Le 29 août dernier, dans une page de gilblog, commençait une série sur Saint-Martin, les forêtains et les poumes, par le grand paysagiste berrichon Édouard André. Ce texte (très documenté) de 1863, m’a été communiqué par Jean-Claude Bourdin, membre de la société pomologique du Berry. Il est extrait d’une communications à la Société du Berry et a pris une ride ici où là. Vous verrez bin… Mais laissons la parole à Édouard André:
Ce nom de forêt Saint-Martin s'est conservé jusqu'à nos jours, bien que la vraie forêt ait disparu pour faire place à une autre d'une nature bien différente et beaucoup plus digne d'intérêt. Les arbres fruitiers ont remplacé les chênes. Sur tout le territoire de ce nom, les champs sont couverts d'arbres à fruits qui font de cette riche localité un immense verger. Aucune partie de la Normandie même la plus plantée, ne saurait entrer en comparaison avec ce fécond petit coin de terre.
La forêt Saint-Martin comprend aujourd'hui les communes de Saint-Martin-d'Auxigny, Saint-Palais, Menetou-Salon, Quantilly et une portion de la commune de Saint- Georges. Son étendue n'est pas moindre de 36 kilomètres carrés, et la population de ses villages et hameaux d'environ 8 000 habitants.
Elle est limitée au nord par l'extrémité des communes de Saint-Palais et de Menetou ; à l'est par celle de Quantilly, au midi par Vignoux, Pigny et Saint-Georges ; à l'ouest par Vasselay, Saint-Eloy-de-Gy, Allogny.
Sa vallée principale, au pied de Saint-Martin-d'Auxigny, à 16 kilomètres de Bourges, est arrosée par la petite rivière du Moulon, qui prend sa source dans la commune de Menetou, et se jette dans l'Yèvre à Bourges.
Le sol de la forêt de Saint-Martin est très variable dans sa composition géologique ; il est extérieurement disposé en collines inclinées dans toutes les directions ; son point culminant est situé dans l'antique forêt de Haute-Brune, à 311 mètres au-dessus du niveau de la mer. Dans la région est, la portion prédominante des terrains superficiels est argilo-calcaire, et cette composition se continue en se dirigeant sur Vasselay, à l'ouest, sur la rive droite du Moulon. La couche inférieure est composée de terrains de transport variables dans leurs aspects et recouvrant la formation crayeuse jusqu'à la couche de terre végétale, qui est généralement fort épaisse et d'excellente nature.
Les terrains siliceux et argilo-siliceux sont particuliers aux communes de Quantilly et de Menetou-Salon.
La partie de territoire qui touche Saint-Palais est la moins riche ; quelques localités y prennent la disposition des landes de Sologne, ou des brandes de la Brenne. Ces localités sont d'une étendue peu considérable.
Les fidèles descendants des colons de Stuart ont conservé le caractère écossais. On reconnaît facilement chez les paysans de la forêt Saint-Martin l'attitude, la stature vigoureuse, élancée des montagnards d'Ecosse. Ils portent de longues guêtres à mollettes ; ils ont souvent la barbe rousse et la taillent volontiers en favoris. Un son de voix particulier, certaines locutions familières de leur langage primitif dénotent clairement leur origine. La plupart de leurs noms de famille sont d'origine écossaise, corrompue, il est vrai, par les années et les contacts divers. On retrouve fréquemment les noms de Talbot, Villodi, Gaddouin, Depigny, Mabilar, Alhodam, Coqu (de cornu)*, etc ... Ils se marient le plus souvent entre familles voisines, dans le même village : les registres d'état-civil portent, depuis des siècles, les mêmes noms sans altération. Ils ont gardé aussi la finesse de l'Écossais, et pour traiter avec eux la plus petite affaire, il ne faut manquer ni de prudence, ni d'habileté. Ils sont actifs, vigilants, courageux, durs à leur tâche, hardi dans leurs opérations commerciales. Longtemps avant le chemin de fer, ils amenaient bravement à Paris les fruits qui les encombrent ; ils ne craignaient pas de se mettre en route seuls avec leur petit cheval et leur frêle carriole. Depuis, au premier signal de la vapeur, on les a vus, on les voit tous les jours, charger en vrac, à pleins wagons, les fruits qui portent sous les halles de Paris, l'abondance et le bon marché pour la classe ouvrière.
- Les férus d’étymologie des noms de famille ont sans doute remarqué un peu de fantaisie sur l’origine de ces noms…
> Voilà, c’est tout pour cette troisième page sur les forêtains de la forêt Saint-Martin …et les poumes ! Bientôt une suite…
> Lire les pages précédentes dans gilblog.
la première page de la série. Saint-Martin, Édouard André et les poumes. >>> Lien.
Édouard André. La forêt Saint Martin et ses écossais - 2. >>> Lien.
Les écossais et les pommes de Saint-Martin-d’Auxigny de la légende à l’Histoire, d’après Jean Claude Bourdin. >>> Lien.