On peut voir quotidiennement en bas de la première page du Berry Républicain un petit encadré avec la réflexion du jour. À mes yeux ce remplissage est bien souvent un bouquet de platitudes et de bien pensance. Cette fois, l’innocent billet du 20 mars fait une confusion grave, il confond solidarité et charité ! Et d’invoquer les Restos du cœur et de faire appel au bénévolat et à mettre la main à la poche, et de baptiser ça du nom de solidarité. Le plumitif du Berry est peut-être atteint d’un symptôme qui mériterait d’être analysé ?
Dans son blog Vaillantitude, le vierzonnais Jean-Marie Favière s’indigne de la teneur de ce billet. Je cite quelques uns de ses propos et j’y ajoute les miens.
Pour Jean-Marie Favière ces billevesées ne visent qu'à nous égarer. Écoutons plutôt Jean Jaurès, dit-il : “Les hommes n’ont pas besoin de la charité qui est une des formes de l’oppression ; ils ont besoin de la justice”.
Le Berry invoque Coluche ??? Mais c'est lui qui disait que si les Restos, secours d'urgence immédiate créés en 1985, étaient encore là dix ans après leur création, ce serait un scandale d’État ! Eh bien nous y sommes. Apparemment la conception de la solidarité qui se révèle ici n'est pas celle de la tradition qui passe par Babeuf, Gambon, Pyat, Jaurès, Guesde, Vaillant, et bien d'autres, comme Ambroise Croizat, père de la Sécurité sociale.
D’accord avec Jean-Marie Favière, la sécu, quelle belle et bonne référence, voila un exemple pour comprendre le sens du mot solidarité ! En effet, le tout premier article du Code de la sécurité sociale déclare que “la sécurité sociale est fondée sur le principe de solidarité nationale”. Oui, car elle se veut constituée de droits des individus et gérée par les intéressés, ce qui n’a rien à voir avec la charité, mais beaucoup avec le traitement des accidents de la vie de ceux qui travaillent. ...Et avec la pandémie du coronavirus qui a grand besoin de la solidarité nationale.
Les soignants, les caissières, les confinés, les personnes solidaires, que ce soit au niveau d'un syndicat ou de la société tout entière, se sentent appartenir à un ensemble qui est menacé lorsque l'un d'eux est menacé. Comme le montrent les nombreux gestes pour abonder la caisse de solidarité des grévistes luttant contre la “réforme” des retraites.
A l'inverse, la charité indique plutôt la pitié pour quelqu'un d'extérieur à soi ou à son propre groupe. Ce qui n’est pas méprisable loin de là, mais ce n’est pas la même chose et présente d’évidentes limites.
La solidarité c’est ambitieux et généreux, c’est efficace, c’est choisir de jouer collectif au lieu de jouer pour soi, c’est un pour tous - tous pour un, c’est l’entraide générale.
C’est cela dont les Français, tous les Français, ont besoin.
“Mettre définitivement l’homme à l’abri du besoin, en finir avec la souffrance et les angoisses du lendemain”, telle était la devise d’Ambroise Croizat.
“Aidons-nous mutuellement, la charge de nos maux en sera plus légère. Je marcherai pour vous, vous y verrez pour moi” disait Florian dans une fable.
“Chacun est seul responsable de tous”, écrivait Antoine de Saint-Exupéry.
> La page de Jean-Marie Favière dans Vaillantitude. >>> Lien.