Ce vendredi 24, mon rédac chef me missionne pour un reportage urgent auprès des instances ministérielles concernées par l’urgence du réarmement de la natalité française décrété par le président Macron. Enquête complexe et difficile car ce réarmement pourrait impacter durablement l’avenir de la France… !
Soucieux de rester irréprochable sur le plan environnemental, notamment au regard de mon bilan carbone que je veux garder le plus propre possible, je décidai d’effectuer mon trajet aller-retour Paris en transport en commun. C’est donc muni de mes titres de transport valides que j’attendis la rame en provenance de Nevers . Nous la vîmes arriver de fort loin car dans la nuit, tel un feu d’artifice le train projetait éclairs et gerbes d’étincelles tout le long de son parcours. Ce phénomène ne manqua pas de m’étonner…
À 6h50, le train s’ébranla en direction de Paris. Mais dès avant Marmagne la vitesse se réduisit de plus en plus. Dans le wagon, un voyageur d’origine africaine commençait à angoisser car il avait une correspondance précise sur Paris. Il répétait sans cesse : “Et voilà que nous avançons à pas de tortue”! Effectivement, le train avançait au pas modéré d’un sénateur en pré retraite (excusez le pléonasme). Notre train illuminait la campagne blanchie par ses flashes électriques blafards et incessants. Renseignements pris, ce dysfonctionnement était dû à la présence de givre sur les caténaires. Pourtant, ces rames fabriquées au Canada par la firme Bombardier devraient par essence parfaitement fonctionner en climat froid et ne pas générer de tels dysfonctionnements dans la motricité…
Évidemment, à ce rythme, notre arrivée sur Vierzon affichait un certain retard pour ne pas dire un retard certain ! Sur le quai, je vis les voyageurs en attente, transis de froid, attendant stoïquement avec déjà dans leurs regards des expressions de zombies. Au moment de repartir, une annonce nous informa que pour l’instant nous étions bloqués pour une durée indéterminée parce que notre voie de circulation était condamnée par un autre train en panne de machine, et que notre motrice avait un pantographe défaillant. Il fallait donc patienter. Puis la climatisation fut coupée... Les contrôleurs commencèrent alors à dresser l’inventaire des voyageurs qui rateraient leurs correspondances, afin de leurs proposer des solutions de dépannage lorsqu’ils arriveraient à Paris.
Puis, comme par miracle, notre train s’ébroua en direction de Salbris, mais toujours “à pas de tortue”. Notre retard ne faisait que s’amplifier au fil des kilomètres. Jusqu’à Paris. Pendant ce long trajet chaotique, les contrôleurs ne montrèrent plus le bout de leurs nez et restèrent bien planqués derrière leurs micros pour égrener les plates excuses de la SNCF à l’adresse de leurs chers usagers tant aimés… À chaque annonce, nous étions informés avec une certaine condescendance qu’il fallait faire très attention en descendant du train au moment de notre hypothétique et futur arrêt en gare …
Arrivés assez engourdis à la gare d’Austerlitz, nous apprenons que la station de métro de la gare est fermée ! Qu’à cela ne tienne, j’active mon plan B et me dirige vers l’arrêt du bus 61 qui me mènera à ma destination. Mais voilà, compte-tenu des travaux en cours qui durent depuis des années, la station de bus pour le 61 est constamment déplacée. Mais où ??? Les renseignements (informatiques) RATP nous disent qu’il faut le prendre Quai de la Rapée… Eh bien, après moult recherches, beaucoup de marche et une demande de renseignements auprès des employés (normalement bien informés) de la Maison de la RATP sise justement Quai de la Rapée, j’ai échoué dans mes recherches ! Personne ne sait, je n’ai pas avancé d’un pouce… Si j’ose dire, pour le bus 61, c’était râpé !
En dernier recours, ce fut un taxi thermique qui me mena à destination avec plus de deux heures de retard. A cet instant, je compris que je venais d’emplafonner mon bilan carbone !
Deuxième période : Le retour à Bourges.
Pour le retour, j’ai pris le bus 61 descendant. Tout se passait bien jusqu’au moment où le machiniste reçut une information radio qui lui intima l’ordre de changer d’itinéraire… Quelques dames agacées, des parisiennes de souche sans doute, grognèrent et montrèrent leur mécontentement. Mais ce n’était que le début de la galère que nous allions vivre car suite à un autre appel radio notre conducteur nous informa qu’il arrêtait le bus au cœur de Paris, sans autre forme de procès. La raison de tout cela restera pour nous à jamais inconnue.
Après une bonne marche sous le soleil mais par moins 3 degrés Celsius, j’atteignis la gare de Lyon, empruntai le pont Charles de Gaulle, et arrivai enfin dans les travaux de la gare d’Austerlitz. La salle dite des pas perdus était glaciale avec ses portes ouvertes à tous vents. J’attendis deux heures dans cette glacière puis me dirigeai vers le train dès qu’il fut annoncé. Il partit à l’heure, et avança à pas de tortue avec un chauffage que l’on peut qualifier de défectueux…
C’est fatigué, fourbu, frigorifié, que je me suis enfin retrouvé sur les quais de la gare de Bourges. Il me restait à rejoindre le parking par le biais de la passerelle qui surplombe les voies. Arrivé au pied de l’ascenseur, c’est un agent SNCF qui m’arrêta dans mon élan en m’informant que le dit ascenseur était hors d’usage. Ce fut le coup de grâce, j’étais groggy, KO debout !
De retour à la maison, j’ai tenté de me remettre sur pied par le biais d’un petit cordial, en compagnie de mon épouse, mais l’expérience fut vaine ! Trop liquéfié pour retrouver la forme après toutes ces épreuves, mon épouse et moi-même désormais ne voulons plus entendre parler des transports en commun au service des populations et c’est même avec angoisse que nous craignons d’associer à notre ire les transports amoureux. Ce qui aurait par ailleurs à propos de notre qualité de vie, un effet collatéral désastreux !
> Alain Broglio. Envoyé spécial de gilblog, pigiste à La vie du rail, correspondant permanent chez VRT - Vie Rail et Transport.
> À suivre : Le réarmement de la natalité vue par le mouvement « Renaissance ».