Eh, la rédaction du Berry Républicain, en français, on dit retrait d'espèces. Et savez vous qu'il y a des gens qui déclarent ne plus rien comprendre aux titres de la presse, ou aux termes employés dans les journaux télévisés ? On dirait que l’invasion de la bêtise arrive avec celle de l’anglo-américain…
Les journalistes (dont la priorité devrait être de chercher à être compris), multiplient les anglicismes, et surtout, les américanismes. Pourtant, ils devraient méditer cette formule d’Alain Schifres : "écrire en anglais est certes un moyen reconnu d'éviter les fautes de français. Le problème est que les lecteurs ont souvent fait français première langue !” .
C’est ainsi qu’en page 2 du Berry du 24 septembre, après la première page et son “cashback”, la lecture d’un article très détaillé sur les divers outils de retrait d’espèces dans nos campagnes, est gâchée par un titre avec un nouveau “cashback” et un sous-titre évoquant “un monde sans cash”, dans lequel on apprend que des commerçants de Bourges ont participé à un “afterwork”. Ce terme obscur signifie rencontre hors du cadre professionnel, ou encore soirée entre collègues. Pourquoi ne pas écrire tout ça en français ?
Le terme anglais est d’ailleurs mal employé par ses promoteurs français, car le cashback, né aux États Unis, est un système permettant aux porteurs de cartes de crédit de bénéficier d’un pourcentage sur les sommes réglées dans l’année avec cette carte, et non une méthode pour retirer des espèces !
Ces sottises ne seraient que pédantes et ridicules si notre façon de parler ne déterminait aussi notre façon de penser. "Certains croient que l'on peut promouvoir une pensée française en anglais : ils ont tort”, écrit Claude Hagège. Pour le célèbre linguiste : imposer sa langue, c’est aussi imposer sa manière de penser. Car l’abus des mots anglais n’est pas un processus normal ou sain, avec la mondialisation, il se produit partout sur la planète au détriment de la diversité linguistique. Et les anglicismes ne sont généralement pas diffusés et créés par le peuple sur le terrain de la communication quotidienne, mais par les très nombreux journalistes fainéants, snobs ou américanophiles dans les médias.
Le plus grave est que les “élites” françaises, formées à l’ENA, Sciences Po ou HEC, pourtant nourries aux textes de nos grands auteurs et philosophes, sont les premières à passer servilement dans le camp adverse. Comme dit dit encore vertement Claude Hagège : “En adoptant la langue de l’ennemi, elles espèrent en tirer parti sur le plan matériel, ou s’assimiler à lui pour bénéficier symboliquement de son prestige. Ceux qui s'adonnent à ces petits jeux se donnent l'illusion d'être modernes, alors qu'ils ne sont qu'américanisés."
Espérons une saine réaction du Berry Républicain, et que les journalistes se rappellent l’article 2 de notre Constitution : “La langue de la République est le français.” En clair : tout citoyen doit pouvoir s’exprimer et obtenir une réponse dans sa propre langue.
Et n’attendons pas que le Français soit moribond pour commencer à réagir.
> Source : Le Berry du lundi 24 septembre 2018.