Michel Pinglaut.  Parlez  vous  jedek ?

sauvage-feuilles

Parle-t-on jedek à Osmery (276 habitants) ou à Grossouvre (287 habitants) ?

J'ons lu dans "le propos d'un jour" du quotidien "Le Berry Républicain" que "des linguistes suédois viennent de faire une découverte rarissime dans un village situé au fin fond de la Malaisie. Ils ont découvert une langue inconnue  parlée par deux cents quatre vingt personnes, qui vient s’ajouter aux six mille langages qui existent déjà sur notre planète. 
Baptisée "jedek" cette langue a une particularité très originale. Elle ne comporte pas de mots pour acheter, emprunter, vendre ou voler". Nous, en Berry, vendre se dit 
vende. Il est arrivé que des paysans, lorsqu'ils avaient une fille à marier, se sont fait payer du vin pendant des années par les amoureux avant de donner leur consentement. Mais la fille quanqu'elle est mariée, adieu les séances de cabaret. Oui da, s’il marie sa fille, on dit au paysan: "t'as vendu ta vigne !”. Écho donc d'un système machisse de la cuisse du XIXe siècle, et peut-être encore du XXe. 

Pour voler, on dit cheux nous : barboter et le voleur est un voleux. D’un pauvre, un paure gâs, on dira :" i craint pas les voleux, i la ren à prende". Dame, certains ont un empoussement, une excitation mauvaise à fait du mal, à barboter.

Tins donencore une sornette de cheux nous : parler bas se dit: crier coume un voleux d'ch'vaux. Bé dame, le voleux va pas l crier su' les toits ! Jaubert* raconte que cette expression a été employée au tribunal de Saint Amand (on n'est pas loin d'Osmery et de Grossouvre), par un témoin. Interrogé sur la résistance que faisait une personne qui se plaignait d’avoir été violentée : elle criait coume un voleux de ch'vaux. Sous-entendu, elle ne se plaignait pas trop fort, donc elle était consentante ! Encore un fait machisse de la cuisse.

Reprenons la lecture du “BR”: " sa plus grande richesse - à ce parler - concerne le vocabulaire traitant du partage et des échanges". Cheux nous, depuis 1848, après lannée de la Peur en 1789, on n’apprécie pas les partageux, ceux gâs qu'avaient des idées subversives (le comte Jaubert dixit).

Le "BR" termine: "la langue jedek reflète une société sans violence et sans esprit de compétition où tous participent à la vie du groupe. Un monde de rêve".
Est-on aussi civilisé en Berry que les aborigènes malais, qui apparemment ne sont pas encore touchés par la peste brune et autres malheurs ?

Albert Nanciau, alias Michel Pinglaut.


* Hippolyte-François Jaubert est l'auteur du ”Vocabulaire du Berry et de quelques cantons voisins, par un amateur du vieux langage”, 1842.

> La jeune dame de la photo n’est pas une Jedek, mais elles lui ressemblent probablement un peu.

Gilblog La Borne mon village en Berry, est un blog de clocher, un cyberjournal d’expression locale et citoyenne. Dans gilblog, lisez des nouvelles de La Borne et du Berry en mots et en images, pages vues sur le web, citations, dico berrichon, coups de gueule et coups de coeur. Tout ça est éclectique, sans prétention et pas toujours sérieux, mais gilblog est amical avant tout. Gilblog, un site web fait à La Borne et réalisé entièrement à la main sur Mac, avec l'excellent  logiciel SandVox. © Photos Marie Emeret & JP Gilbert. © Textes et dessins JP Gilbert. Cartes postales anciennes: collection JP Gilbert. Vignettes : Dover éditions. Toute image ou contenu relevant du droit d’auteur sera immédiatement retiré(e) en cas de contestation. Les commentaires sont les bienvenus sur ce site. Les avis exprimés ne reflètent pas l'opinion de gilblog, mais celle de leurs auteurs qui en assument l’entière responsabilité. Tout commentaire vulgaire ou injurieux, ne respectant pas les lois françaises, tout billet insultant ou hors sujet, sera automatiquement revu ou rejeté par le modérateur, ainsi que les messages de type SMS et ceux des trolls. Conformément à la loi, votre adresse IP est enregistrée par l'hébergeur.