Sous la plume de Dominique Diogon, Le Berry républicain de lundi 17 mars 2025 publiait en page 32, un éditorial critique d’une grande lucidité sous le titre : Immense mascarade. Notre unique quotidien régional ne nous avait pas habitué à pareille chose depuis longtemps. Je partage cet article avec d’autant plus de plaisir et avant qu’il ne soit oublié.

Avec le recul, on a envie de dire : tout ça pour ça ? Il y a six ans pourtant, le storytelling* de l'Élysée tournait à plein régime. Ainsi, le Président rentrait avec gourmandise dans l'arène du Grand Débat national pour charmer son auditoire et retisser les liens avec cette France délaissée qui battait le pavé tous les week-ends. Si cela ne suffisait pas, les cahiers de doléances, noircis rageusement par milliers aux quatre coins du pays, étaient là pour servir d'exutoire épistolaire aux rancœurs intimes les plus profondes. Le subterfuge fonctionna parfaitement. Le mouvement des Gilets jaunes, privé d'oxygène, s'éteint progressivement. Les cabinets de conseil avaient bien mérité leurs petits billets. La suite ? Rien ou presque. La pandémie de Covid-19 a bon dos. Non seulement les racines de ce mal-être sociétal n'ont pas été traitées mais ces cahiers, qui constituent une radiographie inédite du pays, donnent l'impression d'être restés lettre morte. Pire, leur dépouillement a été confié non pas à des chercheurs mais, une nouvelle fois, à des cabinets de conseil. Chassez le naturel !... Au final, cet épisode laisse le sentiment d'une immense mascarade. Et illustre à merveille la défiance grandissante entre citoyens et politiques.
*Storytelling, ce mot qui ne pouvait être inventé que par des états-uniens, signifie en français : l'art de raconter une histoire. On pourrait dire aussi : réécrire un événement à des fins politiciennes.