Dans l'hebdomadaire Marianne du 19 octobre, le critique gastronomique Périco Légasse s'indigne. "Très tendance, la belle tomate striée et rainurée que l'on vend sur les marchés sous le nom de 'cœur de boeuf' n'en est pas". La vraie "cœur de boeuf" est une variété ancienne de tomate, d'origine italienne (la Cuor di Bue), c'est une grosse tomate en forme de coeur, lisse, très charnue, assez grosse (elle peut dépasser les deux cents grammes), parfois un peu verte au sommet.
La fausse cœur de boeuf vendue dans la grande distribution est très côtelée, en forme de bourse, et moins charnue que la vraie. Son aspect brillant fait penser à du plastique. La vraie cœur-de-boeuf est douce, croquante et parfumée, elle nous régale d'une saveur affirmée, Les fausses cœur de boeuf sont en réalité des tomates "borsalina" ou "aumonière" et elles sont insipides, il faut bien le dire.
Les fausses "cœur de boeuf", sont des hybrides qui n'ont aucun caractère, mais qui sont surévaluées par les grandes surfaces qui les vendent à des prix bien trop élevés pour leur qualité médiocre. En effet, des producteurs peu scrupuleux et des semenciers (Sygenta, Saveol, De Ruyter...) utilisent le nom attractif de "cœur de boeuf " (et sa connotation tomate ancienne) pour vendre ces variétés. C'est une tromperie qui abuse, semble-t-il, les acheteurs des grandes centrales ainsi que les clients. D'ailleurs, notre Intermarché local n'y voit que du feu ...puisque "coeur de boeuf" est imprimé sur les cagettes et annoncé sur les pancartes avec le prix.
Pour les différencier c'est facile : la vraie coeur de boeuf a la forme d'un coeur, le pédoncule (la petite tige verte) est au sommet. Les fausses coeur de boeuf sont "à l'envers", la base est nettement plus large que le sommet, elles ont des espèces de gros plis qui leur donnent un aspect rustique (et trompeur), et le pédoncule est au sommet de la partie étroite. Elles ont la forme d'une bourse, d'où leur nom "borsalina" ou "aumonière".
Bref, achetez plutôt vos tomates au marché et faites-vous conseiller par un maraîcher ! Bien sûr, ce n'est pas le plus gros scandale de l'époque, mais tout de même, il serait bien que la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes se décide à faire son travail et arrête cette tromperie énervante. Et on se demande par quel genre d'astuce d'apparence "légale" les producteurs et les semenciers prétendent nous faire prendre des vessies pour des lanternes....
> Photo du haut : une vraie borsalina, mais fausse "cœur de boeuf". Photo du bas : la vraie "cœur de boeuf".
> Lire l'article de Périco Légasse dans Marianne numéro 861 du 19 octobre 2013. "'Cœur de boeuf' , ne pas se fier aux apparences"
Voir l'article très documenté et avec photos très parlantes sur le site Tomodori. >>> Lien.
"Maraîchers en colère" dans l'Hebdo de Sèvre et Maine à propos des marges abusives sur les tomates. >>> Lien.
> Article L213-1 (Loi n° 92-1336 du 16 décembre 1992 art. 322 Journal Officiel du 23 décembre 1992 en vigueur le 1er mars 1994)(Ordonnance n° 2000-916 du 19 septembre 2000 art. 3 Journal Officiel du 22 septembre 2000 en vigueur le 1er janvier 2002). "Sera puni d'un emprisonnement de deux ans au plus et d'une amende de 37 500 euros au plus, ou de l'une de ces deux peines seulement quiconque, qu'il soit ou non partie au contrat, aura trompé ou tenté de tromper le contractant, par quelque moyen en procédé que ce soit, même par l'intermédiaire d'un tiers :
1° Soit sur la nature, l'espèce, l'origine, les qualités substantielles, la composition ou la teneur en principes utiles de toutes marchandises ;
2° Soit sur la quantité des choses livrées ou sur leur identité par la livraison d'une marchandise autre que la chose déterminée qui a fait l'objet du contrat".