On ne se refait pas. Même au repos, Alain Broglio reste un fouineur invétéré avide de découvertes. Guidé par son flair proverbial et une intuition que les reporters du monde entier lui envient, il déniche le scoop dans des endroits aussi reculés qu’inattendus. Et il en réserve l’exclusivité aux lectrices et lecteurs de gilblog, comme de juste…
Sans doute éprouvé, voire un tantinet découragé, par les événements de l’actualité politique de cet été, je décidai samedi dernier d’aller flâner sur le marché de la halle au blé à Bourges, afin de me détendre.
Comme j’aime bien fureter sur les étals des brocanteurs et des bouquinistes, mon œil qui était intéressé par différents ouvrages historiques fut attiré par une boite contenant des photographies en vrac en plutôt mauvais état. Toutes étaient des tirages argentiques, anciens en noirs et blancs. Tous les formats du 10x15 au 30x40 étaient mélangés et c’est tout à fait par hasard qu’une photo s’imposa à mon regard : Il s’agissait de Jacques Brel debout devant un hôtel nommé “Hôtel Terminus et de Bordeaux”.
Devant mon air intéressé autant que dubitatif, le brocanteur vint jusqu’à moi pour me prodiguer quelques informations sur l’objet. C’est ainsi que j’appris qu’il avait déniché cette photo dans un lot contenu dans une valise de soldat en aluminium bouchonné, lors d’un vide grenier organisé pour la vente d’une maison du quartier des forges à Vierzon.
La dernière propriétaire était la veuve d’un photographe amateur, qui dans ses moments de loisirs photographiait avec plus ou moins de bonheur les événements de la ville et ses alentours. Au dos de l’image, le photographe avait écrit à la mine de plomb qu’il avait déclenché l’obturateur au moment où le grand Jacques allait pénétrer dans le hall de la gare de Vierzon. De plus il avait noté la date ,mais le temps avait fait son œuvre, elle était devenue illisible…
Alors, mon sang ne fit qu’un tour ! Cette photo relançait le débat, voire apportait une preuve à propos de la chanson de Brel “T’as voulu voir Vierzon”, parue en 1968. Car à Vierzon, depuis cette époque, il y a débat ! Certains affirment que le chanteur n’a jamais mis un seul pied dans la ville, et d’autres, avec la même conviction, soutiennent l’avoir vu, comme je vous vois, dans la cité. C’est dire !
Le cerveau en pleine ébullition, je me souvins d’un seul coup, avoir vu à une heure tardive un film sur FR3 Centre, ayant pour titre “À Vierzon, les habitants se passionnent pour leur ville”. L’enquête sous forme de déambulation était menée par Rémy Beurion, journaliste au Berry Républicain. Le film, au-delà de ce qu’il nous apprenait sur la vie passée et présente de la ville, déroulait une trame qui nous amenait à croire, ou non, à la venue du poète chanteur dans la sous-préfecure.
Globalement, ce film à la démarche assez biaisée nous amenait à penser que Jacques Brel à Vierzon était un mythe. Mais quoi de plus fort qu’un mythe pour créer une religion avec ses fidèles dotés d’une foi inébranlable ?
La découverte de cette photographie unique va, je pense, relancer le débat avec une intensité inégalée. Personnellement, ma curiosité a été tellement aiguisée, que je vais y consacrer du temps, de l’énergie, voire une forte dose d’hyper activité.
Pour information, les premiers pas de mon enquête m’ont fait découvrir, en consultant les registres de l’hôtel de Bordeaux, que Brel n’a jamais résidé dans cet établissement, mais qu’il aurait paraît-il, à l’instar d’un autre illustre artiste aviateur, Antoine de Saint Exupéry réservé une chambre à “l’Hôtel du Bœuf” aujourd’hui disparu. Par contre, ça ne colle pas au niveau des dates. Zut…
Le débat est donc relancé et il faut espérer que les habitants et les associations vont se mobiliser pour résoudre cette énigme. On peut en attendre des retombées très positives pour la ville !
> Alain Broglio. Envoyé spécial pour Gilblog et pigiste pour “Gala” et “Closer”.