Après quelques semaines de travaux, la gare de Bourges retrouve son "Point presse". Au premier abord, on ne remarque pas de changement majeur, jusqu’au moment où l’on souhaite compulser quelques revues au hasard des thèmes et de l’humeur du moment. Si l’on trouve toujours les quotidiens régionaux et nationaux, il n’en est plus de même avec les hebdomadaires, les mensuels, les trimestriels, les thématiques etc.
Par contre, tout le mur du fond (le seul que l’on voit en pénétrant sur cette surface de vente) est intégralement dédié à la malbouffe, aux colifichets et autres bricolos… Quelques slogans écrits en rouge guident le chaland vers son choix : "Appétit d’oiseau ou faim de loup !, on a pensé à tout !"… Au regard des produits proposés, il a surtout été pensé au business de l’industrie agroalimentaire le plus détestable. Sucres, graisses hydrogénées, aspartam pour le pseudo-light, huile de palme, bonbons aux couleurs inhumaines et puis des petits nounours en peluche sans doute destinés à se lover et se rassurer, au cours du voyage, dans un "cocooning" de mauvaise facture. Cette mutation radicale vient sans doute parachever l’œuvre de destruction massive des individus qui, dans un premier temps, auront vu leur cerveau lobotomisé par la presse "people" qui, par ailleurs a encore largement sévi la semaine passée. La destruction de la pensée ayant porté ses fruits, il restait à s’attaquer au corps ! Désormais, c’est chose faite : l’opération est en cours. On ne sait pas encore si un suivi est mis en place par l’agence régionale de santé avec un décompte à la caisse des cas d’obésité, de diabète et des maladies coronariennes.
Pour faire "branché et dans le vent", quelques aphorismes de style "british" sont imposés à notre regard : Be zen, be curious, be positive, be relax etc. Hélas les nouveaux sages mais mauvais publicitaires ont lamentablement oublié le principal ; à savoir : BE FAT !!!
Renseignements pris auprès du personnel en place à propos de cette opération santé, je me suis entendu dire : "Mais c’est tendance Monsieur, les gens ne lisent plus la presse et ils adorent ce que nous proposons. Quant aux maladies, vous savez s’il fallait penser à tout ! Et l’air que vous respirez alors Monsieur, Il est propre ???".
Heureusement, il restait une place assise dans la salle des pas perdus, je m’y suis posé pour récupérer, j’étais salement groggy…
Alain Broglio. En reportage exclusif pour "La vie du rail" et gilblog.