Au retour d’un reportage sur les pétrodollars en Arabie Saoudite, j’ai commencé à enquêter sur une alternative aux énergies fossiles au cœur de notre Berry profond ; plus particulièrement sur la filière photovoltaïque. En effet, depuis quelques temps, la ”PQR” (la Presse Quotidienne Régionale, réduite à un seul titre, en l’occurrence le Berry Républicain), relaie des informations selon lesquelles notre région deviendrait le fer de lance de l’installation de ”fermes” photovoltaïques qui participeront grandement à notre indépendance énergétique et ouvriront la porte à de nouveaux lendemains enchanteurs.
Enchanteurs, car en toute logique, cette production cumulée avec l’éolien déjà bien implanté, devrait aboutir à la fermeture de la centrale de Belleville sur Loire ainsi qu’au gel de l’achat des cent quarante hectares de terres agricoles destinés à la construction d’un EPR… ou d’une piscine de stockage de déchets… Mais ça c’est une autre paire de neutrons !
Suite à ces informations, et notamment les dernières en date dans le Berry Républicain du 19 novembre 2018 relatives à la réalisation d’un site photovoltaïque à Saint Germain du Puy, j’ai revisité les documents disponibles relatifs à ces implantations. Premier constat : Elles sont toutes installées sur des terres agricoles, et notamment la première sise sur la commune de Marmagne, à Cors, au beau milieu d’un champ à vocation céréalière à haut rendement. Cette ferme verra sa surface notoirement augmentée et le nombre de capteurs passera de 11 132 à 28 232 panneaux…!
Pour information, cette réalisation n’est absolument pas visible depuis une route. C’est pourquoi, précédé de mon super drone de fabrication locale (de la Société Dronatique Vierzonnaise), je me suis rendu sur les lieux. Comme vous pouvez en juger, en s’élevant dans le ciel, on voit très précisément la surface de terres agricoles occupée par ces panneaux photovoltaïques. A ce propos, il semble impossible actuellement de contacter le maire de Marmagne et président du Syndicat Départemental d’Énergie du Cher pour évoquer ce problème de destruction de notre agriculture. Il semblerait (d’après son secrétariat), qu’Aymable de Gerbille ait trop de travail avec les stratégies à affiner pour imposer l’installation des compteurs Linky, en compagnie de son ami Rungis de Carabanchel, expert consultant et promoteur dans le domaine.
Mais l’affaire de Cors à Marmagne, n’est en fait qu’une mise en bouche car les projets, pour certains déjà bien avancés, fleurissent comme les pâquerettes au printemps dans tout le département.
A savoir (et pour exemple, car la liste n’est pas exhaustive) : un projet est à l’étude à Vierzon au vieux domaine, un autre à La Groutte sur un site riche en biodiversité et dont les cavités naturelles ont été comblées en toute illégalité avec le détournement de déchets ménagers issus de l’agglomération Saint- Amandoise en 2014, alors qu’il existe un site dédié à Orval.
Et puis, à la Chapelle Saint Ursin, dans le périmètre du site emblématique et classé des communaux le projet dit des ”Laburets”, conduit avec zèle par Ygor Bouchon, maire.
Aujourd’hui, voici que Saint Germain du Puy entre en lice (voir le Berry Républicain du lundi 19 novembre 2018), avec un avis favorable du commissaire enquêteur qui affirme dans ses conclusions que l’artificialisation des terres agricoles, ce n’est pas grave car il est toujours possible de se convertir en éleveur de moutons à l’ombre des panneaux…
Ce qui risque par ailleurs de faire une rude concurrence aux moutons de prés-salés du Mont Saint Michel… Une indiscrétion m’informe en effet qu’une appellation d’origine serait sur le point d’aboutir et le fameux label aurait pour intitulé ”Le mouton photon, l’authentique mouton du Berry”.
Mais auparavant et selon des milieux bien informés (puisque très proches de l’exécutif), un projet plus que confidentiel est en passe de voir le jour. A savoir : épandre du sel sur les prés qui jouxtent les berges de l’Yèvre afin de concurrencer la production de moutons de pré-salés du Mont Saint Michel…
Une convention établie entre le Conseil Départemental, le Conseil Régional et la Chambre de Commerce de Guérande pour la fourniture du sel vendéen a été récemment signée. Mais, coup de théâtre, le projet a brutalement été rejeté à cause d’un énarque de sensibilité écologique (le seul et dernier de l’espèce sans doute ?). Ce dernier, impliqué dans l’organisation de la ”COP 24”, a refusé le dossier au motif que la noria de camions livreurs de sel dépassera les quotas imposés par l’Europe sur les émissions carbone.
Et, je dois bien vous l’avouer chères lectrices et chers lecteurs, dans cette enquête je tourne en rond, car il m’est impossible de trouver un interlocuteur qui puisse m’expliquer pourquoi ce sont les terres agricoles qui sont exclusivement visées, alors que partout, des constructions nouvelles poussent comme des champignons. Des constructions sur lesquelles il serait possible (mais souhaitable afin de les valoriser), d’installer des panneaux photovoltaïques.
En effet, je vous donne comme exemples, la zone d’activités de Saint Doulchard, Monin à Bourges (ZAC Cesar), Via Logistique sur la même ZAC, l’énorme surface de toitures industrielles sur la zone d’activités ”Orchidées” de La Chapelle Saint Ursin. Enfin le clou, obtenu grâce à mon fidèle drone de fabrication locale de la Société Dronatique Vierzonnaise (mention sans publicité), en bout de piste de l’aérodrome de Bourges : la photo de l’entrepôt logistique de Carrefour qui représente une surface de sept hectares non équipée de panneaux !
Qu’on se le dise !
> Photos, de haut en bas: Ferme photovoltaïque de Cors à Marmagne au printemps 2018. La même ferme en juillet 2018. Plateforme logistique Carrefour Bourges Sud, 7 hectares de surface couverte..
Affaire à suivre…
> Alain Broglio, chargé de mission par L’ADEME* et le GIEC*, en exclusivité pour gilblog.
*ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie. *GIEC : Groupe d’Experts International sur l’Évolution du Climat.