Il y a 4 ans, le 11 Mars 2011 le monde apprenait la catastrophe nucléaire de Fukushima. Le plus puissant séisme dans l’histoire du Japon provoquait un tsunami géant (et plus de dix-huit mille morts), il déclenchait une triple fusion à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Depuis les japonais en souffrent toujours les conséquences. La population de réfugiés qui a quitté la zone irradiée vit dans le provisoire. Six mille ouvriers sur le site de Tepco se relayent jour et nuit pour "limiter les dégâts" et organiser le démantèlement de la centrale. Un démantèlement qui prendra plusieurs dizaines d'années. Les rejets d'eaux contaminées dans le Pacifique font courir des risques immenses pour la biodiversité. Les terres agricoles sont condamnées pour des dizaines de milliers d'années. Les déchets radioactifs s'accumulent.
Mais, les grands médias ne s'intéressent plus au sujet et ne jugent pas nécessaire d'informer le public. Ils font comme si la page était définitivement tournée. Seuls, des sites web et des associations rendent compte de l'actualité....
> Le 24 février 2015, Tepco a reconnu avoir caché durant quatre ans une fuite d'eau radioactive. Il s’agit des eaux qui s’écoulent à côté des réacteurs 1 à 4. Le déversoir se trouve à l’extérieur du port de la centrale, ce qui signifie que ces eaux extrêmement radioactives s'écoulent directement dans l'océan. Au moyen des relevés effectués Tepco savait que le niveau de radioactivité augmentait fortement à chaque pluie, mais ils n’avaient jamais publié les résultats. La contamination a atteint jusqu’à 7 230 becquerels par litre alors que Tepco s'était s’engagé à ne déverser en mer qu’une eau contaminée à moins 5 becquerels par litre !
La Commission de gestion de la réforme du nucléaire (Nuclear Reform Monitoring Committee) a sommé Tepco de revoir sa politique d'information après la révélation du scandale par la presse internationale. Le 6 mars dernier, Tepco a annoncé que : "à partir de maintenant nous allons publier toutes les données de radioactivité" (ce qui serait une toute nouvelle politique de communication de l'entreprise qui n'a cessé de mentir depuis la catastrophe !) Si la société ne ment pas une fois de plus, elle publiera toutes les informations de radioactivité dans l’eau et les poussières qui contaminent l’environnement, sous le contrôle des experts japonais et internationaux. On verra.
> Au Japon, les autorités et l'industrie nucléaire nient la tragédie sanitaire de Fukushima. Certains ont même affirmé que "pas une seule personne" n'a été affectée par les radiations de Fukushima, alors que pour certains isotopes elles ont dépassé de presque 30 fois celles d'Hiroshima !
Pourtant, plus de 48 % des 375.000 jeunes (et environ 200.000 enfants), testés par l'Université de Médecine de Fukushima vivant à proximité des réacteurs souffrent aujourd'hui d'anomalies pré-cancéreuses de la thyroïde, principalement de nodules et de kystes. Trente neuf mois après les explosions de la centrale de Fukushima, le taux de cancers de la thyroïde chez les enfants des environs sont montés en flèche, dépassant de quarante fois la normale.
Dans la commune de Takahagi, à cent kilomètres au sud de la centrale de Fukushima, après examens de la thyroïde, 22,8 % des enfants ont été catégorisés A2 avec obligation de suivi médical. La préfecture de Ibaraki, voisine de celle de Fukushima se préoccupe des cancers de la thyroïde chez les enfants. À juste titre, car presque un enfant sur quatre a une anomalie thyroïdienne à Ibaraki.
> Les enfants ne sont pas les seules victimes de Fukushima. L'un des responsables de la centrale, Masao Yoshida est mort à 58 ans d'un cancer de l’œsophage. Masao a héroïquement refusé d'abandonner la centrale de Fukushima au pire moment de la crise, sauvant probablement des millions de vies.
Les ouvriers du site employés par des entrepreneurs indépendants (dont certains dominés par les syndicats du crime), sont souvent laissés sans aucune surveillance médicale malgré l'exposition aux radiations. Sur place, on craint que la situation s'aggrave car les trois cœurs fondus des réacteurs continuent à produire des radiations et que le retrait des barres de combustible des piscines suspendues en l'air reste plein de dangers.
> Dans les pages du site Bloomberg, William Pesek s'indigne : pour lui, il est grand temps de punir Tepco ! Il se demande si en quatre ans, les dirigeants de l'entreprise ont été capables d'apprendre quelque chose, et il s'étonne que le gouvernement japonais ne sévisse pas... Même son de cloche chez Robert Whiting, auteur de “Tokyo Underworld” qui dénonce le fait que Tepco n'a jamais été sanctionné pour avoir construit des réacteurs incapables de résister au séisme et à la vague du tsunami, mais a été autorisé à augmenter ses tarifs pour faire payer le coût du démantèlement aux consommateurs japonais !
> Malgré celà, le gouvernement pro-nucléaire de Shinzo Abe veut rouvrir les quarante huit réacteurs restants du Japon, et incite les familles (cent vingt mille personnes ont quitté la zone) qui ont fui la région de la catastrophe à réoccuper les maisons et les villages irradiés.....
> Je vous recommande la lecture de "Fukushima 4 longues années" par Olivier Cabanel dans AgoraVox. >>> Lien.
> Sources.
Libération. À Fukushima, Tepco à nouveau sous l'eau. >>> Lien.
Le blog de Fukushima. >>> Lien.
Fukushima informations. >>> Lien.
Les veilleurs de Fukushima. >>> Lien.
BloombergView, William Pesek : It's Time for Japan to Punish Tepco. >>> Lien.
Eco Watch : Fukushima’s Children are Dying. >>> Lien.