Comme les journaux télévisés ont décidé unanimement que Fukushima n’intéresse personne, voici un petit digest résumé d’articles parus récemment dans les sites web qui s’intéressent au moins autant au nucléaire qu’au burkini, et autant à la centrale en perdition qu’aux Jeux Olympiques….
En cinq ans beaucoup de travail a été fait à la centrale nucléaire détruite de Fukushima. Une grande partie des décombres a été enlevée et des couches fraîches de peintures ont recouvert les bâtiments, mais le site est encore intensément radioactif, et aucun humain ne peut approcher les bâtiments des réacteurs fondus.
Les radiation des accidents nucléaires ne se dissipent que très lentement, et six ans après la catastrophe nucléaire, les estimations pour la durée du “nettoyage” vont de quarante à cinq cents ans. Il faut savoir que les matières nucléaires, même stockées en sécurité, sont dangereuses pendant cent mille ans.
> Pour Olivier Cabanel, à la centrale de Fukushima, rien n’a changé, et tels les Shadoks, les travailleurs pompent l’eau polluée, remplissent des cuves, alors que la radioactivité continue de s’échapper dans l’air, dans la terre et dans l’océan, sans qu’aucune solution n’ait réellement été trouvée depuis le 11 mars 2011.
Les zonages des territoires contaminés se réduisent au fil des mois qui passent, sans la moindre justification, et l’État japonais prévoit l’ouverture après le printemps 2017 d’une zone, pourtant contaminée de vingt à cinquante milliSiverts/an.
Le gouvernement japonais, devant le problème rencontré pour le stockage des terres contaminées vient d’inventer un nouveau concept : “l’entreposage provisoire temporaire”, et en mars 2016 on ne comptait pas moins de dix millions de sacs, entreposés dans cent vingt huit mille lieux différents ! On en trouve maintenant un peu partout : près des écoles, et jusque dans les jardins particuliers, et si les propriétaires de ces derniers refusent le stockage sur leur sol, les autorités les menacent de ne pas décontaminer leur terre.
Pour résoudre en partie ce problème, l’État à décidé de réutiliser les déchets qui ont moins de huit mille Becquerels/kilog, en les utilisant dans les travaux publics, alors que d’autres seront “vaporisés” dans l’atmosphère grâce à des incinérateurs. Quant aux cendres, affichant plus de cent mille Becquerels/kilog, elles sont “traitées, afin de réduire leur volume, et les rendre recyclables”…..
> Dans un autre article, Richard Wilcox (docteur en études environnementales, enseignant et écrivain habitant Tokyo), souligne que la grande question à Fukushima Dai-ichi concerne l'emplacement du combustible fondu (le corium) dans les réacteurs 1, 2 et 3. Le corium est la matière la plus dangereuse jamais créée par l’homme, une sorte de magma incontrôlable et ingérable. Le corium à Fukushima représente une masse de combustible de plus de deux cents cinquante tonnes (pour comparaison, le corium de l’accident nucléaire de Three Mile Island était de vingt tonnes et celui de Tchernobyl de cinquante à quatre vingts tonnes).
Ce combustible fondu est-il encore à l'intérieur des cuves des réacteurs, ou s’est-il infiltré et est-il en train de pénétrer latéralement et verticalement dans le sol ?
On notera que Tepco (l’EdF japonais) par la voix de son président Naomi Hirose (photo), ne conteste plus avoir caché la fonte du combustible nucléaire dans ses installations, mais les analyses de Tepco, et celles des scientifiques indépendants divergent.
Pour Tepco, qui interprète des images tomographiques du réacteur numéro 2, la plupart du combustible nucléaire à l'intérieur de la centrale n'a pas fondu à travers les cuves sous pression
Mais selon les scientifiques indépendants du site Simply Infos qui analysent les mêmes images : “Il n'y a pas de carburant dans le fond de la cuve du réacteur en quantité significative”, c’est à dire en bon français qu’il n’y a plus de corium dans la cuve et qu’il est descendu dans le sol.
Ainsi, de grandes quantités de corium pourraient atteindre et contaminer l'eau souterraine, et même la couche aquifère qui alimente la ville de Tokyo.
Vous verrez plus loin que Tepco, qui a pour coutume de rassurer d’abord, puis d’annoncer le pire à petites doses successives, emploie à nouveau la méthode… “Minimisez au départ et ajoutez doucement l’information pour que personne ne la remarque. Tout faire pour empêcher le troupeau de s’échapper. C’est leur stratégie.” lit-on dans Fukushima-diary. (On pourrait en dire autant d’EdF et du lobby nucléaire français, empêtrés dans les surcoûts et les malfaçons des centrales en construction en France, en Finlande, en Angleterre, et dans l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure.…)
L’autre grande question concerne le plan de démantèlement de la centrale, écrit Wilcox. Depuis longtemps Tepco répète qu’elle va récupérer le combustible fondu et effectuer un démantèlement complet dans les quarante ans. Mais en réalité, la technologie pour récupérer les coriums n’est pas encore inventée ! Et, non seulement il est impossible pour les humains d’approcher de la zone, mais même les robots sont détruits par les radiations qui court-circuitent leurs composants.
> Enfin, et comme de nombreux commentateurs l’annonçaient au lendemain de la catastrophe, sachez que le 28 juillet 2016, Tepco a demandé au gouvernement japonais une aide financière pour le démantèlement de la centrale. Une demande de participation financière aux indemnisations et à la décontamination est également à l’étude. Ce plan prévoit un trilliard (1 000 000 000 000) de yens pour le démantèlement de la centrale de Fukushima et un autre ensuite. Deux trilliards de yens qui seront payés par les contribuables japonais (1 euro = 113 yens).
Les prochaines nouvelles de Fukushima et du Japon ne seront probablement pas toutes roses…
> Sources.
Olivier Cabanel, “Un été d’urgence” AgoraVox. >>> Lien.
AgoraVox. La mystérieuse affaire des coriums disparus de Fukushima. D’après un article de Richard Wilcox. >>> Lien.
Lire aussi Hillion Fukushima. >>> Lien.
Wikipedia. Accident nucléaire de Fukushima. >>> Lien.