Sommet de Copenhague. Mais où étaient les peuples ?

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Déception. Les cent vingt chefs d'Etat et de gouvernement venus à Copenhague ne sont pas rentrés chez eux les mains totalement vides, un texte de compromis a été péniblement adopté, mais en petit comité et en l'absence de la majorité des délégations ! C'est un résultat sans gloire, un échec dont les chefs d'états ne pourront se vanter auprès de leurs peuples. Ce compromis épargne toute contrainte aux Etats-Unis, à l'Europe, aux grands pays émergents, et il laisse les pays pauvres toujours aussi pauvres.  

Une autre déception est de de voir qu'un certain nombre de mouvements écologistes sont figés sur l'idée que tout est affaire de bon sens, de coopération planétaire et de volonté. Ils oublient que nous vivons dans un monde ultra libéral (d'autres appellent ça capitalisme sauvage, ou mondialisation), un monde dans lequel l'opposition des intérêts des riches et des pauvres est une cruelle réalité, un monde ou les États abdiquent devant la finance et les multinationales. Dans ce cadre, espérer un consensus écologique paraît bien difficile. Parmi tous les exemples cités par les uns ou les autres, on peut retenir celui ci : 7 % de la population mondiale sont responsables de 50 % des émissions polluantes, alors que les 50 % plus pauvres sont responsables de 7 % de ces émissions. 

> Dans les pays dits développés, le niveau de vie (et le gaspillage) repose sur l'échange entre nos trains, avions, réacteurs nucléaires, produits de luxe, d'une part, et les vêtements en coton, les fruits et légumes, les chaussures, les ordinateurs, les jouets, fabriqués dans les pays émergents. Des millions de produits qui aboutissent finalement dans nos déchetteries ! Cette répartition des échanges et de la production ne peut, mécaniquement, qu'augmenter les émissions de gaz à effet de serre. La prolifération des marchandises, la production et le transport, sont un des principaux moteurs de la crise climatique. Et les multinationales, la grande distribution, et les chefs d'États agissent pour que la production de ces biens (souvent inutiles) augmente encore, avec son cortège de pauvreté et de chômage.

Dans son livre "Comment les riches détruisent la planète" le journaliste et chercheur français Hervé Kempf dit en substance qu'on ne peut réduire la consommation matérielle, sur le plan global, sans faire descendre les puissants de quelques marches. Il est nécessaire de consommer moins et de répartir mieux les richesses.

> Pour Nicolas Hulot : le résultat de la conférence est  "affligeant et consternant", mais  "la diplomatie française, avec  Nicolas Sarkozy et  Jean-Louis Borloo, a été en pointe. Ils ont fait leur boulot". Mais qu'a donc fait Sarkozy en dehors de son spectacle habituel ? En écoutant Nicolas Hulot (par ailleurs homme sympathique), on est pas étonné de constater que la stratégie suivie par certains écologistes français depuis le Grenelle de l'Environnement, peu à peu vidé de son contenu par le gouvernement, donne elle aussi, l'impression d'un échec. 

> Dans un discours sans concession en séance plénière Hugo Chavez a expliqué pourquoi il faut trouver une voie pour sauver la Terre face au capitalisme destructeur et prédateur des ressources naturelles. "On pourrait dire qu’un spectre hante Copenhague, et parcourt en silence cette salle, rôde dans les couloirs, c’est le spectre du capitalisme. Avec leur modèle capitaliste les riches détruisent cette planète. Serait-ce qu’ils ont déjà fait leurs plans pour émigrer sur une autre" ? Pour Chavez, il faut changer le système pour commencer à changer la planète. Et il a cette formule radicale "si le climat était une banque, les gouvernements des pays riches l’auraient déjà sauvé !".

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> George Monbiot, journaliste et chroniqueur du quotidien anglais The Guardian est un spécialiste des questions environnementales. Il exprime une opinion très critique sur le sommet de Copenhague, qui est pour lui un fiasco complet. "Je souhaite voir une série d’actions directes conflictuelles et non violentes à travers le monde contre la plupart des industries à forte intensité de carbone, comme les mines de charbon, contre les entreprises qui exploitent les sables bitumineux, contre les raffineries de pétrole, contre les banques et les investisseurs qui permettent que de telles choses se produisent. Nous avons besoin de voir des gens qui amènent ça dans l’esprit du public. On y parviendra plus efficacement en faisant des actions qu’en faisant des discours. Il n’y a aucun processus par lequel le peuple peut apporter ses points de vue. Nous devons changer ce modèle. Les gouvernements nationaux assument un mandat pour parler au nom de tous les peuples du monde, mais sans aucune référence à ceux-ci. Cela doit changer ! Il y a un mur gigantesque entre ceux qui prétendent nous représenter, et le peuple. Il n’est guère surprenant que ça n’ait rien produit de substantiel jusqu’à présent".

> Après ce sommet de Copenhague, Daniel Cohn-Bendit constate avec regret que "les opinions ne sont pas encore assez actrices. Les gouvernements s'assoient dessus". Force est de constater que si les peuples ne poussent pas fermement leurs gouvernements à  encadrer les multinationales par des lois, nous allons droit dans le mur. La catastrophe viendra-t-elle d'abord du réchauffement climatique, de la crise financière qui s'aggrave de plus en plus, ou du prochain éclatement de la bulle spéculative ? Il vaut mieux ne pas attendre ; les peuples, les citoyens de chaque pays, ont leur mot à dire, ils peuvent agir, il est grand temps qu'ils le fassent.

Sources :

Face à l’enjeu climatique :  Mais où est passé le peuple ? 

http://www.bastamag.net/spip.php?article817

http://www.legrandsoir.info/Hugo-Chavez-a-Copenhague-Si-le-climat-etait-une-banque-les-pays-riches-l-auraient-deja-sauve.html

Le discours de Hugo Chavez, video sous titrée : 

http://www.dailymotion.com/video/xbjmk0_chavez-a-copenhague-12-soustitre-fr_news

http://www.dailymotion.com/video/xbjp22_chavez-a-copenhague-22-soustitre-fr_news

et aussi http://bellaciao.org/fr/spip.php?article95898


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