Pascale Pascariello, journaliste à France Inter réalise actuellement des reportages sur les armes à uranium appauvri. Elle était récemment dans le Cher pour voir où les armes à l'uranium ont été testées et fabriquées à Bourges. Elle s'est rendue à la base aérienne nucléaire stratégique d'Avord et a traversé le Polygone de tir où les armes à l'uranium appauvri sont testées depuis quarante ans. Au cours des rencontres elle a enregistré la conférence de Joël Frison sur les armes à uranium organisée à Méry ès Bois par l'association "Ensemble" et s'est entretenue avec les participants.
Si le sujet vous intéresse, je vous engage à écouter une des prochaines conférences (documentées et instructives) de Joël Frison. Voici un extrait résumé (et très partiel) d'une partie de son exposé à Méry ès Bois le 3 février.
> L’uranium "appauvri" est produit dans l’enrichissement de l’uranium naturel (pour les centrales électro-nucléaires, les moteurs nucléaires, et les bombes atomiques, le retraitement du combustible "brûlé" dans les centrales nucléaires). Les stocks mondiaux d’uranium appauvri sont très importants et, à cause de sa radioactivité, son stockage est coûteux. Déchet de l’industrie nucléaire civile et militaire, l’uranium appauvri est un matériau dit "gratuit".
À cause sans doute de son nom d'uranium appauvri, des idées fausses et des mensonges circulent. "Appauvri" signifierait qu'il est moins dangereux que l’uranium naturel ! Il n’émettrait que des particules alpha qui sont arrêtées par la peau. Il n'y aurait pas de contamination connue....
Mais quel est le danger réel de l’uranium appauvri ? Au moment de sa production, la radioactivité de l’uranium appauvri est en effet seulement la moitié de celle de l’uranium naturel. Mais après une année de stockage sa radioactivité a triplé et, plus important, elle a changé de nature. D’émetteur alpha, l’uranium appauvri est devenu aussi émetteur de particules béta et de rayons gamma ...des particules que la peau n’arrête pas !
Au cours du tir d’un obus-flèche il y a dissémination d’uranium (30%) sous forme de très fines poussières d’oxyde d’uranium. Celà se produit sur la trajectoire, et surtout à l’impact sur la cible au cours de l’incendie qui en est la conséquence.
La contamination humaine se produit par absorbtion. En Irak, les soldats ont absorbé des poussières d’oxyde d’uranium par voie digestive, par voie pulmonaire et par les plaies. Les victimes, militaires et civiles sont soumises à la double toxicité de l’uranium : toxicité chimique et radiotoxicité (les émissions alpha, béta, gamma sont destructrices).
> Les munitions à uranium appauvri à Bourges et les essais sur le polygone. Suite aux révélations sur la situation sanitaire des militaires, Irak, Balkans, Kosovo), des populations du sud de l’Irak, à l’inquiétude des personnels et de la population, le Directeur de l’E.T.B.S a donné quelques informations en janvier 2001. Il a annoncé que dans la zone d’essais on emploie depuis 1990 une cible confinée, avec récupération des poussières par des rideaux d’eau et par une aspiration. Sur cette cible, de 1990 à 2001, mille quatre cents obus-flèches de 105 millimètres ou de 120 millimètres ont été tirés, la distance de tir (à l'air libre) peut atteindre trois kilomètres. Mais pas d'informations sur les essais réalisés avant 1990. Depuis 2001 les tirs ont repris sur la cible confinée. Pour le moment, et malgré l'action des associations pour connaître la vérité sur les conséquences sur la santé humaine et l'environnement, les pouvoirs publics gardent le silence.
> Le 27 janvier 2012, le quotidien national "Libération" consacre un article aux armes à uranium appauvri dans le Cher, France Inter enquête sur le sujet, une chaîne de télévision nationale enquête aussi, mais le Berry républicain ne semble pas pas au courant. Le Berry républicain sait-il au moins qu'ETBS (Rocade Est - Echangeur de Guerry. 18021 Bourges Cedex. 02 48 27 47 25) procède à des tirs au Polygone de tir (sur environ dix mille hectares) et qu'on fabrique des armements à Bourges chez GIAT Industrie (anciennement EFAB, 7 Route de Guerry 18000 Bourges) ? On dirait que le journal local ne connaît ni ces établissements ni le sujet, il n'a rien vu et n'a rien entendu. Difficile dans ces conditions d'informer les lecteurs ! Certains, qui ne font pas dans la dentelle, appellent ça du "négationnisme médiatique" (formule brutale, certes), d'autres appellent ça "omerta", d'autres encore disent "maljournalisme"... vous avez le choix.
> Pour en savoir plus, il restera aux berrichons un moyen de s'informer : écouter France Inter mercredi 8 février, de 15 heures à 16 heures, émission sur les armes à uranium dans le Cher ("Là-bas si j'y suis", émission de Daniel Mermet). Sachez que les émissions des lundi 6 et mardi 7 février auront pour thème les conséquences des essais d'armes à uranium sur une base de l'OTAN en Sardaigne (autre reportage de Pascale Pascariello). L'émission "Là-bas si j'y suis" est diffusée sur France Inter de 15 heures à 16 heures du lundi au vendredi.
> Sur la photo, de gauche à droite :
Joël Frison (conférencier), Hélène Béteau (association Ensemble),
la journaliste de France Inter, Pascale Pascariello.
> Le groupe "Alerte uranium" lance un appel à témoignages auprès des habitants du Cher voisins du polygone et des travailleurs à la production d'armements, pour obtenir une enquête officielle de santé publique dans la région, dans les communes proches du polygone, et la recherche d’uranium appauvri dans les sols, les eaux, la flore et la faune. S'adresser à Groupe "alerte uranium" 139 avenue de Saint Amand 18000 Bourges - 02 48 20 30 15.
> Le groupe "Alerte uranium" annoncera bientôt les dates des prochaines conférences de Joël Frison qui auront lieu dans les communes proches du Polygone et à Bourges.
> Lire dans gilblog : Les tirs à l'uranium appauvri dans le Cher et Gérard Longuet à Bourges , et aussi : Les tirs à l'uranium au polygone de Bourges.
> Cliquez sur ce lien pour voir sur Google des images sur les effets des armes à l'uranium appauvri. La vue de ces documents est insoutenable, évitez ça à vos enfants.