Jeudi 3 décembre 2015 une conférence sur l’état de l’eau dans le Cher s’est déroulée à La Borne dans la salle du Centre céramique. Ce soir là, l’Association de veille environnementale du Cher (AVEC), nous a appris des choses inquiétantes sur l’état de l’eau que nous buvons. En effet, contrairement aux déclarations préfectorales complaisamment relayées chaque année par la presse locale, la situation n’est pas brillante. En voici quelques exemples extraits de la conférence.
En passant de 118 captages à 74 de 1998 à 2015 (seulement 17 ans), le Cher qui faisait déjà partie des vingt départements français comptant un très faible nombre de captages d'eau de consommation (moins de 150), a perdu 44 captages d'eau potable, le tiers de ses moyens d'alimenter la population !
Selon un document de la Direction Générale de la Santé, la qualité de l'eau est la première cause de fermeture de captages et les pollutions agricoles sont à l'origine du plus grand nombre d'abandons.
Il faut savoir que 60 % de la superficie du département du Cher sont classés Zone vulnérable aux nitrates d'origine agricole, comme l’indiquent les documents de l’Agence régionale de santé (ARS). Régulièrement de nouvelles communes s’ajoutent à la liste : 40 communes de 1999 à 2012 !.
À Bourges, on a du fermer le captage Henri Sellier, le plus pollué - une fois et demie le taux de nitrates maximum autorisé : "sa moyenne était de 77mg par litre sur l’année". Le captage du Porche connaissant une pollution chronique et élevée aux nitrates, la solution a été de mélanger l’eau du captage avec de l’eau puisée dans la Loire. Désormais les berruyers et les habitants des communes voisines boivent de l’eau “mélangée”. Ça ira tant que la Loire ne sera pas polluée, comme cela vient de se produire en amont d’Orléans….
Mais il n’y a pas que les nitrates d’origine agricole qui polluent, il y a aussi les pesticides. Il faut savoir qu’une goutte de pesticide suffit à polluer plus de cent mètres cubes d’eau ! Bien qu’ayant été interdites d’utilisation depuis 2003 et 1997, des pesticides tels que l’atrazine et la simazine sont encore détectés dans l’eau de consommation (ce qui avait causé la fermeture du captage de Neuvy deux Clochers - un nouveau captage a été créé depuis)…
Dans une étude datée du 22 juillet dernier, le Commissariat général au développement durable, montre que la contamination des cours d’eau français par les pesticides est “quasi généralisée”. Pire encore, les réserves du sous-sol sont également atteintes. Selon l’étude, les contaminations des nappes phréatiques par les pesticides sont essentiellement localisées, pour les plus fortes, en région Centre, ainsi que dans les Charentes, le Vaucluse, les Alpes de Haute-Provence.
D’après les documents de l’ARS, les eaux de Vinon, Gardefort, Feux, Groises, et Jalognes ont un taux de pesticides de 0,16 microgramme par litre, supérieur à la norme admise. Il est de 0,20 microgramme par litre à Marseilles les Aubigny.
À Quantilly, le captage de la Rabelette pollué par l’atrazyne a été fermé en 2002, il a été déclaré “non protégeable”. En 2003, les habitants du canton de Sancergues et des hameaux de Marseille-les-Aubigny en 2003 n’ont pu boire l’eau du robinet du 21 octobre au 3 novembre du fait d’une pollution aux pesticides avec un taux de 1,47 ug/l de Trifunaline (herbicide contre le colza) relevé dans la nappe phréatique (captage de St Léger). Huit mille habitants étaient concernés.
Ajoutons pour compléter ce triste tableau les pollutions diverses (hydrocarbures, décharges illégales, pyralène, les PCB) et les rejets de stations d’épuration (STEP)….
Il faudrait des pages et des pages pour rapporter les faits cités dans cette conférence/projection étayée par de très nombreux documents. Mais le 30 mai 2016 dans le cadre de la “Marche Pour l’eau”, elle sera présentée à nouveau, avec avec pour témoin Jérémy Jolivet, technicien au Syndicat Intercommunal de la Vallée de l’Yèvre.
Une “Marche pour l’eau” au printemps 2016.
En effet, du 31 mai au 5 juin 2016 (dates à confirmer), l’AVEC organisera dans le Cher une “Marche Pour l’eau”. La marche passera par des communes situées sur le cours de l’Yèvre selon des étapes dont certaines restent encore à déterminer.
Les soirées de ces étapes seront marquées par des conférences présentées par des personnalités qualifiées et renommées. Sauf changements susceptibles de se produire d’ici là, le programme comprendra : une conférence de Bernard Drobenko (professeur des Universités), sur le thème “Accès à l’eau pour tous, enjeux contemporains”. Une intervention de François Veillerette (porte-parole de l’Association Générations Futures), sur le thème de “Eau et Santé”, avec Jean Marie Desdion (agriculteur victime des pesticides, de l’Association Phyto-Victimes). une causerie de Marc Dufumier (ingénieur agronome en bio bien connu), sur le thème “Eau et Agriculture”. Une intervention de Jean Luc Touly (président de l’Association pour un Contrat Mondial de l’Eau), et Roger Lenglet (philosophe et journaliste d’investigation), sur le thème de “l’Eau, bien commun ou bien privatisable” ?
Bien entendu, Gilblog vous donnera le programme détaillé de l’événement dès que possible.
D’ici là, notez bien ces dates et rendez-vous à pied à vélo, à cheval ou en voiture pour la “Marche pour l’eau” !
> Cliquez sur les cartes pour les agrandir.
> Les informations de la conférence “sont puisées aux meilleures sources” : l’Agence régionale de santé (ARS), les pages locales du Berry Républicain, et de La Nouvelle République.
> Lire aussi dans gilblog. 21 mai : l’eau dans le Cher, état des lieux. >>> Lien.
Vierzon. Le Bois blanc n’est pas blanc-bleu. >>> Lien.
Vingt deux nouvelles communes du Cher vulnérables aux nitrates ! >>> Lien.
Combien de fermetures de captages d’eau potable dans le Cher ? >>> Lien.
Retour de l’eau de source à Neuvy deux clochers. >>> Lien.