Suite aux perquisitions et à la fermeture administrative de l’école catholique intégriste de l’Angélus à Presly, en juin dernier, les scellés ont été posés sur les grilles des locaux. L’abbé Régis Spinoza, directeur de l’établissement, soupçonné de violences physiques et psychologiques sur mineurs, travail dissimulé et travail forcé a été placé sous contrôle judiciaire. Il lui est interdit d’habiter dans le Cher, de diriger un établissement scolaire, d’être au contact des enfants, du personnel, mais aussi des familles des élèves de l’école.
Créé en 2010 par la Fraternité enseignante des Cœurs de Jésus et Marie, une association catholique traditionaliste, filiale du Bon Pasteur à Bordeaux, l’Angélus accueillait cent neuf pensionnaires du primaire au lycée. Réservé aux garçons, il compte parmi les deux cents établissements catholiques hors contrat qui ne sont pas tenus de suivre les programmes de l’éducation nationale.
Pourtant, écrivait l’abbé Spinoza à gilblog en 2013 “Les programmes de l'Angélus ont été déposés auprès de l'Inspection Académique. La loi ne l'obligeait pas mais j'ai un réel souci de transparence. Nous obéissons au "Socle Commun" demandé par l'Education Nationale”.
Mais l’enseignement prodigué à l’Angelus est-il aussi blanc-bleu que l’affirmait l’abbé Spinoza dans son message ? On peut s’interroger. Car si l’on en croit Le Canard enchaîné, “l’enseignement délirant des bahuts intégristes” mérite qu’on s’y intéresse. Jugez vous mêmes à la lecture de ces extraits.
En mai, les établissements de la Fraternité Saint Pie-X, héritière de Monseigneur Lefebvre, suscitaient des rapports gratinés d'inspecteurs d'académie. “Le Canard” a pu en consulter plusieurs. Les inspecteurs de l'Éducation nationale y racontent avoir été confrontés à des enseignements “dignes des années 50 et 60”, Certains cours, dispensés à des élèves prenant des notes “à la plume Sergent-Major", s'avèrent assez délirants.
A l’école Saint-Ferréol de Marseille, les agents de la Rue de Grenelle, accueillis sous les jurons d’une prof — “C'est pire que la Gestapo!” — ont relevé quelques fâcheux oublis. Exemple : “L'extermination des Juifs et des Tsiganes n'a pas été étudiée" en CM2. Et l’enseignement sur la Révolution française est édifiant, car, comme le relèvent les inspecteurs, des gamins à la récré, jouent à “sauver les chrétiens durant la Révolution”.
A Saint Jean-Baptiste de La Salle, à Camblain-l'Abbé (Pasde-Calais), “la direction de l'établissement a demandé [au prof de SVT] de proscrire tout enseignement lié à la reproduction humaine, à la sexualité et à l'évolution des espèces pendant la période de scolarité obligatoire des élèves”. En Histoire, certains massacres sont relativisés : des élèves “expliquent, par exemple, que l'entreprise espagnole contre l'empire aztèque était juste, car ce dernier n'était pas une vraie civilisation”.
Au Foyer Saint-Thomas d'Aquin d'Avrillé (Maine-etLoire), proche de la Fraternité, les inspecteurs sont tombés sur des cours d'histoire tout aussi inspirés. La cause principale des croisades? “L'apparition d'une horde de musulmans fanatiques”. La Reconquista espagnole est au programme, mais les élèves sont invités à “prier pour la conversion des musulmans”. Deux copies de géo épinglées par les inspecteurs désignent “les Juifs comme initiateurs du mondialisme”. Le rapport précise que ces copies ont été “évaluées par le professeur et corrigées seulement sur le plan orthographique”.
Un enseignant de Saint-Thomas-d'Aquin à Urmatt (Bas Rhin) dispense un cours “clairement créationniste”, s'insurgeant contre ces “arbres généalogiques qui donnent à l'homme une ascendance animale”. (Extraits du Canard enchaîné. Numéro 5048 du 26 juillet 2017 page 4).
> L’enseignement de l’Angélus était-il aussi "délirant que celui des autres bahuts intégristes” ? Était-il identique à celui du Cours saint Projet et du Bon Pasteur de Bordeaux révélé par le reportage d’Antenne 2 “Les infiltrés” ? L’abbé Spinoza, qui en était le directeur pédagogique, a-t-il importé le même enseignement à Presly ? La fermeture administrative a cessé le 8 juillet, mais que décidera l’Inspection académique pour septembre ?
Il est annoncé que l’école ouvrirait à la rentrée sous l’égide d’une nouvelle association créée le 27 juin (juste avant la mise en examen de Régis Spinoza — une précaution de sa part ?) par quatre parents d’élèves, sous le nom d’Institut Saint-Gabriel. Leur projet est une école traditionaliste, hors contrat, avec des méthodes pédagogiques similaires. La nouvelle directrice, qui était professeur à l’Angélus, se nomme Lucie Pommereau. Interviewé sur France bleu, Éric Lougnon président de l’association, n’a pas un seul mot pour critiquer les étranges pratiques de l’établissement intégriste, il souhaite même le retour de l’abbé Spinoza à un poste de responsabilité dans l’école !
Mais il est impossible à la nouvelle équipe d’accéder aux ordinateurs et aux fichiers puisque le bâtiment est toujours sous scellés. Et il faudra attendre la fin de l’enquête pour qu’ils soient retirés.…
Alors, Angélus ou saint Gabriel, ouvrira, ouvrira pas ? Espérons que les pouvoirs publics sauront prévenir un nouveau scandale. Rappelons que le premier scandale aura été d’autoriser l’ouverture de l’Angélus, sachant les antécédents du Bon Pasteur à Bordeaux. Rappelons aussi que la préfète de l’époque n’a jamais démenti sa présence à la grand’messe à l’Angélus le 15 août 2010…
> Lire dans gilblog. “Un peu plus sur l’école de l’Angélus à Presly”. >>> Lien.
Le Bon Pasteur à Bordeaux, l'Angelus à Presly. 19 mai 2013. La page a été retirée de crainte d’une procédure judiciaire, mais les savoureux commentaires, dont ceux de l’abbé Spinoza, y sont toujours. >>> Lien
Les antécédents de l’abbé Spinoza et de l’Angélus : La face sombre des traditionalistes . La Vie. >>> Lien.
L’inauguration de l’Angélus en présence du maire et du préfet dans le blog de l’abbé Laguérie. >>> Lien.