Le 13 juin 2018, un amendement à la Loi agriculture et alimentation (dite loi Egalim) qui permet d'utiliser la mention “fermier” pour des fromages affinés en-dehors de la ferme, a été adopté par l'Assemblée Nationale ! Cela ouvre la porte à de nombreuses dérives, des tromperies massives du consommateur (comme celles des camemberts industriels qui a duré des années), et une perte pour les producteurs fermiers. Pour la Confédération paysanne c’est un dévoiement du terme “fromage fermier”.
Selon cet article du projet de loi, demain un fromage affiné (ou fabriqué ?) en-dehors de la ferme pourra être appelé “fermier”. Des affineurs industriels (ou bientôt des fabricants sans scrupules ?) pourront alors récupérer l’appellation de fromage fermier. La Confédération paysanne propose que le projet de loi se limite à sécuriser et encadrer ces pratiques en AOC *, en garantissant la présence du nom du producteur sur l’étiquette. Faute de quoi les consommateurs seront trompés, et les producteurs fermiers seront lésés.
Aujourd’hui encore, les fromages fermiers que nous achetons sur les marchés de France doivent être produits du début à la fin sur la ferme du producteur.
Le Conseil d'État a rappelé dans une décision du 17 avril 2015 qu'un fromage fermier est un fromage dont toutes les étapes de fabrication se réalisent à la ferme. Cela ne remet pas en cause la qualité de fromages produits autrement, mais en aucun cas, le terme “fermier” ne doit être dévoyé de sa signification.
Alors que les États généraux de l’alimentation ont mis en avant la transparence pour le consommateur (et le revenu pour les paysans) cet article du projet de loi dans sa forme actuelle ouvre la porte à de nombreuses dérives que certains industriels sont prêts à exploiter.
Si cet article de la loi est adopté par les députés, il faudra encore plus ouvrir les yeux et se méfier des étiquettes à l’air “rustique” qui risquent d’être nombreuses dans les linéaires des grandes surfaces !
De plus en plus souvent, on emploie des termes bidon dans le commerce, la publicité et les médias pour éviter d’appeler les choses par leur nom. L’ambiguïté et la tromperie deviennent la règle. Ces abus sont devenus fatigants…. quand ils ne mettent pas carrément en colère !
La Confédération paysanne a lancé une pétition adressée au ministre de l’Agriculture pour défendre les consommateurs, les producteurs fermiers et l’authenticité des fromages fermiers . Elle se trouve sur le site Mes Opinions. >>> Lien.
> * Remarque : certaines AOC (appellations d’origine contrôlée), comme le Cantal, peuvent utiliser le terme fermier, mais l’affinage à l’extérieur de la ferme est encadré par leur cahier des charges.