Jean-Louis, enquêteur talentueux, tenace et féru de vieux grimoires a retrouvé la fontaine de Sainte Lorette (photos). Bonne nouvelle : elle coule toujours ! Allez hop, on saute les inévitables paragraphes sur les gaulois, Saint Guerluchon et tutti quanti, nous voila au dix huitième siècle dans la Province (plus pour longtemps) du Berry.
L'abbé Villepelet dans son livre "Le culte de la Sainte Vierge en Berry" rapporte l'histoire des "Visites canoniques de Monseigneur de La Rochefoucauld", qui se rendait dans les paroisses de son diocèse (presque trois départements d'aujourd'hui !), et son passage à la chapelle Notre Dame de Lorette, dite "de Sainte Lorette" située en lisière de forêt, dans le bois de Nancray, entre Jars et la Chapelotte. La chapelle était alors entretenue principalement par la corporation des verriers de la "verrerie" proche, qui dépendait de Boucart.
Lors de la visite de l'Archevêque, Monseigneur de la Rochefoucauld le 8 mai 1738, dans les paroisses du Pays Fort, une curieuse superstition lui fut signalée. l'Archevêque tenta de la réprimer par ces vigoureuses (et néanmoins rigoureuses) paroles :
"Nous avons remarqué que la figure en relief de Notre Dame de Lorette, exposée sur l'autel est considérablement mutilée, ce que nous avons appris provenir de ce que quantité de gens grossiers, ignorant leur religion, par une superstition monstrueuse râpaient la pierre de cette figure qu'ils faisaient infuser dans du vin et le prenaient pour être guéris de la fièvre et autres maladies. Pour y remédier nous ordonnons que la figure sera incessamment ôtée et enterrée et qu'en son lieu et place il sera mis un petit tableau propre, ce qui sera exécuté avant le premier septembre prochain; faute de quoi nous interdisons la chapelle et défendons à tous prêtres d'y célébrer".
Fort ému par la persistance du paganisme dans ce coin reculé de notre belle province, l’évêque fit déposer la statue et fermer la chapelle.
...Sans grand effet semble-t-il, puisque les habitants des paroisses des environs venaient toujours là en procession. Notamment de Jars qui était un des villages les plus proches. Les pèlerins quittaient le bourg entre six et sept heures du matin pour arriver à la chapelle vers dix heures. Après la messe, on bénissait les enfants et les pèlerins se rendaient à la fontaine pour boire l'eau bienfaisante et tremper dedans les layettes, brassières et vêtements de leurs malades. Après les cérémonies, tout le monde s'en allait déjeuner. Vers une heure, la procession retournait à Jars pour y arriver vers quatre heures du soir. Voir le sujet sur Saint Guerluchon et la survivance des rites gaulois autour des sources et fontaines.
La chapelle n’existe plus depuis la révolution de 1789 et le site a été ravagé par la tempête de l’hiver 1999 (qui a gravement endommagé les communs du château de Nancray dans la vallée en contre bas).
Du lieu ravagé par la tempête il ne subsiste plus qu'une croix de pierre récente qui remplace une plus ancienne de l'an 1882.
Pour la suite de l'histoire, d'autres informations et d'autres photos, allez faire un tour sur l'excellent site de Sirius : Veaugues.over-blog (... ça y est la mondialisation des blogs de clocher a commencé).
http://veaugues.over-blog.com/article-31318848.html
La fontaine de Sainte Lorette, une jolie histoire qui ferait peut être une jolie balade...
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Notre Dame de Lorette, Sainte Lorette ? La Sainte Maison de Lorette (appelée aussi la maison de Nazareth) est la maison où, selon la tradition chrétienne, Jésus-Christ est né. Selon les sources historiques, un prince byzantin, Nicéphore Comnène, prit en 1290 l'initiative de transférer une maison typique de Palestine depuis Nazareth jusqu'en Italie. La maison, démontée à Nazareth en 1291, fut assemblée à Loreto en 1294, sur le territoire de Recanati, près du port, dans la forêt de Lorette. Dans le calendrier, la date de Sainte Lorette est le 10 août.