La semaine passée, en tant que pêcheur à la truite en train de préparer sa partie de pêche, je fouissais dans une frayère à la recherche de charbois (non local donné aux larves de Trichoptères pour les savants), en aval de Morogues, car j’avais jeté mon dévolu sur la petite rivière locale "Le Colin" qui serpente entre vignes et rives boisées....
Au bout d’une heure, n’ayant toujours rien trouvé, je redoublai d’ardeur et tout à coup, mon attention fut attirée par une espèce de bestiole que je ne connaissais pas, ou du moins que je ne reconnaissais pas, car en fait, il s’agissait d’un charbois, ce qui m’a été confirmé ultérieurement par le muséum de Bourges, en la personne de l’éminent professeur Phrygane. Mais il faut savoir que ce charbois est un mutant qui a su s’adapter à la pollution locale en confectionnant son tube protecteur à partir de matières plastiques et de déchets organiques tout en se nourrissant de produits chimiques de synthèse, voire de médicaments et autres œstrogènes, qui ont été identifiés par les scientifiques des laboratoires. Un laboratoire allemand a même pu chiffrer la quantité de glyphosate contenue dans mes larves de Trichoptères, c’est dire.…
Étonnant me direz-vous ! Eh bien pas tant que cela, car à Morogues, si la vocation agricole était plutôt dédiée à l’élevage et aux prairies, les temps changent et le "modernisme agricole" accélère cette mutation qui aboutit au changement de destination des terres ; à savoir : culture de céréales avec agrandissement des parcelles, arrachage des arbres et arasement des haies, ce qui implique un drainage des terres et l’emploi de pesticides et autres désherbants... L’observateur attentif, le randonneur, retrouveront tous ces indices au cours de leurs promenades nature : Ils observeront les buses de sortie de drainages parfaitement désherbées afin que rien n’entrave le débit d’eau du fossé, les poteaux de clôtures et les grillages parfaitement glyphosatés sur le domaine public sans doute en signe de soutien indéfectible à "Bayer/Monsanto".
Un naturaliste local et artiste de son état ayant sans doute voulu témoigner de l’engagement des édiles pour l’environnement a réalisé une coccinelle géante, symbole s’il en est d’une nature saine… Hélas, la pauvre coccinelle qui ressemble à une punaise arlequin est posée sur un lit de galets adossé au squelette d’un arbre mort depuis des lustres et le pauvre insecte semble perdu dans ce qui s’apparente au désert minéral qui attend l’espèce humaine.
Si l’intention était de nous dire : Regardez comme la nature est belle, l’effet est pour le moins raté ! Entretemps, mon enquête auprès de la DDT* et de L’ARS* m’apporte des réponses qui me laissent pantois : La commune de Morogues, à l’heure de l’Europe et de ses directives liées à la qualité des eaux n’est pas dotée de station d’épuration et recrache donc tous ses effluents en direct dans le Colin ; pas étonnant que la faune ou du moins ce qu’il en reste soit quelque peu mutante…
Je tirai donc un trait sur mes parties de pêche et décidai avant de quitter Morogues d’aller visiter le cimetière communal (je le fais toujours quand je visite un village, histoire de me ressourcer auprès des sages âmes des aïeux).
Et c’est en arpentant l’allée qui mène vers ce lieu de paix éternelle que je reçus l’estocade environnementale.....
Sans doute dans un but louable de ne pas faire regretter la vie terrestre aux défunts que l’on porte en terre, la municipalité a décidé de tronçonner les marronniers qui bordaient cette allée ! De leurs majestueuses ramures, il ne reste plus que de hideux poteaux dignes de l’apocalypse environnementale en cours.
Désabusé, une fois rentré à la maison, je me suis réfugié dans plusieurs épisodes de “Capitaine Marleau" tout en buvant une camomille verveine pour désengorger le foie.
> Alain Broglio. Envoyé spécial de Gilblog et pigiste à "La pêche c’est sensas !!! "
*DDT Direction Départementale des Territoires. *ARS Agence Régionale de Santé
> Ceux qui croient qu’Alain Broglio est un pseudo de gilblog se trompent ! Alain Broglio existe vraiment et m’envoie ses coups de gueule et coups de rire quand ça le démange. Bien que les moroguois et les moroguoises comptent au nombre de mes chouchous, je ne peux m’autoriser de modifier le propos d’Alain Broglio (qui lui aussi fait partie de mes chouchous). Je dois avouer que, n’étant pas pêcheur, il ne m’était jamais venu à l’idée de tremper le fil dans le Colin et de promener mon appareil photo dans les alentours du village. Tant pis.