavant évalué à 136 000 € mais les indices ont baissé”. Et personne n’avait dit à Pascal Blanc que les indices avaient baissé, ça c’est trop bête !
On remarquera que dans un même élan, Yves Boutin dit une chose et son contraire : “la tendance générale est à l’augmentation des prix” et “les indices ont baissé”.
Yves Boutin reconnaît aussi qu’il s’agit de l’estimation d’un éventuel surcoût (ce que tout bon directeur financier établit hors comptabilité comme l’évaluation d’un “risque financier”), et non une révision des prix (encore moins des pénalités), puisque aucun marché n’est encore signé !
Le directeur des bâtiments fait une affirmation hardie en disant que la tendance est à la hausse des prix. En effet les professionnels s’accordent à dire que la tendance est plutôt à la baisse à cause d’une très vive concurrence due à la diminution du nombre de projets et à la baisse des investissements. D’ailleurs monsieur Boutin reconnaît que “les indices ont baissé”.
Vendredi 23 octobre, Le Berry emboîte le pas au Big Journal et dans un long article (en page 10), résume les faits et les arguments exposés dans le communiqué du collectif “Luttes Séraucourt”. Pour la première fois sans doute dans l’affaire de la MCB, notre unique quotidien régional, ne se contente pas de répéter les paroles du maire et publie un article non partisan. Ça mérite d’être souligné.
Bref, aucun marché n’étant signé (à l’exception de celui du maître d’œuvre) la mairie ne peut produire de pièces justificatives. Les chiffres annoncés par Pascal Blanc comme des certitudes, ne sont que des évaluations établies pour les besoins de sa propagande communication.
Écoute, écoute, c’est pas tout ! Dans le même numéro du même Big journal on peut lire cette lettre d’Alain Gamard, un lecteur qui conteste les chiffres du maire sur les conséquences de la baisse des dotations de l’État.
“Monsieur le Maire compare cette baisse aux revenus d'un couple dont les revenus seraient amputés de 30%. Ce chiffre est très exagéré, les dotations d'État ne représentant en 2012 que 20,79% du budget de fonctionnement (hors investissements) de la ville de Bourges (sources : Ministère de l'Economie et des Finances 2013). Il serait plus juste de faire la comparaison avec les revenus d'un couple dont les primes diminueraient de 30%, et non l'ensemble de ses revenus”.
Et Alain Gamard fait valoir qu’une réduction de 30% appliquée à 20% du budget dotations, entraîne à une diminution de 6% sur l'ensemble du budget de la ville. On est loin des 30 % de baisse annoncés par Pascal Blanc !
Mais c’est pas tout, écoute, écoute ! Un fidèle lecteur de gilblog (oui, car gilblog a de fidèles lecteurs) m’envoie ce commentaire à propos du conseil municipal du 16 octobre 2015 auquel il a assisté. Pierre (appelons le Pierre) commence par ces mots : Je peux vous dire un truc, c’est que l’instituteur qui tentait d’apprendre le calcul au petit Blanc (on n’ose évoquer les maths dans son cas), a du en avaler des boites de Lexomyl... parce que le calcul et Blanc, ça fait 20, heu …2 sur 20.
“je suis dans la situation d'un ménage qui voit ses revenus baisser de 30%" (au sujet des dotations de l'Etat qui diminuent) - lu dans les Nouvelles de Bourges, entendu sur FR3...Irène Félix sursaute en entendant les propos blanciens. Chiffres à l'appui elle n'a aucun mal à lui démontrer que les baisses représentent 3 % du budget de la ville et pas 30% et que cette approximation de 1 à 10 est, selon ses termes "choquante et détestable et rend difficile le débat public".
Tiens, tiens, c'est une vraie manie de gonfler les chiffres chez lui. Symptôme d’une intention d'augmenter les impôts à venir ?
"J'assume ces choix”, déclare Blanc aussi solennel que s’il jouait dans une tragédie grecque. Puis il revient à la charge : “depuis toutes ces années on est tout de même à 30 millions d’euros de perdus, et 30 millions d'euros c'est exactement le tiers de notre budget de 90 millions”. Et toc ! Les chiffres ont parlé (on découvre que Pascal Blanc est ventriloque), flottement dans le public….
Après avoir brièvement envisagé la boisson, la retraite dans un monastère, le reclassement professionnel, Irène Félix reprend finalement ses esprits et demande la parole pour faire remarquer au petit Pascal que "baisse annuelle" et "baisse cumulée" c'est comme qui dirait pas pareil, et qu'un petit calcul niveau primaire nous enseigne qu'un budget de 90 millions d'euros sur dix ans ça fait 900 millions, et que, quand on l'ampute de 30 millions, on l'ampute de 3% et pas de 30% ! Et re-toc ! Les chiffres ont encore quelque chose à dire.
Bon, fin de l’extrait. Ça suffit comme ça, vous avez compris…
Alors, Pascal Blanc ne sait pas compter ? Ou bien il essaye d’enfumer les berruyers ? Cette fois ci “La voix de son maire” (entendez Le Berry Républicain), n’a pas tout gobé sans rien vérifier. Le Berry semble avoir appris à compter et à faire son boulot d’information en rétablissant les faits et les chiffres. Le lecteur est à même de constater que les chiffres de Pascal Blanc ne valent rien…
> On connaît la propension des patrons et des politiciens à nous asséner des chiffres invérifiables assortis de : “inclinez vous, les chiffres ne mentent pas” ! Comme si les chiffres pouvaient parler et donc penser… Ce vieux truc éculé est recyclé à Bourges par le maire de la ville. Et même si c’est ringard et plein de toiles d’araignées, ce vieux truc reste un mensonge choquant et détestable.
> Le Big Journal numéro 19 du 20 octobre 2015. >>> Lien.
Le Berry républicain. Le chantier cale, les calculs dérapent (page 10). Vendredi 23 octobre 2015.
Gilblog : Le mystère des pénalités de retard. >>> Lien.
Lire dans gilblog la rubrique Culture et MCB. >>> Lien.