Réseau Ferré de France n’aura pas attendu les conclusions du débat public sur le choix du tracé de la future et hypothétique ligne LGV- POCL pour débuter les travaux d’évaluation de tenue du ballast sur différents types de terrains. En effet, lors d’un pince-fesse organisé en région Centre par les plus hautes autorités ministérielles, une indiscrétion, sans doute consécutive à la synergie des effets conjugués entre vapeurs de champagne et remugles de petits fours, un haut fonctionnaire a pris un chemin de traverse et, sans pour autant préciser le choix du tracé définitif, a informé l’auditoire que les premières expérimentations de tenue du ballast étaient déjà bien avancées en région centre.
La première expérience disait-il était déjà dans une phase de validation définitive et se déroulait depuis déjà deux années dans la vallée de l’Yèvre, à Marmagne, sur des prairies humides et instables, à proximité d’un site Natura 2000. Ceci dit, et grâce à l’apport volontaire consenti par de généreuses entreprises, des matériaux, issus du BTP, (béton, bitume, amiante, métaux…) qui par ailleurs auraient du être recyclés ou entreposés à grands frais en décharges spécialisées font à ce jour le bonheur de RFF et des collectivités locales qui verront ainsi leur contribution financière allégée d’autant. Techniquement, force est de constater que les doutes initiaux sont balayés et que le LGV pourra passer à grande vitesse sur les terrains spongieux et inondables de la vallée de l’Yèvre. D’après notre haut fonctionnaire, ce ballast dit "ballast de terrain mou" tiendra mille ans sans maintenance majeure. Le progrès est en marche et très durable.
Quant à la deuxième étude, dite étude de "ballast de terrain dur", elle est en cours et a lieu à Saint Eloy de Gy. Pour les amateurs de technologies d’avant-garde, elle est parfaitement visible depuis la D 944. Ici, l’assise est satisfaisante, mais le sol est très compact et très dur et donc propice à la transmission des vibrations. Il fallait imaginer que cette assise qui supporterait le ballast devrait absorber les vibrations sans les transmettre pour autant. Après avoir phosphoré un long moment, les ingénieurs ont eu une idée lumineuse en imaginant que s’ils plaçaient des volumes creux en assise, ces derniers agiraient comme des amortisseurs en absorbant les énergies sans les restituer alentours, ensuite il suffirait de combler, comme pour Marmagne, avec des déchets de BTP gracieusement offerts par de généreuses entreprises. Un contrat de confiance a donc été diligemment signé avec une grande chaîne d’électroménager et ce sont désormais les vieux frigos, les gazinières obsolètes, les machines à laver hoquetantes qui vont désormais contribuer au confort des futurs passagers et au désenclavement de notre belle région. Encore une fois, et grâce à cette intelligence collective, notre savoir faire dans le domaine des transports va rayonner de par le monde tel un phare dont le faisceau civilisateur ne s’éteindra qu’avec le soleil.
Alain Broglio, envoyé spécial chargé des transports en Berry.