Le projet de réforme, qui veut autoriser les mélanges de vins blanc et rouge pour faire du vin rosé, a donné lieu à un vote préliminaire des 27 représentants de l'Union européenne le 27 janvier 2009. Michel Barnier y était, il a voté pour.
Si la Commission européenne voulait tuer le rosé français, elle ne s’y prendrait pas autrement. Elle a adopté depuis janvier un règlement européen (équivalent d’une loi) d’application directe qui autorise dans toute l’Europe le mélange du vin blanc et du vin rouge pour créer et commercialiser un “faux rosé”. Ce règlement ouvrirait la porte du marché européen à tous les “faux rosés” du monde. Une vote définitif doit intervenir le 27 avril en principe, après un avis de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Vous allez apprécier le choix du vocabulaire : l'objectif de la Commission est de “libérer” l'Union européenne des "entraves oenologiques" pour s'ouvrir de nouveaux marchés. En clair ça signifie : annuler les règlements et pratiques garantissent un certain niveau de qualité, et laisser vendre n'importe quoi.
Michel Barnier déclare que cette fois il votera contre. Nous serons nombreux à observer son vote.
Le coupage du vin blanc et du vin rouge (un peu de rouge, beaucoup de blanc), pour fabriquer du rosé est déjà pratiqué en Afrique du Sud et en Australie, mais pour les professionnels français c’est une hérésie, la négation des efforts pour la qualité, l’abandon des AOC, et un retour en arrière vers des pratiques douteuses. Souvenez vous des vins d’Espagne, de Grèce et d’Italie fabriqués avec des raisins secs et de l’eau...
Dans Marianne, Périco Légasse, adversaire acharné de la mal bouffe s’indigne : “ S’il y a encore beaucoup de mauvais rosés, il est évident qu’il y en a chaque jour de meilleurs, que ce soit en Provence, dans le Roussillon, le Languedoc, la vallée du Rhône, le Sud-Ouest et le Val de Loire.
Un vrai rosé, c’est un raisin rouge que l’on presse et qu’on laisse macérer très peu de temps, de quatre à vingt-quatre heures, selon l’intensité souhaitée, afin d’obtenir la teinte répondant à l’attente du vigneron. Plus il est foncé, plus il est capiteux. Plus il est pâle, plus il est délicat. L’autre méthode, moins noble, consiste à prélever du jus dans une cuve en fermentation destinée à faire du rouge, au moment où la couleur de macération passe par la phase rosée. Cette pratique, dite de la saignée, au demeurant la plus répandue, est en fait en une interruption volontaire de cuvaison à un moment précis de la coloration du vin. Cela peut donner de bons résultats.
Obtenir du rosé par ajout d’un peu de vin rouge dans une cuve de vin blanc relève en revanche de l’immoralité absolue, de la tricherie la plus infâme, du maquillage sordide. C’est pourtant ce que les valeureux défenseurs du projet constitutionnel de 2005 et de son avorton de Lisbonne s’apprêtent à légaliser. Ces gens ne reculent devant rien pour immoraliser notre monde en laissant libre cours au néo-libéralisme le plus voyou.”
Alors, adieu nos rosés du Berry, nos gris gouleyants, nos Sancerre, Menetou, Châteaumeillant, Quincy, Reuilly ?
Pour accompagner la mal bouffe, le mal boire ?
On ne les laissera pas faire !