Le "tout pour le TGV” a englouti depuis vingt cinq ans des sommes considérables et disproportionnées : 38% des investissements entre 1990 et 2015 pour 2% des cinq milliards de trajets effectués chaque année ! Soit trente milliards d'euros sur les soixante dix huit investis dans le rail (rapport de la commission des comptes des transports de la Nation - CCTN).
Au Sénat, Hervé Mauray, ancien membre du conseil de surveillance de la SNCF, confie des observations inquiétantes: "Certaines caténaires ont plus de quatre vingts ans, j'ai vu des photos de traverses complètement pourries. Quand vous avez des portions aussi vétustes que ce qu'on observe, on peut très bien demain avoir un accident comparable à celui de Brétigny” (7 morts et 70 blessés le 12 juillet 2013).
Cette incroyable vétusté fait non seulement fuir les clients, mais explique aussi l'accumulation de pannes, dont celle de Montparnasse où un "défaut d'isolation d'une installation électrique" et “un câblage hors d’âge" seraient à l'origine des pannes de signalisation et du blocage du service.
Le rapport Duron qui vient d'être remis au gouvernement le 1er février et auquel la presse a fait fait un large écho, confirme la nécessité d’un changement de priorités en faveur des lignes existantes, et la suspension pour dix ans des projets de Lignes à grande vitesse et autres projets dispendieux. Vous avez compris : le POCL (Paris-Orléans-Clermont-Lyon) a du plomb dans l’aile.
C’est le moment de se rappeler l’argument de la “saturation” de la ligne historique LGV Paris-Lyon, qui servait de justification à l’ouverture de la ligne POCL. Mais cette “saturation” n'a jamais été démontrée, annoncée pour 2020 puis pour 2035, elle est dorénavant reportée à 2038, voire plus tard, du fait de la mise en place du nouveau système d'exploitation ERTMS49 et de l'entrée en service de matériels TGV de plus grande capacité. Dans ce contexte, le rapport considère qu'il est pertinent (jusqu'à un éventuel réexamen dans dix ans), de ne pas poursuivre les études du projet Paris-Clermont Ferrand-Lyon !
Or les promoteurs du projet dans le Cher (en particulier le Sénateur Rémy Pointereau, président de l'Association TGVGCA), proclamaient encore le 1er septembre 2017 dans Le Berry Républicain que la “saturation est à court terme” ! Il y a de quoi s’interroger. De deux choses l’une : ou ces élus ne connaissent pas le dossier et ils affirment n’importe quoi, ou ils le connaissent et ils mentent aux citoyens…. À moins que, gravement drogués aux vapeurs des “grands travaux”, ils n’aient perdu la raison et oublié les usagers des trains de nos départements !
Pour l’association “Non au POCL”, cette erreur de Rémy Pointereau et des promoteurs du POCL n'est pas la seule : ils oublient que moderniser radicalement les lignes existantes reviendra quatre fois moins cher et sera beaucoup plus rapide que construire un nouveau TGV.
Mais il y a plus grave dit “Non au POCL”: le combat mené par les promoteurs du POCL a fait perdre dix ans aux départements du Grand Centre de la France ! Si, au lieu de se battre pour ce grand projet hypothétique, ils avaient exigé une modernisation radicale des lignes existantes, Bourges et Vierzon, ainsi que Montluçon et Nevers auraient pu être reliées dès 2020 à Paris par des trains fiables, confortables et rapides (moins de 90 minutes pour Paris à Bourges) comme le demande la Fédération des usagers de la SNCF. Cliquez sur la carte pour l'agrandir.
Des années ont donc été perdues à cause de parti pris qui ne s'appuient sur aucune étude comparative sérieuse. Ainsi, d’ici à ce que le retard de la SNCF soit rattrapé, les voyageurs des départements du Grand Centre de la France vont continuer à souffrir de la faiblesse des moyens de communication à cause de l’aveuglement de certains élus pour un projet “pharaonique” devenu obsolète.
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