Une autre Maison de la Culture à Bourges. Et des questions.

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Coup de tonnerre dans le ciel berrichon, la nouvelle maison de la Culture de Bourges est abandonnée, à la place on aura une autre nouvelle maison de la Culture ! Serge Lepeltier, maire de Bourges, l'a annoncé jeudi 21 février après une réunion avec des conseillers du ministère de la Culture. Aussitôt dans le Berry Républicain du dimanche, Franck Simon pose deux questions pertinentes : "on est en droit de se demander comment on a pu en arriver à cette décision", et plus loin "comment imaginer que l'éventualité de fouilles archéologiques n'a pas été prise en compte dans un projet de cette dimension financière et symbolique ?"

> En effet, comment les responsables du projet ont-ils pu procéder aussi légèrement dans l'établissement du budget prévisionnel ? Dans tout projet de construction, l'usage est pourtant de réaliser une estimation des risques, et de provisionner une ligne budgétaire en conséquence. C'était d'autant plus une exigence qu'il était connu (et certain, car c'est la loi) que des fouilles archéologiques devraient être faites. D'ailleurs, le permis de construire accordé le 20 juillet 2011 précisait que "Des opérations d'archéologie préventive ont été prescrites par le Préfet de la Région Centre". Qu'est-ce qui justifie l'annonce du 7 février 2011 par le maire déclarant que les fouilles auraient lieu "en même temps que les travaux" afin de ne pas avoir d'incidence sur ceux ci ? Alors que le 24 février 2013, Le Berry lui prête une déclaration selon laquelle les fouilles avaient été écartées du dossier initial. Quel Serge Lepeltier faut-il croire ? Toutes ces contradictions donnent une étrange impression de désordre et d'improvisation. Pour le moins.

Y aura-t-il un débat approfondi au Conseil municipal, connaîtra-t-on toutes les raisons de l'abandon du projet de rénovation ? Le coût des fouilles archéologiques a bon dos, il se serait élevé à un million huit cent mille euros pour un surcoût total de six millions sept cent mille euros dus aux dépenses de construction liées ou non aux fouilles (Le Berry du 23 février 2013). Le projet initial avait été évalué à douze, puis quinze millions d'euros, puis actualisé à dix neuf millions d'euros environ (chiffres annoncés le 7 février 2011)... Il est maintenant question de vingt quatre millions d'euros. Aujourd'hui, le chantier est arrêté, on aimerait savoir quel est le montant dépensé pour les démolitions, la dalle et les frais divers ?

> Le nouveau projet consiste à faire une Maison de la Culture (totalement neuve cette fois) entre la Place Séraucourt et la rue Jean Boin. D'un coût estimé à vingt quatre millions d'euros, le nouvel édifice sera édifié non loin du Château d'eau. Il comprendra deux salles de spectacle, dont une de neuf cents places, deux salles de cinéma, une salle d'expositions, un restaurant, plus les services techniques et les bureaux. La surface totale serait de sept mille mètres carrés, l'ancienne faisait quatre mille mètres carrés, selon Philippe Gitton,  Maire adjoint chargé de la culture.

> Et alors, cette fois pas de fouilles ? Espérons que cette fois une provision a été faite dans le budget au cas où l'on découvrirait une nécropole gauloise dans le sous sol... Oui, c'est une mauvaise plaisanterie, car l'archéologie est montrée du doigt ces temps ci. "Haro sur les archéologues qui ont une fois encore pris Bourges en otage", c'est la formule de Roland Narboux dans Bourges-Info.com du 26 septembre 2012. Et c'est ce qui ressort de conversations qu'il dit avoir entendu dans la ville. Pour lui, après le parking souterrain Cujas, puis le centre commercial Avaricum "c'est le troisième projet que l'archéologie fait plus ou moins capoter". Ce qui signifie que les archéologues et l'archéologie seraient responsables de l'imprévoyance mise dans certains projets de la municipalité. C'est un peu gros, et ça sent l'opération de communication défensive...car l'auteur de Bourges-Info.com n'est pas le seul membre de la majorité municipale à faire ce genre de déclarations à qui veut l'entendre. Tout cela parce que le Préfet de Région et le ministère de la Culture demandent l'application de la loi. En somme le bras de fer de la municipalité contre l'archéologie n'est qu'une variante du "trop d'État cause de tous nos maux" qu'on entend comme un disque rayé.

MCB Parcelle 515

> Pour faire bonne mesure, voici une question que Le Berry républicain n'a pas pas posée : que deviendra la parcelle 515 ? Y a-t-il un mystère là dessous ? Non, 515, c'est le numéro de la parcelle cadastrale qui s'étend de la rue Jean-Baffier à la rue de Séraucourt avec façade sur la place André Malraux. Il ne reste sur cet espace de deux mille huit cent quarante mètres carrés (0,284 hectare), que les restes du chantier et la façade classée de l'ancienne salle des fêtes de 1938 conçue par l'architecte Marcel Pinon. Combien d'années la façade (bien que consolidée) tiendra-t-elle ? Les palissades sont-elles là pour longtemps ? Quel projet pour ce terrain appartenant à la ville de Bourges, c'est à dire aux berruyers ? Verrons nous un projet de service public au profit des habitants ? Un projet culturel qui renforcerait encore l'attrait touristique de Bourges et du Berry ? Le terrain est magnifiquement situé, en centre ville, près de la cathédrale, de la mairie et de la place Séraucourt, en bordure immédiate du coeur historique  ...de quoi exciter la convoitise de quelque promoteur. On frémit à l'idée d'une de ces vilaines opérations immobilières avec vente au secteur privé sous prétexte de récupérer les sommes perdues dans les travaux ? Dans les conversations de comptoir et sur tweeter, certains imaginent déjà un scénario genre "main basse sur la ville". Le maire ferait bien de couper court aux rumeurs.

> En tous cas, ce fiasco aura une conséquence sur les finances de Bourges. Une incidence électorale aussi, n'en doutons pas. Car les aventures du parking Cujas, du grand projet  de centre commercial Avaricum, du nouveau stadium de basket parti au bord de l'autoroute pour revenir au Prado, puis de la Maison de la Culture, feront parler beaucoup durant la campagne des élections municipales de mars 2014 !

D'ici là, souhaitons à l'archéologie et aux archéologues de retrouver la sérénité et un sommeil paisible....


> Le site web de l'association des amis de la Maison de la culture de Bourges. >>> Lien.