Né à Feurs, dans la Loire en 1948, imprégné dans sa jeunesse par l’idéal d’éducation populaire, Alain Meilland est est attiré très tôt par le théâtre et hésite entre devenir acteur ou chanteur ….si bien qu’il choisira les deux. Mais il sera aussi metteur en scène, comédien, poète libertaire, producteur de tournées, auteur, créateur du secteur chanson à la Maison de la culture de Bourges …et lauréat de l’académie Charles Cros en 1986, pour son disque “Les Cent printemps des poètes” …Entre autres choses, mais cette page ne peut suffire à résumer les multiples facettes de ce créateur étonnant.
Alain Meilland fait son entrée en scène à Saint Étienne comme acteur débutant en 1965 dans la troupe lycéenne Duk, en compagnie de Bernard Lavilliers. Puis en 1967 il intègre la prestigieuse troupe de Jean Dasté, la Comédie de Saint-Étienne, premier Centre dramatique national. Il fera une grande partie de sa carrière dans le théâtre, notamment sous la direction de Roger Planchon et d’Antoine Vitez,
En 1968 il se lie d’amitié avec Léo Ferré, alors en résidence à Lyon.
Mai 68 et la fréquentation des milieux libertaires stéphanois, l’amitié tissée avec Léo Ferré, l’exemple de la décentralisation culturelle avec Jean Dasté, la création de “spectacles montages” sont des éléments déterminants qui sous tendent sa carrière artistique.
Le théâtre conduit Meilland à la Maison de la Culture de Bourges pour la première fois en 1968, pour jouer dans la pièce “Le Dragon” mise en scène par Antoine Vitez. Puis, quelques années plus tard, de retour à Bourges c’est à la MCB, qu’il crée un atelier chanson qui est la préfiguration du Printemps de Bourges, co-créé avec Daniel Colling et Maurice Frot en avril 1977. Le festival, qui bénéficie du soutien de Jean-Christophe Dechico, directeur de la MCB, “Écoute s'il Pleut“ (Société Civile d'artistes associés) et France Inter, se déroule à la Maison de la Culture, dans un chapiteau place Séraucourt et au théâtre Jacques Cœur.
Puis en 1981, Alain Meilland est nommé directeur du Centre Régional de la Chanson de Bourges ; malheureusement ces centres créés par le ministre de la culture Jack Lang disparaitront, faute de crédits.
Il écrit en 1983 une comédie musicale : “Allumette”, qui sera jouée plus de cent cinquante fois en France, et dont le disque sera enregistré au Centre de la Chanson à Bourges..
En 1987 Alain Meilland part en Bourgogne et rejoint le “Centre Interrégional de diffusion culturelle” où il prend la direction artistique et technique d’un catalogue de tournées chanson. Puis il poursuit son activité à Paris avec Baret diffusion et PLP ; chanson, théâtre, café-théâtre, humour ….Catherine Lara, Jean Guidoni, le Théâtre du Splendid, Génération Brassens, École Alice Dona, La Contrebasse (avec Jacques Villeret), Muriel Robin, Élie Kakou…
En 1996, il revient à Bourges où il est nommé Directeur de la Culture du Tourisme et du Patrimoine de la ville par Serge Lepeltier, maire de l’époque. Coordinateur des activités culturelles, il met en œuvre des projets importants pour la cité : programmes des expositions d'art contemporain au Château d'eau, les Nuits Lumières de Bourges (2000), la Biennale d'Art Contemporain de Bourges (2002), l’Espace culturel de la Chancellerie "Le Hublot" (2005), le nouveau Conservatoire de Musique et de Danse (2007).
Alain Meilland est promu au grade de chevalier dans l’ordre national du mérite en 2006, lors de la trentième édition du Printemps de Bourges.
En 2010, ne souhaitant pas prolonger au delà sa collaboration avec Serge Lepeltier, il part en retraite. On lui trouvera divers successeurs, mais aucun qui qui soit fait de la même étoffe ou qui possède la richesse de son expérience.
En 2014 et 2015, il va revenir sur le devant de la scène en prenant activement parti pour la réhabilitation de la Maison de la Culture sur son site, classé monument historique. En même temps, il consacre l’essentiel de son énergie à la conception et à l’organisation des événements de l’association “Double Cœur”.
Le matin du 15 octobre 2017, Alain Meilland succombe à une crise cardiaque lors d’une cérémonie associant Double Cœur et le Conseil départemental du Cher.
La vie artistique et culturelle de ces quarante dernières années lui doit beaucoup. Son ambition pour une politique culturelle digne de ce nom à Bourges a été de chaque instant. Le réduire à une “figure de la culture berruyère”, comme l’écrit Le Berry est un peu court, de même que le tweet mesquin en guise d’oraison funèbre écrit par l’actuel maire de la ville.
Mais changeons de registre et laissons l’amitié parler, avec les mots de François Carré (son ami depuis la naissance du Printemps de Bourges, et président de “Double Cœur”), prononcés aux obsèques, ce 23 octobre :
“Alain, tu t’en es allé ce jour ensoleillé du dimanche 15 octobre. Le concert auquel tu tenais tant, que tu avais soigneusement préparé, a suscité l’engouement du public : plus de mille spectateurs. Comme les plus grands artistes, ta sortie de scène fut grandiose, comme ta palette d’artiste, ta bienveillance, ta générosité... tu es parti au son des chansons du grand Jacques, présentées par sa fille France et jouées à l’orgue par Frédéric Lamantia, qui a magnifiquement su faire résonner l’instrument sous les hautes voûtes de la cathédrale, et jusqu’au cœur du public.
Ton absence nous bouleverse, nous tous et tous ceux que tu as connus, côtoyés, aimés. Je te souhaite de poursuivre ton œuvre là où tu es, avec tous les Mohicans dont tu étais le dernier disais-tu... Léo, Popaul, Maurice et tous les autres.
Nous, nous mettrons toute notre énergie au service de l’impulsion et de l’inspiration que tu as réussi à nous donner, en sachant rester à l’écoute de ton sourire et de ton regard, pleins de tendresse et d’humour, qui ne manqueront pas de nous accompagner”.
> Sources : “Nos Enchanteurs” Alain Meilland 1948-2017, Wikipedia et François Carré.
> Alain Meilland en chansons sur YouTube. >>> Lien.